de ciceron92 » Sam 12 Jan 2019 18:56
Je me permet de rebondir que "le grand public (ou public de masse) est clairement une majorité de spectateurs sans culture et maturité cinématographique qui viennent uniquement passer un moment distrayant en salle en consommant des blockbusters à la chaîne. Du coup, si tu ne leur propose pas quelque chose qui est marquant en salle, ils oublieront rapidement ce qu’ils ont vu en attendant le blockbuster suivant."
Le but n'est pas d'adresser un plaidoyer contre Winter qui exprime son opinion sur une question générale.
Mais plutôt de démontrer pourquoi cette affirmation me paraît, de mon point de vue, erronnée. On ne peut pas juste dire que ce propos n'est pas démontré, car on laissera toujours planer un doute.
EN fait, ce propos repose implicitement sur 3 préceptes:
1° Il n y a aucune culture commune entre toutes les personnes de culture différente
2°Il n'y aurait qu'un seul motif pour lequel le public irait au cinéma
3° Les blockbusters ne seraient que de la bouffe pour cochon, sans intérêt cinématographie ou sur le fond.
Les trois sont strictement faux.
D'abord, sur le premier point, quelque soit notre niveau culturel, notamment sur le plan cinématographique, il y a un pan de culture commune. C'est ce qu'on appelle la "culture pop" dépendante des blockbusters et qui ne date pas d'hier (on pourraot adjoindre les peplums des années 60, avant le décolage du genre fin année 70). On a tous cette culture commune et la plupart de ces blockbusters et des personnages sont connus de tous, quelques soient les cultures, les pays ou le niveau d'étude.
CE n'est donc pas la "consommation" qui est le moteur du public, mais cette culture commune qui touche toute personne. Celle-ci est liée au fait que le cinéma est une activité culturelle à grand spectacle et qui attire forcément, quelque soit le niveau de culture.
Le cinéma, comme la musique, nous rassemble tous autant que nous sommes avec nos forces et nos limites, nos origines, notre histoire et c'est un de ses grands mérites. Il nous offre quelque chose en commun que l'on continue d'alimenter.
Sur le second point, les motifs pour aller ou non au cinéma sont multiples.
Tu peux trouver des personnes qui pourraient être jugés avec "peu de culture" qui n'iront pas voir les blockbuster. PAr exemple pour raison économique (ceux qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois) ou alors d'autres qui sont perdus dans une certaine idéologie qui les amène à boycotter Holliwood (comme Mac Do etc...).
Inversement les blockbusters ramènent des personnes avec "de la culture et de la maturité" en général et, notamment sur le plan cinématographique. D'abord, parce que comme nous le verrons, le genre n'est pas sans intérêt. Mais aussi parce qu'il y a des millions de raison d'aller les voir: se replonger en enfance, raz le bol des cris d'enfants, oublier un métier à responsabilité, relacher une pression d'un emploi ou de collègues, réver un peu, ddéccrocher d'une vie pourrie, suivre la mode et j'en passe.
Certes, j ai croisé dans ma vie une certaine élite qui n'accepte pas ce genre de cinéma. J ai passé un jour, un moment douloureux à défendre Avatar face à ce type de personne (et je parle bien d'Avarat) et on ne peut pas dire que j'en sois sorti grandi .
Mais c'est une petite minorité. Croyez moi que j'ai suivi un gros cursus et que j'occupe de hautes fonctions. Pourtant que ce soit durant les études ou actuellement, 'jai des collègues qui m'accompagnent avec plaisir (si ce n'est eux qui organisent) pour voir des Blockbusters. Certains, plus subtilement, vont critiquer les films, mais ne vont pas en rater un seul (le mieux étant" hola la j'ai du y aller avec mes enfants").
3) On ne peut pas dire que les blockbusters ne soient qu'un produit de consommation systématiquement décérébrés et "consommables". Déjà, cinématographiquement ils ont de l'intérêt puisque la façon de filmer, le choix des musiques, la réalisation, effets spéciaux, la couleur, les décors, les costumes (etc...) ont plus que jamais leur importance. Un film d'auteur de Godard (ou récemment Climax) ne nécessite pas forcément d'appuyer sur le champignon sur tout ces plans (bien qu'il y ait des choses aussi).
C'e sont en fait le Blockbusters qui sont moteur de l'enrichissement du cinéma en terme de technique cinématographique. Peut être qu'une partie du public n'aura pas les mots techniques pour décrire les choses (comme un "plan séquence" par exemple), mais il a acquis une culture et une maturité cinématographique. Tant qu'il n'est pas aveugle, il ne fait pas que "consommer" ce qu'il voit, il l'intègre.
Enfin, sur le fond, les blockbusters sont certes, sur ce plan, très hétérogènes, mais ils ne sont pas sans contenu. Ils sont source de culture. Outre la culture pop, certains de ces films ont un vrai propos de fond. Que tu fouilles dans les SW, les SDA, Avatar, Retour vers le Futur, des Marvel, du DC et compagnie, tu as des films qui ont des propos de fond. Le poids varie, on est d'accord, mais il y a un contenu qui alimente une réflexion. Certains vont traiter de thèmes classiques, comme la famille. D'autres vont véhiculer des idéologiques. D'autres vont s'emparer de question d'actualité. Il ne faut vraiment pas sous estimer l'intelligence qu'il y a derrière et les vertus métaphoriques de certains d'entre eux.
Alors non, je ne pense qu'en toute logique on puisse affirmer que "le grand public (ou public de masse) est clairement une majorité de spectateurs sans culture et maturité cinématographique qui viennent uniquement passer un moment distrayant en salle en consommant des blockbusters à la chaîne. Du coup, si tu ne leur propose pas quelque chose qui est marquant en salle, ils oublieront rapidement ce qu’ils ont vu en attendant le blockbuster suivant."
Non pas que le propos soit "élitiste", mais parce que cela constitue une parfaite négation de ce que sont les hommes, mais aussi de ce qu'est le cinéma.
Parenthèse off
"Hein?" (Ludwig Von Beethoven)