Excellent Moonrise Kingdom, d'accord avec Dyo.
La patte Anderson est toujours là avec cette impression d'être dans une vieille boîte à secrets bricolée qu'on ouvrirait sur un décor nouveau à chaque fois.
Ici, il s'agit d'une histoire d'amour entre deux gosses, un scout et une fille de bonne famille qui partent à l'aventure loin des grands.
Et ça fait du bien, c'est bourré de trouvailles que ce soit au niveau des décors sublimes, des costumes, des situations, des personnages, c'est une sorte de mélange entre Royal Tenenbaum pour le côté famille dysfonctionnelle, Fantastic Mr Fox pour les pièges et astuces des scouts, et Rushmore pour l'obstination du héros dans sa romance.
Tous les détails sont là pour interloquer et rendre vivant le monde fantaisiste où Anderson nous entraine et sa poésie des petits riens est magnifiée par le fait que ses personnages sont fouillés et ses acteurs ont des têtes normales, rien à voir avec les stéréotypes américains des comédies romantiques habituelles avec homme bodybuildé-même-s'il-fait-croire-que-non et fille choisie selon ses proportions et sa qualité éventuelle à sourire. Da'illeurs pour qu'un film avec enfants me plaise, il faut vraiment que les gamins soient bons et c'est le cas ici.
Et comme souvent avec Anderson, c'est une comédie douce-amère ravivant des souvenirs de moments vécus, espérés ou ratés (les amours de colonies de vacances) qui fait du bien en étant tout de même émouvante.
D'ailleurs, c'est la plus jolie romance que j'ai vue depuis longtemps au cinéma.
Il est donc normal que je n'adhère pas à la remarque de Showstopper (même si je respecte sans souci le fait que ça ne t'aie pas plu) à propos de son regret de la lenteur du film, puisque Wes Anderson n'a jamais été un cinéaste de plans cut rapides ou clipés, il pose ses histoires et crée un charme avec, il construit sa narration en posant d'abord les fondations de son histoire, le décor physique, le décor historique, le décor familial, la situation de départ des personnages, puis nous emmène sur le même chemin qu'eux sans donner dès le départ les clefs qui nous feraient tout comprendre tout de suite (à l'opposé de tant d'autres), à mon avis ce serait comme aller voir un Chaplin et être déçu parce que c'est muet (je dis ça car tu as cité The Darjeeling Limited ce qui veut dire que tu connais ce cinéaste).
Ceci dit, il est logique que nous n'aimions pas forcément les mêmes choses et que les défauts que tu pointes me semblent des qualités puisque, par exemple, je n'aime pas les films de Jacques Audiard ( j'en ai vu, ça m'a laissé carrément froid et perplexe devant tant d'engouement, je ne saurais dire pourquoi exactement) alors que ça semble te plaire, comme quoi, les goûts, hein...
