Je voulais vous parler de
Réalité, le dernier film de Quentin Dupieux (aka Mr Oizo), mais pour bien comprendre ma critique, il faut parler de ce qu'il a fait avant.
Nonfilm : Ce moyen métrage nous montre les coulisse de la réalisation d'un film dont l'acteur principal (joué par Kavinsky) ne sais même pas qu'il joue dedans. Il se réveille dans une voiture, il en sort et bizarrement une caméra le suit. Ce film est très absurde et on se retrouve avec une équipe de tournage tronquée, un acteur (Sebastien Tellier) qui s'improvise réalisateur alors qu'il n'a même plus de caméra pour filmer. Ce film présente l'origine du principe de "No reason", qui sera entretenu par Dupieux dans la suite de ses films. Vous pouvez aller le voir (et je vous encourage à le faire) gratuitement sur le compte Vimeo officiel de QD :
https://vimeo.com/32146368.
Steak : On retrouve Kavinsky et Sebastien Tellier (avec SebAstian aussi) dans un film marketté comme "La nouvelle comédie d'Eric & Ramzy". Malheureusement, même si le duo fonctionne bien, l'univers de Quentin Dupieux ne sera pas compris par le grand public et le film fera un beau bide au box-office, mais il reste pas moins culte pour les afficionados. A travers une histoire
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(comme à l'accoutumée), le film emmené par le duo comique est vraiment sympa et on en gardera quand même un bon souvenir. Et faut croire que le courant est bien passé entre Eric Judor et QD, puisqu'il lui demandera de participer à deux autres films,
Wrong et
Wrong Cops.
Rubber : Film complètement
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qui raconte l'histoire d'un pneu serial killer qui sévit dans les déserts américains. La séquence d'intro nous fait comprendre que le "no reason" est là dans toute sa splendeur, et qu'il ne faudra pas s'attendre à avoir d'explications sur le pourquoi du comment. Pour vous dire, le "film" (l'histoire du pneu) est observé par une bande de touriste armés de jumelles (encore une mise en abîme).
On aura des caméos de Pedro Winter (aka Busy P) et Gaspard Augier (1/2 Justice).
Wrong : Le film commence avec un réveil qui passe de 07:59 à 07:60. Pas de doute, on est chez Dupieux! De la pluie à l'intérieur des bureaux du héros alors qu'il fait grand beau dehors (le plus étonnant, c'est que ça gène personne!). Petit rôle pour Eric Judor en jardinier. L'histoire : le héros a perdu son chien et part à sa recherche, il fera ensuite la rencontre d'un maître spirituel qui prétend pouvoir communiquer par télépathie avec les animaux de compagnie. Du grand n'importe quoi, pour le plaisir du spectateur. Film de QD le plus abouti, avec
Réalité dont je vous parle plus bas. On voit la poésie qui transpire du personnage principal, et on a une fin digne de ce nom.
Wrong Cops : Un flic qui vend de la weed en utilisant des rats morts pour la transporter? Un débat avec un Marylin Manson grimé en ado persécuté par le même flic au sujet de ses goûts musicaux? Un Eric Judor, policier au visage déformé (et avec un cache-oeil) avec des aspirations de musiciens qui se retrouve à faire écouter sa musique à un mec presque mort? Vous regardez bien un film de Quentin Dupieux.
Le soucis : c'est un peu gratuit. Alors oui c'est rigolo et malsain, mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Etant fan j'ai quand même pris du bon temps, mais on partait un peu en sucette avec celui-là.
Maintenant avant de parler (enfin!) de
Réalité, je veux aborder la musique dans les films de Quentin Dupieux. Mr Oizo est son nom de musicien, et c'est donc lui qui fait la musique de ses films (à l'exeption de
Nonfilm où le silence régnait, à part pour le générique où il a utilisé un titre de Sebastien Tellier). Epaulé par des potes, il reste maître dans la musique. La légende raconte même que Quentin Dupieux a créé Mr Oizo justement pour pouvoir mettre en musique ses court-métrages, car il ne pouvait utiliser la musique des autres comme il le voulait.
Wrong Cops est le film sur lequel la BO (Bande Originale) a aussi le sens de BO (Best Of) en utilisant ses tubes pour mettre en musique son film.
Or, dans
Réalité, aucune trace de la musique de Mr Oizo, et seule un morceau sera utilisé en boucle pour ce film : un morceau orchestral minimaliste composé par Phillip Glass.
On comprend qu'on est passé à un âge adulte. Un film reprenant les codes de QD, un film synthèse.
Pour moi ce film est le meilleur de tous les Quentin Dupieux. On ne comprend pas tout et on pense que c'est parti en sucette comme ça pouvait l'être dans les autres films, mais il y a un but à tout ça. On parle de films et de rêves qui s'entremêlent à tel point qu'on s'y perd (petit clin d'oeil à
Inception?
![Très content :D](./images/smilies/icon_e_biggrin.gif)
) mais la résolution vaut le détour.
L'histoire : "
Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma…".
Au casting, on retrouve Alain Chabat, Jonathan Lambert (déjà présent dans
Steak), Elodie Bouchez, John Glover (
Smallville) ... avec un petit caméo de Thomas Bangalter (1/2 Daft Punk).
Le "no reason" est magnifié par un très bon scénario qui prend en dérision l'univers du cinéma (ça m'a fait un peu penser à
Mulholland Drive, de David Lynch) et de la tv. A la fin du film je suis resté dans mon siège, estomaqué, en me disant : respect. Le mindfuck final est euphorisant, et l'erreur serait de vouloir intellectualiser, de chercher un sens, faire la différence entre réalité et fiction/rêve.
Si vous avez déjà connaissance de l'univers de QD, courrez-y. Sinon allez voir
Nonfilm (moins de 50 minutes, c'est à peine plus long qu'un épisode de AoS :P ) pour découvrir Quentin Dupieux.
Mais ce film reste très bon, qu'on soit initié ou pas!