Johnny B. a écrit:J'ai vu le film et comme je n'en attendais rien, je ne suis pas déçu... mais pas impressionné non plus. En gros, ça me fait comme pour le seigneur des anneaux, y'a de bons moments, parfois de grands moments, mais je me fais quand même salement ch... pendant de longues minutes (voire dizaines de minutes).
Tout ceci n'est bien entendu qu'un avis personnel,ni une généralité, ni un dogme et je ne cherche à convaincre personne:
J'ai lu les bouquins et je crois tenir là l'un des problèmes que j'ai ressenti: Bilbo existe avant la trilogie et recoller ça dans l'autre sens au ciné, ça marche moins bien pour moi parce que Bilbo est une sorte de brouillon de la trilogie pour Tolkien. Il a écrit Bilbo puis a développé l'univers, les persos et a écrit la trilogie en reprenant certains aspects, comme le font souvent les écrivains (une nouvelle donne un roman) même si l'aventure n'est pas la même, le canevas de narration est identique: la comté, le recrutement du hobbit par Gandalf, création d'une compagnie, aventure, tunnels sous la montagne, Gollum, grand méchant final et sauvetage du monde, la seule différence majeure étant un peu incohérente: dans Bilbo livre comme film, l'anneau n'est pas maléfique pour Bilbo (alors qu'il a fait son oeuvre sur Smeagol/Gollum et que Frodo ne peut le garder bien longtemps (cela alimente un peu ma théorie du brouillon amélioré par la suite)). Autant en livre ça passe car Bilbo est très court et on se dit en le lisant d'abord puis en lisant la trilogie qu'il a amélioré son concept de base, son univers (qui est d'une richesse folle) etc, autant dans l'autre sens, ça fonctionne moins bien. Par exemple, même si la Communauté ne m'a pas scotché, j'ai trouvé que c'était le meilleur de la trilogie car tout y était inventé (décors, costumes, bestiaire) et qu'on définissait un univers entier. Là, rien de neuf à part Smaug qui sans être vu est ma séquence préférée (pas la fin mais le résumé de début avec Dale et les nains) et même si c'est logique que rien ne soit nouveau, il manque cet attrait-là, ce côté "mais qu'est-ce qu'on va découvrir?" au film (à une séquence près) et de la magie en moins. Et c'est une des raisons pour lesquelles je ne m'étais pas ennuyé dans le livre et que c'était le cas en regardant une grande partie du film (j'ai un peu somnolé je dois avouer, mais bon c'était le matin, la salle était chauffée, tout ça).
Une autre erreur pour moi, c'est le côté marchandise que j'ai ressenti pour le projet et qui rejaillit sur le film: on cherche un truc à faire car le Seigneur a fait beaucoup de profits... "tiens mais on n'a pas exploité Bilbo?", on le fait et puis, hop, on en fait trois films parce qu'on est obsédés par l'idée de trilogie, que ça fait classe et que ça fait trois sorties à noël, ce qui n'a pas de sens et on étire certaines scènes (le début, les elfes) ce qui rend le film beaucoup moins intéressant car son rythme est affreusement réparti, notamment avec l'apparition du récit de Radagast qui plombe pas mal, car après ces scènes-là, lorsqu'il arrive une scène d'action, si c'est un combat, il en filme une bonne partie en caméra à l'épaule et on ne voit ni ne comprend rien, ce qui est exaspérant et décrochant car on a l'a tellement attendue.
Autre problème; vouloir absolument se raccrocher à la trilogie en faisant ce début navrant avec Bilbo et Frodo où on arrive à une aberration où Bilbo écrit un journal à destination de Frodo (il ne veut pas lui montrer et lui offrira bien plus tard pour tout lui raconter) et où Jackson lui fait citer les exactes premières phrases du livre "Dans un trou vivait un hobbit, ce n'était pas un trou déplaisant et sale etc.." (ce qui aurait pu être un bel hommage) où il décrit ce qu'est un trou de hobbit... à Frodo, qui habite avec lui! Dans le trou en question! Et que l'on voit à l'écran dans ce trou précis à ce moment précis! Non seulement, ça pète le rythme complètement car on perd un temps fou avec ce passage (celui que je déteste véritablement dans ce film, avec en plus une musique trop présente à ce moment-là pour souligner chaque chose) qui sent vraiment le service après-vente.
