Azarion a écrit:J'ai enfin vu Godzilla vs Kong.
C'est un film correct. Néanmoins, j'ai une petite amertume concernant certains pans de sa mise en scène, qu'on sent clairement être une réponse à la demande du public suite aux critiques des précédents opus... et c'est là où je trouve la quasi-totalité des défauts.
Bon, certes, les gens ont pas demandé des clowns à deux balles en guise de comic-relief. Le second degré du film n'est pas drôle, et à peu près tous les personnages humains sont dispensables, hormis la gamine Jia et sa mère adoptive. Le gars d'Apex est juste là pour expliquer ce qu'on ne prendra pas le temps de développer comme passif autour de cette société... et le reste c'est de la figuration.
King of the Monsters avait au moins le mérite de rendre ses protagonistes proactifs et de servir le récit dans sa totalité. Là, les personnages humains se limitent à faire de l'exposition. Comme dit, y a que Jia qui sort du lot en dégageant un minimum d'émotion avec Kong.
La mythologie du film aurait mérité du développement. La Terre Creuse, monde inversé et primitif de la Terre, est un concept génial, mais faut se donner les moyens pour la présenter... et c'est à peine effleuré. Ce manque d'exploration aide d'ailleurs pas à la suspension d'incrédulité, à quelques moments (le passage vers ce monde, l'équipe qui sort dans le temple de Kong sans aucun masque de protection alors que c'est bourré de radioactivité). Au moins, ça donne de belles images, bien composées.
Maintenant, le cœur du problème : la perte du rapport d'échelle. Que ça soit dans le cadre ou dans la narration, Godzilla vs Kong refuse de mettre directement en lien les humains face au gigantisme des créatures avec lesquelles ils doivent composer (sauf pour Jia, encore une fois) :
- Côté image, les monstres sont présentés sur des cadres qui sont la plupart du temps désserrés... et ça donne juste l'impression de voir des humains dans leur environnement, et non pas des monstres géants qu'on regarde d'un œil d'insecte. Autant ça peut faire sens dans certaines séquences (La Terre Creuse et le temple de Kong, adaptés à des tailles de Titans), autant dans le reste ça nuit au grandiose (Hong Kong, bataille en mer). La perte du point de vue d'humain de la caméra a complètement aboli la peur (Godzilla 2014) ou l'émerveillement (King of the Monsters) qu'on pouvait avoir pour ces créatures.
Heureusement, on trouve des qualités ailleurs, comme les couleurs variées et saturées (Terre Creuse, Hong Kong, locaux d'Apex) et les chorégraphies plus poussées des monstres. Mechagodzilla est d'ailleurs bien classe de ce côté-là, bien qu'il soit trop vite vaincu. J'aurais vraiment voulu qu'il pousse à bout les deux Titans.
- Côté scénario... ça raconte juste plus rien. Avant, on avait des sujets intéressants qui étaient traités, aussi sous-jacents étaient-ils. Là, on a juste des personnages humains qui veulent littéralement voir les deux Titans s'affronter pour résoudre la violence de Godzilla. Violence alimentée par une peur d'Apex. On pourrait donc dire que la peur est le sujet du film, mais c'est tardif de nous vendre ça après deux films où l'Humanité toute entière a été témoin de la puissance des Titans, et a finalement appris à coexister avec. Comme dit, la mythologie du film, dont Apex, auraient dû être approfondis pour nous vendre ce spécisme. Mais c'est jamais fait et ça préfère en rester aux apparences : de grosses bastons.
C'est tellement ça que lorsque Apex passe à l'attaque, on s'arrange pour annihiler les deux antagonistes humains, qui pourraient avoir éventuellement un propos intéressant sur les Titans. Mais non. Un gros robot disjoncté et c'est tipar pour la baston.
Et c'est pas ce que j'en attendais après les deux Godzilla que j'ai beaucoup aimé (malgré des défauts évidents), et un Skull Island très inégal mais au moins sympathique. Le Monsterverse est intellectuellement plus riche que ça, et j'espère que ce film n'était qu'une friandise pour en revenir au véritable plat de résistance. Les gens ont eu ce qu'il demandait, et je trouve le résultat bien en dessous de King of the Monsters, qui est bien plus iconique, dans la sacralisation de ses créatures et de leur environnement.
Au moins, ça semble pas être la fin du Monsterverse. Finir là-dessus m'aurait gonflé.
Malgré mes critiques, j'aime le fait que cet univers partagé propose à chaque itération une mise en scène différente, même si j'aurais préféré qu'on ne perde pas le gigantisme des Titans dans celle-là.
Assez d'accord avec toi. Un autre point qui m'a déçu: j'ai eu l'impression de regarder un Kong 2 (featuring Godzilla) plutôt qu'un réel Godzilla vs. Kong. Dans les faits, oui ils se mettent sur la tronche mais le film est quand même très centré sur Kong. Après, le gros lézard a déjà eu 2 films pour lui dans ce Monsterverse donc ça peut se comprendre. Je trouve aussi que Godzilla perd un peu de son aura dans le film: ok il prend le dessus sur Kong mais pour se faire poutrer ensuite par MechaGodzilla....et puis, lors du team-up final,Godzilla fait plus office d'appui pour Kong qui finit le job avec la Stormbreaker de la Terre Creuse . Je trouve ça un peu dommage après son ascension dans King Of The Monsters.