J'aimerais tellement être à ta place Niffleur et "m'extasier" devant les Animaux Fantastiques, au même titre que les Harry Potter. Mais je n'y arrive pas. Quand ça veut pas, ça veut pas.
Là ou par exemple je dénichai des qualités à la trilogie du Hobbit bien que très critiquée par les fans du Seigneur des Anneaux, ou encore je parvenai à visionner les épisodes I, II et III de Star Wars dix ans après (le ressenti de bouillasse numérique est tout de même amenuisé par l'interprétation éloquente des acteurs, notamment Anakin ou son double-mentor Obi-Wan/l'empereur), les Animaux Fantastiques exclue avec une rare énergie toute émotion.
Je ne ressens rien devant ces films, si ce n'est l'ennui et le sentiment de voir un projet montagneux accoucher d'une souris. Et je crains que la suite de la saga s'inscrive dans la lignée des deux premiers, avec ce forçage de Rowling consistant à mobiliser et faire de l'ancien du neuf.
Je pense qu'on a fait le tour de Poudlard en 8 films. Pourquoi revenir dans cette école alors qu'on sait, depuis la Coupe de Feu, l'existence d'autres institutions ? Pourquoi traiter la jeunesse de Dumbledore alors qu'enfouie dans un halo de mystères, elle permettait l'expression la plus pure de l'imagination du lecteur et du spectateur ? Pourquoi le confronter à Grindelwald alors que, ce qui nous est raconté dans les livres, suffit à favoriser l'imaginaire et rendre d'autant plus grand le duel Voldemort-Potter ?
Le risque avec Grindelwald est de concocter un bis repetita non placent, une mouture de Voldemort en "plus puissant à l'écran" reléguant ainsi le sorcier dont on ne doit jamais prononcer le nom au second plan de l'univers magique.
Les événements qui précèdent l'histoire d'Harry Potter, montrés que maintenant, avec peu d'écriture manifestement, mais davantage de moyens techniques (effets spéciaux, rendu visuel des sortilèges), vont inverser l'appréciation du spectateur et du lecteur qui croyait, à tort, qu'Harry Potter était le stade ultime des tensions entre les peuples humains et magiques. On attribuait à Grindelwald et à Dumbledore une relation aussi légendaire qu'effroyable, en parler c'est tuer le mythe sur l'autel de la révélation, et de la potentielle déception (ce qui est déjà mon cas). Le pire serait, à mon goût, de rendre caduc les combats Dumbledore-Voldemort et Voldemort-Harry Potter au profit de ceux comtés dans les Animaux et créer une sorte de hiérarchie...
Pourquoi donner un rôle à Nicolas Flamel ? Le mythe de l'existence multiséculaire du personnage lié aux bienfaits de la pierre philosophale était bienvenue dans Harry Potter. Le simple fait d'introduire Flamel à l'écran tue le personnage, aidé par ce ressort comique totalement inintéressant (son allure efflanquée et son ossature fragile - la main qui claque au premier serrage du lourdeau Jacob -, son attitude excentrique pas possible).
Ouai Rowling a cette facilité de faire une pierre deux coups: créer du neuf avec du vieux et transformer le neuf en éclat de boue.
Je ne reviens pas sur l'horreur visuelle du film et son indigence en matière de décors (là ou Harry Potter réussissait son tour de force, les Animaux échoue à émerveiller le spectateur que je suis). Même les animaux de la ferme sont plus élégants.
Les personnages gentils comme méchants suscitent non seulement mon apathie mais surtout mon antipathie. Je ne reviendrai pas sur l'échec de récréer un groupe d'inséparables Harry-Ron-Hermione auquel répond la trilogie Norbert-Jacob-Porpentina avec des va et vient ou des entrées et des sorties d'autres personnages en son sein pour s'en différencier "j'y vois des oripeaux". Surtout ce petit clan est tellement peu enclin à mettre en branle le moindre attachement émotionnel (Norbert le zoologiste, Jacob le non sorcier bouffi et Porpentina en
Adèle Blanc-Sec) ou affect (la relation sentimentale entre Norbert et Porpentina, puis la séparation, et le retour, et itératif éloignement; ou Jacob forcé de subir l'oubliette, effacer sa compagne et redevenir humain puis hop chemin inverse, par un espèce de
Deus ex machina et nécessité d'un ressort comique dont se dispenserait l'histoire). Et zéro envie de suivre ces personnages dans leur pérégrination, pas comme la prestance d'un Thorin écu de chêne et toute sa troupe à des années lumières des aspects renfrognés et pas joviaux des personnages de Rowling, ou pour recentrer sur l'univers, des aventures du célèbre Potter.
Concernant les antagonistes, what the fuck cette tendance à faire d'un personnage inutile un élément central, Croyance, au détriment de la caractérisation complexe que pourrait nous offrir le personnage de Grindelwald. Surtout cette intrigue est une sous intrigue qui se veut originale et créatrice d'un point de friction entre tous les personnages, entre le bien et le mal alors qu'en fait j'en ai juste rien à foutre de savoir que Croyance est manipulé... Ce qui m'intéresse c'est de percevoir les nuances de Grindelwald et sa relation explosive avec Dumbledore et le monde des non sorciers. Je préfère qu'on me propose 20 minutes de Grindelwald tout en intelligence (pour le coup la référence à la guerre des ogives est pertinente pour sous-tendre la rupture entre les deux mondes, mais demeure insuffisamment exploitée par la scénariste limitée Rowling) plutôt qu'on me serve en creux du Croyance, du Croyance et encore du Croyance (trop de Croyance tue le Croyance).
Et ils vont nous pondre combien de films pour qu'enfin on soit témoin stupéfait d'un affrontement au moins à la hauteur des grands affrontements du cinéma. C'est long, c'est lent, c'est soporifique, c'est attendu et cruellement inefficace au niveau artistique.
Voilà, j'irai pas plus loin. C'est mon avis. Je n'aime pas le un et le deux. Je respecte les personnes qui pensent tout le contraire, bien évidemment. Et je suis heureux que tu apprécies les Animaux Niffleur mais je ne peux pas relativiser une frustration.