Adanedhel a écrit:Mais ce que Bob Iger semble dire, c'est que la rentabilité plus élevée d'un film viendrait de paire avec un film qui se débarasserait de toute prétention artistique. Quand, à côté, les deux plus gros succès de l'été sont Oppenheimer et Barbie qui sont à l'opposée totale de ça et ont au contraire la volonté de divertir en convoquant des thématiques fortes et variées, c'est là que je mets en doute la capacité d'Iger à lire le paysage Hollywoodien et les envies actuelles du public... (et pour compléter le trio du box-office avec Mario, sous ses airs de film un peu (trop) simpliste à destination des enfants il y a toute cette histoire de la famille des deux frères qui ne croient pas en eux jusqu'à ce qu'ils fassent leurs preuves. Donc même pour un film comme celui-là on ne peut pas réellement séparer le divertissement d'une volonté de véhiculer un message au public...)
Je ne le comprend pas ainsi. C'est juste que tu as ta vision de l'art mais qu'il en existe d'autre, il y a une vision selon laquelle l'art peut parfois uniquement divertir et pas nécessairement être politique ou renvoyer un message profond, philosophique ou autre. L'architecture est encore un autre exemple d'art qui parfois va penser des formes intéressantes qui peuvent revêtir une certaine symbolique mais d'autres fois penser des ponts, des bâtiments ou autres uniquement par rapport à leur fonction, et/ou à l'environnement, etc. L'art du cirque (inclus dans le 6ème art qui est celui de la scène) est clairement fait pour divertir. Qu'est-ce qui fait que le cinéma serait une exception ? Existe-t-il réellement un argument permettant d'affirmer pour sûr que ça en est une et qui surclasse tous les autres arguments ?
Iger ne dit pas "je veux qu'on fasse des films pas artistiques", il dit "je veux que les artistes n'oublient pas que le premier objectif fixé par les studios est de divertir". Si réellement tu fais un truc divertissant et qu'en passant tu arrives à caser des messages tant mieux, mais ne prend pas le truc dans l'autre sens. C'est la ligne directrice actuelle qu'il déclare, après il y a des studios comme Annapurna, A24 ou encore Amblin Partners (généralement pas des distributeurs mais des producteurs tu remarqueras) qui sont sur un autre credo. Tu parles des envies du public m'enfin Mario et Barbie cette année étaient surtout divertissant, alors certes le deuxième avait une pseudo lecture progressiste mais bon le film a surtout servi à vendre des singles d'artistes comme Billie Eilish, Nicki Minaj ou encore Dua Lipa c'est pas tout à fait ce qui se fait de plus artistique (tu me diras ça dépend des gouts, je dis ça mais j'écoute énormément de Dua Lipa aussi antisémite soit-elle et je sais que Billie Eillish est très appréciée d'un certain public). Mario franchement c'est avant tout une licence juteuse alors oui pour rendre l'histoire intéressante ils ont réussi à le faire mais la volonté première était bien de divertir et de surfer sur la nostalgie de nombreuses générations pour attirer le public en salles, c'est toujours cette histoire de l'oeuf ou la poule
Adanedhel a écrit:Oui, le cinéma doit être rentable, et pour ça il doit effectivement attirer des gens et parler au plus grand nombre.
Et je suis persuadé que pour ça, pour parler au coeur des spectateurs, un film doit avoir lui même un minimum de coeur, de personnalité, et donc contenir une part de l'âme des personnes qu'ils l'ont créé, de ce qu'ils ont envie de transmettre à ce public-là...
Ce que tu décris est certes souhaitable mais malheureusement la réalité nous a maintes fois prouvé que ça ne fonctionne pas ainsi... Tu as de nombreux films avec énormément de coeur et de personnalité, remplis de messages, etc. et qui pourtant ont floppé pour tout un tas de raison. Et tu as aussi l'inverse, des films sans coeur, voire nuls et qui pourtant ont su attirer les foules ! C'est entre autre pour ça que je trouve le MCU si bien c'est que généralement Marvel Studios a su trouver une forme d'entre d'eux pour la plupart des films.