Enfin, le dernier souci, mais celui-là je le partage avec beaucoup d'autres concerne le choix du "total image de synthèse" et des divers rendus hasardeux qui passent de l'excellent(les décors, les mines, Gollum et la vision de l'intérieur de l'anneau, les géants de pierre) au très faible (Bilbo dans la main du troll, les aigles, le passage avec le nécromancien (tellement raté que c'en est désolant)).
.) en passant par le très moyen (Azog qui a l'air sorti de God of war et le grand gobelin (ni crédible ni menaçant)qui fait très Menace Fantôme (le peuple de jar-jar sous l'eau)) et une chose que je n'ai pas vue relevée mais, pour moi, le pire ce sont les plans larges de bataille ou de course lorsque Jackson veut montrer qu'il a la possibilité de faire des vues d'ensemble des personnages en action et qui ont vraiment l'air de dessin animés sans aucun rapport avec leur incarnation par des acteurs comme par exemple lors de la chute du pont chez les gobelins ou quelques autres courses (chose qui m'a rappelé le douloureux souvenir de la fuite de la moria dans la communauté).
Heureusement le film ne tient pas qu'en ça et il compte beaucoup d'aspects positifs comme ses acteurs, Freeman en tête qui sont excellents (pas une surprise pour Freeman), avec comme tout le monde l'a remarqué une très grosse perf d'Armitage héroïsé en Thorin, et Gandalf est toujours Gandalf.
Pour les autres acteurs, malheureusement à part Fili et Kili et deux ou trois autres nains, le reste on ne les voit pas ou alors ils sont cachés par les effets spéciaux comme les ennemis inhumains, notamment.
Je ne suis pas contre l'adaptation d'ajouter Azog comme ennemi, cela donne un corps et un visage à la menace gobeline qui n'en a pas vraiment dans le livre (on parle du fils d'Azog, il me semble mais il se fait tuer assez vite je crois), dommage qu'il ne soit pas charismatique et moins, je ne sais pas, lisse dans son design ou peut-être tout simplement incarné (maquillage, latex, armure et hop).
Encore une fois, j'ai adoré la présentation-résumé au début, les géants de pierre et j'ai trouvé bonne la progression du courage et de l'importance de Bilbo face aux nains (mais pas l'humour nain par contre).
Ensuite, il y a quelques bonnes séquences très bien storyboardées comme le passage d'arbre en arbre, (même si les swargs étaient eux aussi pas très réussis et que le plan large de la compagnie récupérée par les aigles en vol est à chaque fois une cata (notamment la chute de Gandalf qui a l'air en caoutchouc façon Spider-man (pour Spider-man c'est cool il est censé être ainsi, pour Gandalf par contre...)), les scènes sous la montagne sont vraiment bonnes (même si le face à face à énigmes de Bilbo avec Gollum manque un peu de pêche et de tension par rapport au bouquin où on est pris dans le jeu, là, on ressent moins l'urgence car on n'a pas le processus de pensée des deux) et le petit conseil après l'échappée de chez les gobelins ets cool.
La fin est très sympa également avec de jolis décors, une porte super classe, et une belle envolée vers Smaug mais là encore à vouloir en faire trop on gâche un peu le truc, pour mon goût perso, trop d'or représenté ainsi, ben on ne voit plus l'or, ça fait juste un tas, et l'oeil de Smaug qui apparaît, c'est un peu trop Jurassic park, quand même.
Dans l'ensemble, je dirais donc que les interprètes sauvent le film, que je me demande vraiment si les effets tiendront sur la durée, mais bon, ça ne me dérangera pas car je ne le reverrai pas de sitôt pour les défauts que j'ai énuméré, pas que je déteste mais c'est juste que ça ne m'a pas emballé et comme ça tape 2h30, j'en reverrai sans doute des passages quand ça passera à la tv ou dans dix piges quand j'aurai oublié mais pas plus. Je résumerai tout par "bof" si on me demandait un avis rapide ou par "tout ça pour ça?".
Dernière remarque un peu dans le chipotage amusant celle-ci: dans le bouquin, un chapitre s'appelle "de Charybde en Scylla", c'est un titre de chapitre donc ça vient de l'auteur et l'expression est citée ensuite comme une note de l'auteur qui explique au lecteur(en gros Tolkien s'adresse à nous comme il le fait régulièrement), ce sont les références de l'auteur donc des références de notre réalité, mais quand dans le film ils utilisent cette expression (Gandalf et Thorin je crois) je me suis demandé comment les personnages du film connaissaient la mythologie grecque.