de Adanedhel » Sam 7 Juin 2025 02:42
Vu The Life of Chuck, nouvelle adaptation de Stephen King par Mike Flanagan (après Doctor Sleep), c'est un très joli film, qui commence de manière très angoissante avant de basculer vers une ode à la vie plus légère et optimiste, à travers un montage à l'envers qui recèle une idée que je trouve passionnante, mais malgré toute sa joliesse, ses très belles scènes, son super casting, cette idée brillante, l'émotion n'a pas su totalement me cueillir, je n'ai pas été aussi touché que je l'aurais pu par ce que je voyais à l'écran, il manque peut-être d'un tourbillon final, quelque chose d'un peu plus flamboyant pour pleinement m'emporter dans le récit... ça reste un très bon film, mais après le choc de la fin du premier acte (qui est en fait, comme on le voit dès le début dans l'encart de texte, l'acte 3), j'en attendais sûrement plus.
Sinon le mois dernier j'ai été voir Sinners de Ryan Coogler qui est super, n'étant pas fan du tout des deux Black Panthers j'y allais prudemment et le film a surpassé haut la main toutes mes attentes !
Visuellement c'est bourré de très beaux plans, beaucoup de plans larges en courte focale qui immergent totalement dans cette ambiance particulière du sud des US dans les années 20, sur tout le premier acte voire la première moitié il se passe pour ainsi dire pas grand chose (on passe de lieu en lieu pour voir des gens discuter, on se prend à apprécier de voir les deux personnages interprétés par Michael B. Jordan aller de rencontre en rencontre sans qu'on ressente le besoin que le fantastique fasse irruption pour faire décoller l'intrigue) et pourtant cette ambiance que Coogler arrive à capter rend ces scènes passionnantes, la fête commence et là on a une scène en plan séquence qui repose sur une idée absolument dingue, puis l'élément perturbateur arrive (la scène d'ouverture a l'intelligence de le teaser sans trop en révéler, puis son irruption se fait par une scène construite en miroir de cette ouverture, c'est bien vu !) et amène des thématiques super intéressantes sur la rencontre entre des cultures différentes, et ce à quoi ça conduit en termes de mélanges, d'appropriation ou de phagocytage.
Celui là je l'attendais beaucoup, et il a plein de maladresses mais il est tellement sincère et plein de bonne volonté qu'il a su me toucher, c'est La Légende d'Ochi ! Des maladresses donc dans le scénario notamment, qui aurait pu être un peu retravaillé par endroit (on passe parfois d'une situation à une autre de façon très abrupte, l'irruption de la mère dans le récit est très brusque, il y a une séquence dans un supermarché que j'ai trouvé très grandguignolesque...), mais il y a un tel soin apporté à la créature, à l'animation des animatronics, à son design, à ce lien à la ET qui se développe entre la gamine et elle, et puis cette photo très rétro qui ajoute encore au charme du film... vraiment touchant et désarmant ! (typiquement, je dirais qu'il est beaucoup moins bien écrit que The Life of Chuck, pour autant il m'a beaucoup plus ému !)
J'ai pu voir aussi Partir un Jour, le film d'ouverture du festival de Cannes, et là niveau chialade j'étais servi, le film paye pas de mine comme ça (la parisienne qui veut ouvrir son resto gastronomique et qui retourne dans sa campagne natale parce que son père est malade, ça fait très film franco-français et c'est clairement pas ce qui me parle le plus comme cinéma), mais là le film déborde de bonnes idées, sait éviter tous les pièges, aligne les séquences touchantes, et là aussi j'ai ressenti une vraie sincérité de la part d'Amélie Bonin !
Première bonne idée, le film est une comédie musicale, mais construite autour de chansons connues, qui lui donnent une vraie énergie, et sont souvent à l'origine des émotions (les deux morceaux chantés par François Rollin sont vraiment touchants !). Ensuite le personnage joué par Juliette Armanet est intelligemment caractérisé, dès le début on voit son attachement à ses racines qui restent ancrées en elle et on évite la confrontation plan plan "la ville vs la campagne). La vie rurale est d'ailleurs filmé avec une vraie tendresse et j'y ai retrouvé beaucoup de choses que j'ai connu dans ma petite ville natale ! Et puis comment ne pas parler de la scène de la patinoire, qui repose sur une super idée de mise en scène, qui permet de jouer sur la temporalité, l'illusion de retrouver un instant passé et le retour à la réalité avec le regret que persiste de ce baiser qui n'a jamais été...
Un premier film très émouvant qui touche juste dans la manière dont il dépeint les aspects doux amers des souvenirs attachés aux lieux où on a grandi !
Et un dernier pour la route, un film d'horreur néerlandais intitulé Hérésie par chez nous, mais dont le titre original qui signifie Dames Blanches me paraît un peu plus pertinent. Très inspiré de The Witch dans son ambiance, on est dans la pure thématique de la folk horror avec son opposition entre dévotion religieuse et rites païens, plus proches de la nature et de l'inconnu.
Visuellement il est très réussi, ses créatures et son univers déploient une vraie richesse créative, le film atteint son point d'orgue avec une scène de transe qui est absolument fascinante et s'autorise à être plus psychédélique que The Witch, qui restait plus "naturaliste" dans son approche.
L'émancipation qu'offrent ces esprits de la forêt, ces dames blanches, donne lieu à un récit court (une heure et une minute), mais très percutant, qui regorge d'idée et offre un condensé des thèmes et de l'esthétique de la folk horror. J'ai eu l'occasion de le voir en salle dans une projection qui me semble assez unique en France, autrement il est dispo sur la plateforme Shadowz si c'est le genre d'ambiance que vous appréciez franchement jetez vous dessus il vaut le coup !
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