Je m'y met, ma critique du film !
Tout d'abord, je dois payer mes respects à Infinity War. Je ne l'avais pas critiqué à sa sortie (oubli, flemme). Pourtant je l'ai trouvé fantastique. Une histoire forte, maîtrisée, où pour la première fois, je voyais des héros et héroïnes échouer.
J'avais pris connaissance de la trame du comics, je savais que Thanos claquait ses doigts ; mais jamais je n'aurai imaginé qu'il le fasse dans le film, et que les réals et scénaristes allaient le laisser gagner.
Sans conteste, Thanos gagne, mais c'est aussi l'échec des Héros, la conséquence de leur séparation après Civil War (dont le sous-titre "Divided we fall" prend tout son sens). Et voir tout ça se dérouler et se terminer de la manière la plus dure, inévitable qui soit était un moment particulièrement émouvant.
Toute l'action est géniale : Marvel Studios et les Russos savent jouer avec des Super Héros, mieux que quiconque. Civil War avait mit la barre très haut avec des combinaisons réussies et excitantes, avec un aspect viscéral sur les coups portés. Avec Thanos, (une grande réalisation CGI, et chapeau à Josh Brolin), ils maintiennent le cap. Le ton est donné dès le début avec un corps à corps particulièrement esthétique et maîtrisé entre lui et le Hulk, jusqu'au combat sur Titan et évidemment, la scène où il balance une lune sur les Héros. Franchement, on en a fait du chemin, entre les nuages de l'espace et les rayons bleus dans le ciel ! Toute la grandeur des artistes comics est assumée par ce geste, sorti de nulle part mais qui donne le ton de cet univers en expansion constante.
Quelques points noirs, principalement la mise en scène de l'assaut sur le Wakanda, qui manque étrangement de talent (je ne conteste pas l'existence d'un assaut sur le Wakanda, il a même un intérêt certain) , et la tenue nano de Stark : son suit up au début est particulièrement classe... jusqu'à ce que son casque se referme sur sa tête. C'était pas brillant haha (du coup dans Endgame, il récupère un casque à fermeture mécanique

).
Mais Thanos ! Quel personnage, et quelle intelligence de faire le film autour de lui. Une force inévitable, notamment à son arrivée au Wakanda. C'est d'une certaine manière l'illustration très littérale des événements passés avant dans le film. Inéluctable, il récupère toutes les pierres, claque ses doigts, nos Héros disparaissent, on est choqués, étonnés, tristes. On ressent le vide, le rien, la défaite totale. Et Thanos se repose, apaisé, en vainqueur.
C'était un tour de force, et la marque d'une grande audace. Après coup, chacun peut dire qu'il le voyait venir, mais je ne pense pas qu'à la fin d'Avengers 1, Feige et Marvel Studios avaient ce film en tête. En tout cas, je les remercie d'avoir prit cette route

.
Tout naturellement, Endgame vient reprendre ce qui avait été donné à Thanos... Enfin, pas vraiment.
Ce film est finalement plus conventionnel qu'IW, en clair : nos Héros vont gagner. Mais plus que ça,
ils vont clore leurs arcs scénaristiques. Défaire le snap, oui, de toute évidence. Et ils y arrivent.
Une partie (voire tout) de moi espérait un déroulé différent, moins facile
qu'un retour dans le temps. Alors je saurai pas dire comment, mais je l'espérais... Sauf que dès
le braquage temporel et jusqu'à la bataille finale, je me suis mit à espérer que leur plan (au final très basique, à peine plus passionnant qu'un très bon épisode de
Code Quantum) réussisse. Même au plus "cheesy", j'étais à fond derrière elles et eux ! La
A-Force, cheesy et poseuses, bah, j'étais avec elles... Thanos m'apparaissait plus distant, comme s'il était quelqu'un d'autre.
Thanos, on ne le voit que très peu : sanctionné au début du film, d'une telle manière qu'il ne verra jamais son snap être défait. Ce Thanos a complété son arc et réussi son but. C'est assez osé quand même. Il ne lui restait de tout façons plus rien à accomplir : il a récupéré toutes les pierres, claqué des doigts et décimé 50% du vivant,
détruit les pierres... Ce Thanos a gagné.
Et donc, d'une certaine manière, le film n'a même plus besoin d'un antagoniste. En tout cas, il n'a plus la place pour
CE Thanos. C'est donc un Thanos
plus jeune de 6 ans, sans aucune pierre qui apprend furtivement le plans des Héros et va venir le troubler de la manière la plus grandiose qui soit. C'est un guerrier, un warrior :
il ne quitte plus son armure, casque compris ; accompagné de son armée et de son vaisseau. Il est aussi et surtout plus froid, plus cruel.
