Bon, voilà maintenant presque une semaine que j'ai vu le
Frankenstein de Del Toro, et j'ai mis un petit moment à articuler mon avis sur ce film. Je suis en plein conflit avec moi-même, en réalité.
C'est un film qui a plein de qualités, de belles et grandes qualités, et il m’a pas mal ému, notamment dans sa deuxième partie (toutes les scènes avec le vieillard sont formidables !), et notamment à la toute fin, mais il m’a aussi déçu. J’en attendais plus de Del Toro, je dois le reconnaître, ma grande admiration de son cinéma a sans doute biaisé mes attentes (mais ces attentes je les avais aussi sur ses précédents et ça ne m’avait pas empêché d’être complètement transporté par Nightmare Alley et de trouver le film absolument fascinant et remarquable, par exemple).
Dans sa portée narrative et thématique, il est très bien construit et extrêmement riche, abordant tour à tour les questions des traumatismes générationnels, le rapport à la paternité et à l’apprentissage, l'humain démiurge qui se prend pour un dieu… ça le rend un peu passionnant, même si un peu épais par moment ("non, Victor, c'est toi, le monstre" OUI BEN MERCI J'AVAIS COMPRIS, à ce moment là j'ai pas pu m'empêcher d'avoir en tête la politique de Netflix qui demande à ses scénaristes de tout expliciter pour que les gens qui pianotent sur leur téléphone sans regarder comprennent le film
) mais au-delà de ça, je lui trouve des défauts vraiment dommageables. Si le film a une direction artistique absolument impeccable, comme toujours avec Del Toro, il m’a semblé ici bien moins abouti techniquement. C’est un réal qui a toujours été passionné à la fois par les effets pratiques et par les avancés numériques (Blade 2 a vieilli par certains aspects mais ses effets spéciaux était à la pointe de l'époque, Pacific Rim est toujours irréprochable 12 ans après). Mais ici on voit une différence flagrante entre les scènes tournées dans des vrais décors et celles sur fonds verts, l'exemple le plus flagrant étant les scènes qui se passent sur la glace, où les deux procédés ont été utilisés selon les séquences et où malheureusement ça se voit beaucoup trop. Idem, malgré une construction de décors en dur impressionnants, on a des loups numériques qui ont facilement 15 ans de retard… là aussi, malgré un budget assez conséquent, je ne peux pas m'empêcher d'y voir le travail visuel bâclé qui caractérise beaucoup des productions de la plateforme...
Plus haut je parlais des moments où le film était un peu épais, il sait aussi être plus subtil et poétique à d’autres moments, mais cette poésie est peut-être un peu trop absente d’une première partie forcée d’aller vite, et n’intervient que dans la seconde, où le jeu de Jacob Elordi, son regard, apporte une dimension tragique des plus saisissante !
Voilà donc, une fresque aussi passionnante et belle qu'elle est inaboutie, où des plans à tomber côtoient des effets déjà datés, où malgré une volonté d'humaniser les personnages, et malgré un casting excellent et hyper investi, je suis toujours un peu à distance des personnages et de ce qui leur arrive, et où l'émotion et la poésie se font un peu trop rares et timide (la partition d'Alexandre Desplats est très belle, mais peut-être qu'elle est aussi un peu froide et participe à la distance que j'ai eu avec le film, ne faisant éclore les moments d'émotions que par touches légères).
J'ai déjà très envie de le revoir, mais je ne sais pas si ce revisionnage me permettra de passer outre la déception vis à vis de mes attentes, ou bien si les quelques défauts me sauteront encore plus aux yeux...
de Adanedhel » Lun 27 Oct 2025 19:21 
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