Adanedhel a écrit:Vu les grosses difficultés qu'ont eu beaucoup de blockbuster au box-office cette année, et avec l'avènement des plateformes de streaming aka "j'attends 2 mois parce qu'aucune chronologie des médias ne protège l'exploitation en salles et j'ai le film sur mon canap sans rien payer en plus", le public me semble se déplacer de plus en plus pour les films qui créent l'évènement, qui ont quelque chose à dire et ne se contentent pas d'être de simple divertissement. Couplé à une fatigue générale sur les grosses licences, etc... C'est là, je pense, que le point de vue d'Iger est biaisé...
Cet argument ne tient pas sinon comment expliquer que les gens sont allés en masse voir Spider-Man : No Way Home ou même si tu ne veux parler que de cette année on a eu Barbie, Mario, Guardians 3 ou encore Across the Spider-verse... Pourtant ces films vont aussi se retrouver sur les plateformes, c'est exactement pareil ! Peu de mond est allé voir Napoleon ni le dernier Scorsese, pourtant ce ne sont pas des grosses licences. Je crois qu'on se perd entre analyser objectivement l'origine des choses et chercher à faire coller des réalités à notre vision initiale
Nous sommes dans une période post covid ou encore une partie des gens traumatisés et/ou à risque n'a pas repris la fréquentation des salles (même si on a quand même eu des gros succès depuis) ; certains pays sont en guerre ; d'autres pays font du protectionnisme ; d'autres encore de la censure ; il y a aussi la crise économique qui fait que le pouvoir d'achat des gens a drastiquement chuté. Tout cela peut expliquer l'échec de pas mal de films sans oublier la grève des acteurs qui a perturbé la promotion de certains gros blocbkbusters, certains tournages ont été chaotiques et entrecoupés, etc.
Alors oui il y a un constat d'une fatigue des grosses licences qui est surement en partie fondé parce qu'il n'y a pas de fumée sans feu, ça ne signifie pas qu'il faille bannir tous les films à licence car ça n'est pas une solution viable ni forcément souhaitable non plus. Ca ne veut pas dire non plus qu'il n'y aura que des Oppenheimer dans le futur ni que tout le public ne veut que de ça.
Adanedhel a écrit:Alors autant The Hangover est un film de Todd Phillips qui n'a effectivement aucune idée de ce qu'il écrit, autant Transformers même si c'est pas subtil pour un sou essayent bien de faire passer quelques messages, ne serait-ce que dans la devise citée telle quelle de "nul sacrifice, nulle victoire" (et même si on reste sur des films très "décérébrés" style Fast and Furious, il y a cette volonté simialire de mettre en avant l'entraide et le sens du sacrifice à travers ce gimmick devenu presque parodique de la famille...).
Mais en parlant de films populaires qui traversaient le temps et les générations je pensais surtout à un Steven Spielberg qui réussit à faire des films qui sont à la fois des divertssements magnifiques, des chefs-d'oeuvre techniques et des terreaux d'analyse d'une richesse thématique folle

Mouais pour Transformers à mon sens même réponse que pour Mario, on va te saupoudrer le truc a posteriori mais la volonté initiale est d'exploiter la licence... L'oeuf ou la poule encore une fois

A la rigueur je suis déjà plus conciliant en effet avec Fast & Furious
Encore une fois je ne dis pas que ce n'est pas souhaitable de tendre vers ce que tu proposes, moi-même j'estime que ce sont des meilleurs films et je rêve qu'on puisse en avoir plus souvent. Mais n'est pas Spielberg qui veut et tu comprendras qu'un studio ne peut pas faire confiance au premier venu pour lui donner carte blanche comme à un Nolan ou un Tarantino.