de Codel » Mer 17 Fév 2016 02:22
Et bien j'ai trouvé ça vraiment sympa. Il faut savoir que c'était mon premier film du réalisateur, je ne savais donc pas vraiment à quoi m'attendre, mis à part du premier trailer que j'avais pu voir du film. Totale surprise donc, et très satisfaisante.
Midnight Special est un bon retour aux sources avec une écriture réussie et passionnante. L'auteur saute les étapes habituelles du genre et nous plonge alors immédiatement au coeur de l'intrigue qui consistera en une course poursuite entre le FBI et le petit garçon. Puisque finalement, on ne cherche pas vraiment à savoir d'où vient Alton et pourquoi il a ses pouvoirs. L'intérêt dans l'histoire, c'est de suivre sa relation touchante avec ses parents, et surtout son père, dans cette course contre-la-montre. Le film parle de l'enfance très bien, émouvante, parfois drôle. Les acteurs sont tous justes et "vrais" : de Shannon, qui est sans doute le plus touchant, à Edgerton, qui m'avait déjà convaincu dans Exodus, en passant par la charmante et émouvante Kirsten Dunst (dont je ne me rappelais absolument pas l'implication). Et pourtant ici, pas de scène larmoyante qui s'éternise. Jeff Nichols n'en fait jamais trop. Les émotions passent par le visuel, par les regards lancés par le père à son fils.
Formellement, c'est tout simplement une réussite totale. La photographie magnifique et sombre pour accentuer toute la tension dont nous accable le film. Ca permet aussi des jeux de lumière saisissants et visuellement superbes. Puisque ces jeux de lumière, c'est en grande partie toute la réussite visuelle du film. Quand Nichols filme un soleil levant, c'est beau et ça rend complètement justice à l'environnement auquel le réalisateur attache beaucoup d'intérêt ; quand il filme une pluie de débris venant du ciel, c'est bluffant, presque virtuose par sa brutalité et sa tension comme rarement je n'en ai vu au cinéma. Il faut ajouter à tout cela une très jolie musique venant accompagner le tout avec justesse. J'ai remarqué une étrange ressemblance avec le thème principal de Sicario dans un moment de tension du film.
Parce que tout le film joue sur une ambiance étrange et tendue à la volonté de fer de conserver ses mystères. Et c'est un pari et surtout un parti pris réussi puisqu'au lieu de tout vouloir nous raconter et de nous accabler d'explications, le film laissera assez d'indices et d'informations pour donner vie à notre propre imagination. C'est non seulement réussi, mais c'en est en plus intelligent puisque ça reste dans cette idée de Nichols de faire un film dépeignant une relation poignante entre un père et son fils. Et c'est ce qui m'a le plus passionné et intéressé dans ce film, cette ambiance si particulière.
Bon alors je regrette quelques passages dispensables, comme toute la première partie du film avec le personnage d'Adam Driver. Le réalisateur cherche à en faire quelque chose, mais ça n'a que peu d'importance puisqu'en fait, ça ne sert à rien et encore moins l'intrigue. Ça fait tout de même du bien de le voir ici plutôt que dans un Star Wars où il était ridicule, mais on aurait pu passer sur son introduction pas forcément très passionnante. Et finalement il y a cette fin qui mitigera sans doute, que j'ai personnellement adoré, dans la continuité de la volonté de l'auteur, mais qui m'a tout de même bien surpris, en attendant peut-être "moins".
Enfin bref, un film juste, beau et en plus de tout cela, rendant hommage (n'en déplaise à l'auteur) au genre de la SF, empruntant pas mal surtout à Spielberg (qu'il nous a cité au passage avant la séance). On retrouvera des éléments qui marchaient parfaitement dans un ET par exemple, et qui marchent aussi bien ici. N'empêche qu'il est temps que je vois Rencontre du Troisième Type, me sentant bien bête quand l'auteur en a fait mention. Sans doute mon prochain visionnage !