X-Men First Class : La Critique des Toiles Héroïques + VOTRE AVIS !

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Début mai 2010, Matthew Vaughn était officiellement engagé sur X-Men First Class, la préquelle de la saga mutante. En l’espace d’un an (un an seulement !), le metteur en scène de Kick-Ass a réalisé un tour de force : nous offrir l’une des meilleures adaptations super-héroïques à l’écran, mettre la presse à ses pieds, entraîner le public dans une nouvelle aventure (je m’avance un peu, puisqu’il faudra attendre les résultats au box office) et satisfaire l’exigence des fans…

De First Class, le film n’en a d’abord que le nom. Centré sur la relation Charles Xavier/Eric Lensherr, le film aurait pu tout aussi bien s’intituler Magneto, tant l’évolution du personnage campé par Michael Fassbender est au cœur de l’intrigue. Il faut d’ailleurs rappeler que le scénario de First Class contient des extraits du projet avorté X-Men Origins – Magneto. De même, cette première classe n’intègre pas les mutants, qui les premiers, ont été les élèves du Professeur X (Angel, Cyclope, Jean Grey, Iceberg – le Fauve est le seul « rescapé »). Passé ces préliminaires, où l’on pourrait aussi regretter l’absence de cohérence avec les autres films (débat sur la continuité dans la saga X-Men), rentrons dans le vif du sujet.

Le premier mot qui me vient à l’esprit est « densité ». Matthew Vaughn dispose du même temps de pellicule que n’importe quel autre réalisateur : mais en deux heures, il réalise une véritable saga à lui tout seul, où chaque personnage est présenté, évolue, change, mute devant les yeux du public, avant d’embrasser sa destinée. Le scénario d’Ashley Miller et de Zack Stentz (déjà à l’œuvre sur Thor) est particulièrement habile. En débutant comme l’avait fait X-Men premier du nom, sur une scène se déroulant dans un camp de concentration, Matthew Vaughn impose un ton adulte qui tranche avec les autres productions actuelles. Ainsi, l’action est quasiment absente du début du film, qui est la fois un drame psychologique, un long métrage sur la traque d’anciens nazis, un film fantastique, d’époque et qui plus est, drôle et sexy ! La notion d’école n’est pas oubliée : les jeunes élèves sont enfin les héros d’un film, nul besoin de se reposer sur des adultes : Xavier forme une équipe, de A à Z, comme dans les comics. De par ces éléments, X-Men First Class s’avère unique.

Au centre du film, nous avons donc le cheminement psychologique de Magneto, qui est excellent. Je craignais un revirement bâclé, un peu à la manière d’un Star Wars Episode III, où tel Anakin se transformant en Vador, Eric deviendrait Magneto. Or chaque seconde du parcours d’Eric Lensherr justifie sa chute. Michael Fassbender sait rendre son personnage attachant, émouvant : on voudrait/devrait le détester, mais il sait transmettre avec une telle justesse les failles du maître du magnétisme, que cela est impossible. Comme dans les comics, Magneto commet des actions répréhensibles. Mais avec le talent de l’interprétation de Fassbender, nous comprenons toujours les intentions du personnage. Nous le comprenons. Réussir à faire passer de l’empathie pour l’un des plus grands vilains de l’univers Marvel, c’est l’une des grandes réussites du film.

Pour tempérer Eric, Charles Xavier est bien sûr présent. Un Professeur X que je ne connaissais pas : plein d’humour et dragueur, loin de l’image sévère de la trilogie X-Men. James McAvoy est un petit peu plus en retrait que Fassbender, mais les deux acteurs fonctionnent parfaitement ensemble. Il s’adapte à son rôle de sage et d’aîné à merveille, sans tomber dans la leçon de morale systématique, ce qui n’était pas évident. Il joue enfin le rôle d’un professeur, avec de vrais élèves, dans une ambiance d’insouciante propre à la jeunesse des personnages. Le choix des membres de l’équipe est d’ailleurs surprenant. Tandis qu’Angel Salvadore et Darwin sont sacrifiés (quel dommage, surtout pour le second), le film se concentre sur les deux bleus de l’histoire : le Fauve et Mystique. Les personnages sont dans l’ensemble respectés et correctement caractérisés. Nicolas Hoult retranscrit avec émotion le dilemme de cette future boule de poils qui ne s’accepte pas. Tout le contraire de Jennifer Lawrence, qui apporte beauté et bonne humeur à l’équipe : Mutante et fière de l’être ! Havok à le rôle de bourrin et de gentil salaud (pourquoi pas), tandis que le Hurleur joue les comiques de service : l’acteur Caleb Landry Jones a l’avantage d’avoir le pouvoir le plus impressionnant. Le Hurleur en jette, son costume est respecté, et ses scènes, loin d’être figées, sont totalement aériennes. Le film est sur la bonne fréquence !