Un moment m'a marqué, c'est lorsque
la Nébula du passé dévoile à son insu la mémoire de la Nébula du futur, son père se tient alors debout face à elle et fait glisser la lame de sa double épée sous son menton... Il avait montré le même mépris pour elle dans IW, lorsqu'elle apparaissant découpée et torturée. Mais là, je l'ai trouvé encore plus menaçant, et si c'était possible, détestable. Ce Thanos est monodimensionnel, et son but est cette fois de détruire tout le vivant, pour recommencer à zéro. Mais il oppose un combat exceptionnel contre les Héros. Un niveau de puissance inquantifiable, inexpliqué, qui peut faire grincer des dents les puristes. Mais quelle force ! Quelle menace il représente !
Le combat final est purement fou : étouffant lorsque
Thanos pilonne la base des Avengers une première fois, apocalyptique jusqu'à l'ouverture des portails, étouffant lors du second bombardement, chancelant lorsque Thanos se bat pour le gant avec Tony, émouvant après son snap. Une lutte dantesque, historique, viscérale. Je vais pas la détailler, mais bien entendu, voir Cap porter et manier Mjolnir (mon Dieu sa maîtrise du marteau et de son bouclier, kudos pour les chorégraphes) puis l'entendre prononcer "Avengers ! ... Assemble. ). Deux fois que j'ai vu la scène au cinéma, j'avais des spaghettis à la place des jambes... Du grand cinéma.
Passé la déception toute personnelle (comme un enfant qui n'aurait pas sa glace) de perdre Thanos, ce film révèle toute sa force, tout son amour aussi pour le public : la fermeture des arcs, du moins, leur complétion. Plus que Thanos donc, qui devient presque un Mc Guffin, les Héros récupèrent la lumière, et chacun arrive au terme de son voyage : chacun évolue d'une manière où ils font la paix avec eux même, leurs ambitions, leurs devoirs, et leurs envies les plus personnelles.
C'est selon moi le thème du film, avec l'idée du sacrifice (rappelez vous, aucun sacrifice n'était toléré dans IW ; dans Endgame,
deux Héros se sacrifient...). Et le film se termine sur une certaine satisfaction, un certain apaisement :
Tony et Natasha se sont sacrifiés, mais c'était la forme que devait prendre leur héroïsme. Tony ne peut pas se contenter de balancer des armures aux quatre coins du globe, il doit se mettre en avant : Natasha doit faire la paix avec elle même, trouver du sens à sa vie, à sa personne, à ses choix.
Les principaux 6 ont donc tous accompli leur arc. Et le spectateur, nous, sait que c'est bel et bien fini, pour le mieux.
Thor est à ce titre très touchant, chronique d'un héros et d'un roi raté.
Dépressif, désespéré d'être important et unique après avoir manqué Thanos. Ses retrouvailles avec sa mère sont un moment très important pour lui. Je pourrai en dire encore, mais j'ai été convaincu.
Pour Hulk, le sentiment est plus mitigé : je sent les Russos et les scénaristes plus tangents sur la question. Hulk aurait pu représenté autrement, d'une façon plus marquante peut-être. Sa transformation bien que compréhensible, sensée, logique d'une certaine manière, apparaît aussi comme en retrait. Tout le personnage se réduit en fait à des gestes qu'il subit, il ne dicte aucun moment.... Je suis convaincu par le personnage du Smart Hulk, dommage
qu'il soit si passif. Mais bon, le film fait déjà trois heures, et puis Hulk/Ruffalo n'a pas eu son/ses films.
Hawkeye retrouve ses lettres de noblesses : utile, intelligent, fort, touchant. Heureux
qu'il retrouve sa famille 
. Et
Steve Rogers ne pouvait pas avoir une autre fin : il l'a mérité son happy ending 
.
Pour le reste, c'est assez classique : très peu d'action au final, par ci-par par-là, c'est très drôle de revoir des scènes sous un angle différent, certains dialogues sont touchants... Bon c'est du
voyage temporel, ça s'écrit limite tout seul...
Alors maintenant le débat porte sur les incohérences,
un rat par ci, les
codes quantiques contredits par là ; voici qu'il y'aurait des désaccords entre les scénaristes et les réalisateurs...Je pense que
le rat, les voyages temporels, les raccourcis, les ellipses ; tout ça, c'est autant d'outil pour raconter des histoires et surtout terminer des histoires. On va débattre encore longtemps, mais ce qui importe pour moi, c'est que les thèmes (plus que le scénario dans sa cohérence sur ses détails) soient tenus et bouclés. Et à ce titre, le film est une réussite : il clôt 10 ans d'histoires, de développement des personnages d'une manière pleine de sens, de sensibilité et de respect pour le travail accompli.
Une réussite, un film qui m'a marqué, et je remercie les personnes impliquées dans la réalisation et la matérialisation de cet univers au ciné. 10 ans à les suivre, 10 ans à m'intéresser aux intrigues et me prendre d'intérêt pour les personnages. Plus que les FX, plus que les promesses de scènes d'action folles, c'est la caractérisation des personnages qui m'a passionnée, et qui, je pense a fait le succès incontestable de cet univers.
Je ne sais pas où je classerai Endgame parmi les 22 films du MCU, peu importe, ce qui compte, c'est le voyage !