J'avais entendu le chaud et le froid sur
Coupez !, le nouveau film de Michel Hazanavicius, mais il m'intriguait quand même pas mal et il me restait une place sur ma carte ciné de Bruxelles (et vu que je pars mercredi, il fallait bien l'utiliser).
Et j'ai très bien fait parce que ça a été un énorme coup de coeur !
Coup de coeur qui vient en grande partie des thématiques du film qui ont énormément résonné en moi, vu que je suis passionné par la mise en scène, que j'ai réalisé quelques courts métrages et que je rêverais (dans la catégorie des rêves qui ont peu de probabilité) de réaliser un vrai film un jour. Mais même au delà de ça, je trouve que le film a énormément de qualités à faire valoir. Et il m'a donné encore plus envie de me pencher sur le film japonais qui lui a servi d'inspiration !
Le film commence par un plan séquence de 30 minutes, je crois que je me lasserai jamais des plans séquences et celui-ci avec sa caméra très mobile, son aspect à la fois kitsch et millimétré, et très impressionnant ! Toute cette séquence est également marquée par des couleurs ultra saturées qui ajoute à l'hommage aux films fauchés voire amateurs, que je trouve toujours chouette (et qui semble ici assez sincère, au regard d’une des thématiques centrales du film).
Un des aspects les plus fascinant c'est la mise en abyme, qui
ne consiste pas juste en filmer un tournage qui tourne mal comme le vendait la bande annonce, la mise en abyme est en fait sur trois niveaux ! C'est un film montrant le tournage d’un film qui raconte lui-même le tournage d’un film !!! Et autre degré de mise en abyme puisque ce film est un remake du film japonais One Cut of the Dead, mais le film existe dans la diégèse de Coupez qui montre en fait le tournage du remake du One Cut of the Dead Et très malin le petit jeu de révéler dans la seconde partie du film
toutes les galères qui ont créé des moments franchement étranges dans la première partie (j’avais tiqué sur quelques trucs, genre la maquilleuse qui remaquille l’actrice principale deux fois, mais sur d’autres points comme les répliques très longues j’avais juste pris ça comme le côté un peu absurde et les moments de gêne qui recherche souvent Hazanavicius)Le cœur du film, qui l'a vraiment fait basculer de très bon à magnifique pour moi, c'est sa volonté de rendre hommage à l’effort et à la coopération nécessaires pour créer un film qui tienne debout, souligner toutes les galères possibles et imaginables sur un tournage (exacerbées ici par
la contrainte du plan séquence en live), la fierté du résultat qui sera jamais parfait mais qui vient des tripes de toute l'équipe, avec comme thématique qui ressort une opposition entre le cynisme des producteurs, et la passion d’un réalisateur qui s’était retrouvé enfermé dans cette logique de production sans âme et qui retrouve l’inspiration et la passion grâce à l’admiration de sa fille. Je trouve que c’est une très très belle manière de parler de la création de cinéma
En conclusion, je m'attendais à rire, et je me suis bien marré, pas autant que devant un OSS, mais on retrouve le même type de répliques absurdes avec ces petits moments de gêne. Par contre je m'attendais pas à pleurer, et pourtant le film a vraiment su me cueillir et me toucher.
Le premier film que j'ai vu à Bruxelles était un excellent film français (c'était Adieu les Cons, il y a à peine plus d'un an), le dernier film que je y vois est un excellent film français, je trouve que ça boucle bien
(à défaut de bien boucler mon année de master
)