Mouais...
Le premier avait le luxe d'être vraiment un hommage précis au genre et au folklore, maîtrisé dans son détail et sa rigueur. Mais là... J'avais plus l'impression d'assister à un feu d'artifice d'amateurs qui part en sucette, car ça souhaite partir dans tous les sens les yeux fermés... Pour au final pas grand chose.
En effet le film met 1h avant de devenir vraiment intéressant (oui tralala on introduit tralala, sauf que déjà avec un peu plus de talent on est plus subtil et y'a pas autant de gros sabots comme ça, et surtout que la première heure est un enchaîné de fausse piste (
le couteau, le coloc,etc etc) qui fait qu'au bout d'un moment on est plus exaspéré d'attendre que ça commence que plutôt se faire avoir par des pièges si crédule), où s'en suit un second acte génial, bien ficelé et enfin intriguant... Pour un soufflé qui dégonfle très rapidement, avec une fin ô combien prévisible, et qui peine à savoir où elle veut aller. L'imagerie est cool certes (les puissants impuissant face à mère nature qui nous balayera tous un jour), mais ça n'apporte pas grand chose de plus au message du film qui était déjà très clair avant ça, ça fait juste bonus pour le style quoi. De la forme, mais pas de fond.
Car oui en effet prévisible...
On te bassine toute la première demi-heure que la réponse est évidente et la plus simple, et que forcément direct après on voit LITERALEMENT Norton (dans un très mauvais jeu d'acteur faut le dire) donner le verre à Bautista alors qu'il lui disait de regarder la robe : justement, car la tension qui montait avec le montage cut faisait que j'étais aux aguets qu'il allait se passer un truc et que j'ai capté direct, alors que la chose maligne à faire aurait été de faire un truc relax et chill, pour que la mort de Bautista apparaisse VRAIMENT comme une surprise.Là, c'était téléphoné. Franchement, qui n'a pas capté direct ? Car à moins d'être aveugle...
(car j'suis looooooin d'être un grand joueur d'escape game/unlock/cluedo/etc)
Et sur le coup oui on a pas le mobile mais qu'importe ? Quand on passe la demi-heure d'avant à te dire qu'en fait ils le détestent tous, avant même le 'reveal' de l'imposteur idiot (car bon reveal le coup de la voiture sur le toit et qu'il avoue avoir engagé quelqu'un pour faire la boîte et le script de la murder party, c'était plutôt évident que c'était un abruti fini, et même pour moi dès qu'ils ont dit que c'était un riche c'était un abruti fini, cqfd les enfants, à bas le capital !), à quoi bon savoir pourquoi il a fait ça ? C'est pour ça que le twist Helen m'a bien plu car il redynamise beaucoup le récit, m'a remis en question sur des trucs et lui redonne de l'intérêt pour découvrir le mobile là où on a déjà capté le tueur. Mais forcément donc aux révélations du 3e acte, on est là "ouais, ok, et ?".
Ainsi, même si RJ utilise ces films pour faire passer un message plus grand, ici c'est quand même vachement plus laborieux, brouillon et moins maîtrisé que le premier.
Et du coup ça se ressent partout : tout paraît être une caricature/exagération du premier : Craig exagère beaucoup plus l'introvertisme et le ridicule natif de son personnage, ce qui dans le premier le rendait intriguant, ici il est n'est plus qu'une caricature de lui-même, et deviens gonflant. Et ça se remarque sur tous les autres personnages (ces riches sont beaucoup moins crédibles que ceux du premier, car beaucoup trop 'romancé' et cliché, ceux du premier avaient plus de nuance, de complexité (ici entre la blonde débile, la politique hystérique, le kéké aux gros biscotos, la mannequin objet, etc... bonjour les clichés d'un autre siècle. Il est pas censé être progressiste Johnson ?)), et même au final le décor : on quitte l'hommage plastique détaillée, pour une folie des grandeurs majoritairement en VFX... Ainsi au final tout apparaît plus... Faux.
Pourtant dans l'ensemble, il y a quand même des bonnes choses qui faisait notamment la brillance du premier, mais ici au final trop gâché dans une volonté... du plus.
Même l'encrage du covid, que je trouvais au début génial et propice à pleeeeeeeeeins de pistes intéressantes... Est balayé d'un revers d'Hawkes-pistolet. Quelle tristesse, pourtant il y avait taaaaaaaaaaaant à faire sur cette piste-là avec ces personnages et cette intrigue ! Et même sans que ça devienne primordial, que ça joue au moins dans l'intrigue, ça donnait un encrage si réel au film ! (vraiment plus de films qui traitent du covid comme il était traité au début du film svp).
Et c'est bien réalisé ça c'est clair, mais ça n'est au final pas aidé par un récit et une volonté à l'image de la tour oignon : brillante et luxuriante à l'extérieur, complètement vide à l'intérieur. Au final, ça sonne creux.
En bref, là où le premier usait du genre comme prétexte pour produire une étonnante réflexion critique concrète sur la société patriarcale et capitaliste, cet opus patauge en cherchant des prétextes d'exister là où le mystère et le récit sont trop brouillonement exagérés pour rendre l'ensemble assez superficiel. Une lame aiguisé face au légume évidé.