Vu... je suis partagé. J'ai bien aimé, notamment parce qu'il est bien mieux construit que le deuxième, mais j'ai trouvé également qu'il laissait un moins grand impact, il est beaucoup plus plat, le rythme est mou...
En point positif, constant depuis le premier, il a de chouettes visuels, Yates est vraiment plus à l'aise qu'à l'époque des Harry Potter. J'ai trouvé qu'il y avait ici moins d'idées visuelles que dans le 2, mais il reste beaucoup de très très beaux plans, et, chose très consistante aussi à travers les trois films, les effets visuels sont irréprochables... ça m'a fait sourire que Yates reprenne pas mal des gimmicks de Cuaron dans le Prisonnier d'Askaban (une caméra assez aérienne qui passe à travers les vitres, notamment. Et le mieux c’est que cette reprise n’est pas totalement gratuite, chez Cuaron c’était un effet de mise en scène qui servait un propos, et on a ici aussi une très forte présence à la fois physique et thématique des miroirs, mais j'en toucherai deux mots plus loin).
Cependant, je dirais que là où les deux premiers parvenaient à faire réellement vivre le lieu dans lequel ils se déroulait (surtout le premier où le monde magique des US avait totalement son identité propre, en terme de lieux, de designs, de vocabulaire, dans le second un peu moins déjà mais le monde magique de Paris bénéficiait quand même de quelques chouettes lieux dont on explorait pas mal de recoins), ici ce n’est plus tellement le cas… on passe une partie du film à Berlin, mais pas assez pour saisir les caractéristiques du monde magique, et le climax du film a lieu dans
un temple antique au Bhoutan, ce qui est super cool, déjà le design est très sympa, et ça serait l’occasion d’explorer un peu un lore ancien, rien que par le visuel (comme parvenait à le faire The Last Jedi pour Ahch To par exemple), mais au final non pas tant que ça, ce lieu n’est jamais incarné, ça reste un décors. Un très joli décor, mais qui ne me raconte que peu d’Histoire quand je le regarde…
Le casting est globalement très convaincant. Mads est très charismatique (mais moins intense dans son jeu que Depp, peut-être ? Depp était très exubérant, Mads est plus dans la retenue, il joue plus sur son charisme naturel et un côté très froid et calme), Jude Law quel bonheur, j’adore son Dumbledore, il a pas mal de répliques qui sont à 100% dans l’esprit du personnage, et il a un développement de personnage intéressant (mais qui aurait pu être bien plus fort, j’y reviendrai plus tard), Newt est toujours aussi génial, ça fait toujours autant de bien de suivre un héros aussi attachant (et éloigné des carcans habituels), et c’est très chouette de développer sa relation avec son frère (même si je trouve dommage l’absence quasi-totale de Tina), on a d’ailleurs ici un premier jeu de miroirs avec les deux relations fraternelles Newt/Theseus et Albus/Abelforth. Jacob aussi quel plaisir de le retrouver, il est parfait comme toujours ! Concernant Queenie, que j’avais adoré dans le premier, elle retrouve ici un rôle mieux écrit que dans le second, elle parvient à faire un peu oublier la catastrophe de son évolution si mal écrite dans les Crimes de Grindelwald. Par contre déception du côté de Croyance qui est vraiment inutile dans ce nouveau film, (et c’est d’autant plus dommage que dans le premier,
Newt était absolument prêt à tout pour sauver Credance parce qu'il avait été témoin de la mort d'une jeune obscurial, et là on a enfin la rédemption de Credance et Newt n’y participe pas) ...
Autrement on a Yusuf qui est toujours aussi transparent, je ne suis pas sûr qu’il ait plus de 3 répliques et il y a aucun suspens de son côté de l’intrigue… Au rang des nouveaux personnages j’ai beaucoup aimé la professeure Hicks, notamment que sa magie qui se repose sur des livres et des feuilles de papier permette de la caractériser de manière très fun et visuelle !
La musique est à l'image du film, jolie mais très molle. Elle méritera une écoute à part quand même mais au court du film pas grand-chose ne m’a réellement marqué (la seule musique très orientée action, pendant la scène des scorpions, a une teinte très John Williams au niveau de l'orchestration). Mais j’ai bien peur qu’elle soit loin de me rester en tête, là où j’écoute encore régulièrement les bandes-originales des deux premiers films tant j’y trouvais James Newton Howard inspiré.
Deux scènes sortent réellement du lot pour moi, celle des crabes-scorpion, et le duel dans
la dimension miroir entre Dumbledore et Grindelwald qui m'a collé des frissons (bien aimé aussi le duel contre
Croyance, mais on est d'accord cette dimension miroir est totalement pompée sur Doctor Strange ?
je pense que c'est censé référencer la
scène de King's Cross dans le 7, mais ça introduit carrément un tout nouveau type de magie à l'univers en fait)
En termes d’écriture, étant donné le nombre de personnages que l’on suit on n’a pas la fluidité et la légèreté du premier (qui introduisait pourtant beaucoup de choses d’entrée de jeu, mais il parvenait à le faire de manière simple, ultra efficace, en reliant ensemble les éléments qu’il fallait quand il le fallait), mais on a une intrigue bien construite, qui suit une progression logique (et encore, on a quand même une grosse facilité à base de «
notre plan est volontairement chaotique » comme si les scénaristes cherchaient à se dédouaner d’éventuelles situations tirées par les cheveux, alors que ça aurait pu être facilement évité), ce qui n’était pas le cas du deuxième film (qui se perdait complètement entre ses trop nombreux personnages, ses multiples intrigues qui s’entremêlaient mal, ses twists en forme de tunnels de dialogues interminables qui concernaient en plus des persos très secondaires aux intrigues a priori principales… et je dis tout ça alors que je l’avais apprécié, mais niveau narration c’était assez épouvantable). Il reste quand même les trois ou quatre premières scènes qui ne servent qu’à résumer verbalement les précédents... mouais c'était un peu lourd.
