J'ai vu aussi
La Bête de Bertrand Bonello, un drame de SF français, avec Léa Seydoux et George MacKay. Et quelle bonne surprise !
Comme toujours avec la SF française, j'y allais avec une bonne pointe de méfiance, mais malgré quelques redondances narratives qui peuvent un peu lasser, le film m'a bien happé ! Le film prend place 20 ans dans le futur, le monde est géré par un système d'intelligence artificielle qui permet aux individus de se débarrasser des traumas inscrits dans leur ADN en revivant des vies passées... le concept était en tout cas prometteur, c'est ce qui m'a intrigué et je l'ai trouvé bien mené de ce point de vue là !
J'ai trouvé la mise en scène un peu rigide, un peu théâtrale… beaucoup de longs plans fixes sur des dialogues avec des zooms très lents, un éclairage souvent un peu plat... on peut noter quand même quelques portraits en longue focale avec de très jolis boquets, et un changement de ratio entre futur et passé qui rend le futur plus étriqué, le personnage se retrouve davantage enfermé par le cadre...
Au global c'est pas le style qui me parle le plus mais il fonctionne bien dans le déroulé du film.
L’imagerie du Paris de 2044 semble marquée par les rues désertes du confinement, le manque de moyens se ressent légèrement dans ce futur finalement pas si différent du présent dans son esthétique, mais son approche de l’IA et cette imagerie postpandémie le rendent assez intéressant et flippant tout de même. Et plutôt que de jouer sur la surenchère technologique qui caractérise souvent la SF d’anticipation, on a plutôt une épure, l’IA semble avoir
débarrassé le monde des voitures, des écrans, les gens sortent avec un masque
(pollution ou moyen de limiter les interactions dans ce monde qui proscrit les émotions ?), c'est une manière d’accentuer encore la solitude du personnage.
Dans les films où j'ai pu la voir jouer, je trouve pas toujours Léa Seydoux très juste, j'ai eu du mal avec son jeu dans les deux derniers Bond, j'ai encore en tête l'affreux Belle et La Bête où elle était à côté de la plaque sur chaque réplique, mais là son jeu est très très bon, et George MacKay est impeccable également, ils donnent une vraie intensité à chaque version de leur personnage !
La fin est pour le coup vraiment impactante, elle m'a collé un bon frisson, c'est
le genre de choc que peut procurer la SF et qui fonctionne extrêmement bien, ce qui me fait dire que le pari du film de ce côté là est réussi ! D'autant qu'elle vient appuyer le propos du film sur
la chaleur des émotions et de la passion, opposé à la froideur de la rationalité des IA, qu’il vaut mieux souffrir si ça signifie connaître aussi l’amour, plutôt que de se couper de ses émotions par peur de l’inconnu (la peur qui a séparé les personnages en 1910, et l'absence d'émotions qui les sépare à nouveau en 2044...)Le film reste quand même assez... énigmatique ? théorique ? dans certaines de ses idées, notamment le tout premier plan, avec
Léa Seydoux sur fond vert, qui me semble renvoyer à l’aspect virtuel des souvenirs explorés par le personnage, et qui fait ensuite écho à deux scènes du film en lui-même, mais qui reste totalement extérieur à la diégèse, comme si le film s’amusait à mettre le spectateur face à sa propre artificialité en jouant la même scène deux fois, dans le décors de la villa et sur le fond vert (surtout que Léa Seydoux a un costume et coiffure différents dans les deux versions de la scène, ce qui ajoute encore une couche d'artificialité supplémentaire...)Bref une jolie surprise, qui aurait pu gagner à être un peu moins long ou à limiter le nombre d'allers-retours dans chaque époque visitée, mais qui m'a vraiment plu et happé dans son propos
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Et ce soir je sors tout juste de
Universal Theory, un thriller de genre allemand en noir et blanc, et... non non mais non, partez pas, je vous jure c'est vachement bien ! On suit donc un jeune doctorant en physique quantique, en 1962, qui se rend à un séminaire dans les Alpes Suisses avec le professeur encadrant sa thèse. Mais une fois arrivé à l'hôtel, des évènements étranges surviennent, et le doctorant se retrouve hypnotisé par une femme mystérieuse qui semble en savoir beaucoup sur lui...
La bande-annonce avec totalement capté mon attention par son esthétique (et effectivement, le noir et blanc est magnifique, toujours extrêmement contrasté, les visages éclairés à la perfection
), par sa promesse de parler un peu physique quantique, et par ses quelques plans très mystérieux qui laissaient présager une irruption du fantastique ou de la SF au coeur du récit... eh bien tous les promesses que cette bande-annonce avaient exposées ont été amplement remplies au visionnage, et plus encore !
Le film m'a parlé à un niveau assez fou, je me suis dit pendant tout le climax que c'était le genre de film dont j'aurais aimé avoir l'idée et que j'aurais aimé réalisé... Climax qui n'hésite pas à pousser son concept jusqu'au bout avec des idées visuelles simples mais tellement marquantes et efficace, et qui garde une dose de mystère et laisse totalement place à l'imagination, ça fait tellement plaisir !
Après ce climax, le film se conclut sur
un monologue, un peu long... et qui ne me paraît pas totalement nécessaires, tant les
images sont parlantes, je suis persuadé qu'elles auraient été suffisantes pour comprendre le destin du personnage. Ca aurait pu être un bémol... si
le monologue ne s'était pas interrompu pour laisser place à un ultime plan... et quel plan
j'en ai encore les poils qui se dressent rien qu'à y repenser.
Un film qui va me rester en tête longtemps, vrai coup de coeur, et d'autant plus impressionnant que c'est, je crois, un premier film (ou en tous cas son premier à sortir en salles) !