@Yehuda : évidemment que c’est toujours mieux si le personnage te ressemble vraiment, maintenant, je me suis parfaitement identifié à Black Panther dans son film éponyme alors que je ne suis pas afro-américain et les gens qui voient uniquement par ce prisme n’ont surtout rien compris à l’art et au cinéma à mon sens (ceux qui ne se sentent visés que par des personnages qui leurs ressemblent). En plus, il y a une hypocrisie des afro-américains autour de Black Panther que je trouve complètement méprisable mais c’est un tout autre débat….
Pour moi, c’est juste un plus que quelqu’un de ta communauté soit représenté mais ce n’est pas non plus une gratification absolue et encore moins un diktat moral à imposer, surtout que ça peut rapidement partir sur des dérives puisqu’il faudrait visiblement faire des quotas pour que tout le monde se sente représenté en fin de compte ( « pourquoi un aveugle aurait droit à plus de films qu’un sourd ? » « et pourquoi l’aveugle qui a eu le droit à son film était blanc ? » « pourquoi le sourd qui a eu le droit à son film est noir ? » … etc).
En plus, je vais parler à titre communautaire parce que je suis d’origine maghrébine et je connais quand même bien le système de pensée de mes compatriotes en France, les maghrébins ont justement horreur quand des producteurs blancs font preuve d’inclusivité pour des rôles au cinéma parce qu’ils leur proposent généralement des rôles de personnes blanches qui vont souvent à l’encontre des mœurs maghrébins (comme un maghrébin homosexuel ou une maghrébine dévergondée), il suffit de voir la vague de haine envers la dernière série de Nawell Madani qui s’est fait démolir sur Twitter par tous les maghrébins de France pour l’image qu’elle renvoyait de la communauté maghrébine (même si, pour le coup, c’est une maghrébine à la tête de la série, encore que c’est une maghrébine de classe aisée qui ne côtoie probablement que des producteurs blancs).
Enfin, tout ça pour dire que même l’inclusivité n’a parfois aucun intérêt et ne plait même pas forcément aux communautés concernées parce que ce sont finalement des rôles de personnes blanches qu’on a camouflé avec une personne racisée dans le cas de l’inclusivité ou des rôles de personnes racisées écrits par un producteur blanc qui ne fait pas partie de la communauté en question, ce qui est finalement complètement inutile en terme de représentation (quitte à écrire un rôle de jeune maghrébin, je préfère que ce soit écrit par un jeune maghrébin qu’un blanc de 50 ans).
Après, je suis moins d’accord avec la suite de ton paragraphe, c’est tout bêtement du cinéma occidental qui a été pensé par des blancs pour des blancs (je vais m’expliquer, faut pas bêtement prendre ma phrase comme elle est écrite) dans le sens où ça répond à des codes, clichés occidentaux où il faut mettre en avant des personnages blancs parce que c’est la norme occidentale, comme le cinéma russe ou congolais va mettre en avant des russes ou congolais avec ses propres codes (en plus du contexte sociétal de l’époque que tu omets peut-être involontairement, c’était difficilement possible qu’un acteur noir puisse jouer un rôle de premier plan dans un western de Sergio Leone à l’époque). Alors, effectivement, il y a du communautarisme et ça tranche peut-être plus en tant que occidentaux parce que nous avons des sociétés multiculturelles et qu’on nous a bassiné au vivre ensemble toute notre vie mais le communautarisme reste une donnée intrinsèquement humaine, il suffit de reprendre mon exemple sur les maghrébins ou les asiatiques qui développeraient un empire cinématographique mondial, je peux t’assurer qu’ils s’en ficheront complètement de l’inclusivité et du wokisme (je serais quand même curieux qu’on demande des rôles LGBTQ+ à des producteurs africains
).
En plus, ce que tu dis me permet de justement souligner les efforts qui sont déjà fournis par le cinéma occidental puisqu’il est finalement le seul cinéma qui fait autant d’efforts d’inclusion pour des minorités, ce qui démontre qu’il reste quand même en évolution avec la société (contrairement aux autres cinémas qui n’en ont rien à foutre, d’où mon problème sur le fait qu’on tape sur le cinéma occidental pour ça et même la communauté blanche de manière générale)..
Enfin, tout ça pour conclure par le fait que ce sont de toute façon des problèmes de classes sociales, je le répète mais les vraies personnes racisées du quotidien que je suis et que je côtoie toute ma vie s’en fichent complètement parce qu’elles sont plus occupées à vivre décemment et que les seules personnes qui en bénéficient sont les personnes racisées qui n’ont pas ces problèmes du quotidien (parce que t’as toujours un petit maghrébin qui habite dans Le Marais qui va user de victimisation avec ses origines éloignées pour gratter des rôles) ou les producteurs blancs qui jouent sur le communautarisme pour se faire de l’argent.