Et il y a les Qillin dont je vais toucher un mot… je trouve que
lier l’élection que veut remporter Grindelwald à une créature magique est une manière plutôt maligne de lier Newt à l’intrigue Dumbledore/Grindelwald, ça semblait bien plus forcé dans le second, et de remettre les Animaux Fantastiques du titre au centre du film. Cependant, on avait donc une Créature qui avait un pouvoir lui donnant une fonction claire dans le récit (
il voit les cœurs purs et donc peut désigner un leader du monde magique), ce qui était amplement suffisant pour servir de McGuffin aux deux camps… je ne vois donc pas pourquoi lui rajouter en plus ce pouvoir de
permettre aux gens de voir l’avenir, qui sort un peu de nulle part, et dont le film aurait totalement pu se passer (en supprimant au passage cet aspect facilité d’écriture de
"notre plan n’a volontairement aucun sens". Par exemple vouloir créer des leurres pour la valise de Newt était totalement logique même sans cet élément)
En parlant des
valises, le film essaye de faire monter tout une fin en mode twist... sauf qu'il y a aucune révélation, rien de réellement imprévu, donc ça marche pas des masses, en fait. C’est absolument pas une surprise que
l’assistante de Newt débarque avec la valise, on l’a vue dans la salle sur demande, on sait compter, c’était elle la seule qui restait… en plus elle a demandé à fabriquer 6 valises, au final en enlevant la vraie le groupe n’en utilise que 4… alors qu’il y avait moyen d’avoir un twist, pas des plus surprenants mais qui aurait bien fonctionné et fait plaisir :
Tina débarquait avec la vraie valise. Comme elle était centrale aux deux premiers et que le film a rappelé plusieurs fois sa présence (via photo et dialogues), ça fonctionnait. C'est cette absence de twist alors que tout semble construit en mode grosse révélation qui fait aussi que cette fin est moins marquante et impactante que celle des Crimes de Grindelwald, selon moi. Ca et le fait que personne ne réagit au moment où
Newt débarque pour faire annuler l’élection de Grindelwald (là on retrouve peut-être le Yates trop statique de ses premiers HP, mais il faut dire que le script semble lui-même bien mou à ce moment)
Et donc pour revenir sur un élément qui me semble assez hors de propos et quelques occasions manquées que le film semble pourtant préparer… le
Qillin n’aurait jamais dû s’agenouiller devant Dumbledore. Ce n’est pas une mauvaise personne, loin de là, mais on ne peut clairement pas dire qu’il a le cœur pur, ni dans sa jeunesse quand il rêvait de prendre le pouvoir avec Grindelwald, ni plus tard dans les HP. Newt me semblait un meilleur candidat, ou même, encore plus intéressant et préparé à deux reprises (par une phrase de Dumbledore et par une scène qu’il partage avec le Qillin) : Jacob ! Ca aurait en plus mis Grindelwald face au fait qu’un Moldus puisse avoir un cœur pur (et autre occasion manquée, que Grindelwald utilise la tentative d’assassinat d’un moldus à son encontre pour servir son discours anti moldus, ce qui aurait donné un poids, des conséquences aux actions de Jacob).
On a les miroirs et les reflets qui sont assez centraux dans le film, c’est un miroir qui permet à Abelforth et son fils de communiquer, et il y a toute cette dimension miroir pompée sur Dr Strange qui est introduite. Mais c’est intéressant, parce que le fait que Dumbledore affronte un obscurial permet de créer un effet miroir avec le fait qu'il doit se confronter à sa culpabilité face à la perte de sa soeur qui était aussi un obscurial. Et je pense que c'est pour ça du coup que le Qillin s'agenouille devant lui à la fin, pour montrer qu'il a complété son arc de rédemption… mais ça aurait été encore plus fort au niveau de l'histoire que le pacte de sang n'existe pas, que la seule raison qui fasse que Dumbledore n'attaque pas Grindelwald est qu'il l'aime encore, et que sa rédemption s'illustre par le fait qu'à la fin il ose enfin l'attaquer directement plutôt que le Qillin qui s'agenouille. D’ailleurs dans les occasions manquées on a aussi ce fameux pacte de sang, qui est censé être une magie ultra puissante et qui est brisée de manière totalement fumeuse (complètement en mode ta gueule c’est magique, il y avait aucune raison qu’il se brise comme ça), alors qu’on aurait lier ça à Credance, qui en trahissant Grindelwald, aurait pu utiliser sa magie qui a été exposée comme surpuissante pour briser le pacte et permettre à Dumbledore d’attaquer Grindelwald (voire même, libérer toute la puissance de son obscurial ce faisant et en mourir, ce qui aurait alimenter le ressentiment d’Abelforth envers Albus comme présenté dans les bouquins)Bref j'ai passé un bon moment, ça nettoie un peu le bordel laissé à la fin du précédent donc les bases sont solides pour une conclusion qui a le potentiel de tout déchirer, mais tous les ingrédients ne sont pas encore au diapason...