Ce qui est génial, c’est l’enjeu international : une menace mondiale et réaliste, comme seule la Guerre Froide pouvait l’offrir. Il s’agit d’éviter la Troisième Guerre Mondiale bon sang ! Des généraux russes, des américains va-t-en-guerre, des QG ultra-secrets : comme annoncé, il y a une bonne ambiance James Bond qui flotte dans la seconde partie du film. Matthew Vaughn convoque une menace qui pèse tour à tour sur des individus, sur l’humanité entière, sur les X-Men, puis sur tous les mutants… et cela s’enchaîne sans temps morts. Plusieurs fois, les X-Men prennent vie, agissant comme une vraie équipe : de l’entraide, des combats partagés avec une stratégie sol/air, des explosions, un décor gigantesque (Cuba). Il ne manque plus que Cyclope en stratège ! Reproduire l’échelle des comics m’a toujours semblé difficile, mais ici, le pari est gagné.

Pour donner corps à ces menaces, le maléfique Sebastian Shaw (le toujours inquiétant Kevin Bacon) a rassemblé une équipe. Un mot sur l’aspect de son pouvoir, c’est-à-dire l’absorption d’énergie : c’est original et visuellement très réussi. De son côté, Emma Frost (January Jones) est sexy en reine, mais malheureusement absente d’une partie du film. Cela illustre l’un des problèmes du long métrage : Riptide n’a pas une seule ligne de dialogue, Azazel reste un mystère, et le Club des Damnés est survolé. On ne peut pas tout faire en deux heures, mais approfondir le camps des vilains aurait été une bonne chose. Du côté des homo sapiens, Moira MacTaggert brille dès sa première scène : sa romance avec Xavier ayant été coupée au montage, sa scène finale tombe comme un Wolverine dans une manifestation pacifiste, mais dès le début elle est tout à fait intéressante à suivre ^^ Une séquence d’autant plus « osée » qu’il s’agit d’un film de l’été tout public. Mais personne ne s’en plaindra.

Concernant la réalisation, on ne peut que féliciter Matthew Vaughn pour avoir réussi à condenser la richesse de l’histoire (des camps de concentration à la naissance de Magneto, en passant par la formation de l’équipe des X-Men, la recherche et la présentation des mutants, la crise de Cuba… c’est énorme !) : il conjugue l’émotion et l’action sans fausse note. Cela ne semblera être qu’un détail pour certains, mais le simple fait d’avoir des personnages qui s’expriment dans une autre langue que l’anglais (français, allemand, russe), en fonction des besoins du scénario, montre le niveau d’exigence de Vaughn. Je vais quand même chipoter un peu à propos d’Azazel : il est difficile de passer après la séquence incroyable de Diablo signée Bryan Singer, mais les combats du mutant rouge aurait bénéficié d’une réalisation moins collée au personnage, afin de rendre l’action plus lisible et épique. Un mot aussi sur la musique : moyennement emballé par la partition d’Henry Jackman, sans doute par l’absence de thème principal facilement identifiable, et par l’utilisation abusive à certains moments d’une batterie tonitruante, quand ce n’était pas nécessaire. Je fais le difficile car je suis littéralement accro à la bande originale d‘X-Men 3 ! Et que dire du générique de fin : Robbie Williams et les Take That peuvent chanter, mais pas pour un film qui se déroule dans les années 60 !

Plus avare que les productions Marvel Studios, le film de Matthew Vaughn n’en a pas pour autant oublié les clins d’œil à destination des fans. Le cameo de vous-savez-qui est savoureux et hilarant, et les autres références cachées font sourire. Habitués et gâtés comme nous sommes, je suis certain de ne pas être le seul à regretter l’absence de scène après le générique !

Là où Thor était plaisant et efficace (avec son côté fun, bourrin, et plus orienté action), X-Men First Class est brillant. Avec une qualité qui ne cesse de croitre, avec des univers de plus en plus diversifiés (film de guerre, film mythologique, film d’époque), je ne vois pas comment le genre super-héroïque pourrait s’essouffler : au contraire, Matthew Vaughn lui donne ici ses lettres de noblesse, comme Sam Raimi, Bryan Singer et Christopher Nolan en leur temps. Vivement la suite !

1 COMMENTAIRE

  1. Déja tout dit sur LTHMBD. Parlons des acteurs:
    Ce qui est bien dans First Class, c’est l’idée de jouer avec leur apparence et leur évolution sans changer leur essence, en l’explicitant plus d’ailleurs.
    McAvoy avec des cheveux et Fassbender sans que les siens grisent déjà, ça a un coté réaliste auquel leur mutation ne doit rien. Les deux acteurs sont à l’aise, l’un pour un personnage assez opaque, mais pacifiste et bon menteur, comme dans le comic. L’autre avec son mélange de classe et de virilité fragile(!).
    Jennifer Lawrence joue une Mystique moins bad girl, très commune, ça nous change du perso originel qui passe son temps à faire la girouette sans raison autre que « je suis fait comme ça c’est tout, tout pour ma pomme! »
    Nicolas Hoult est un peu hors sujet mine de rien, Hank étant plus connu comme un personnage volubile et marrant (moins dans les comics depuis 10 ans). Et il ressemble trop à Marsden en plus – même vf.
    Et Bacon lui aussi la joue plus Mr Sinister que le dandy viril Shaw, s’il n’avait pas les pouvoirs, le Club et sa distinction perverse ça aurait été raté.
    A voir la suite l’an prochain, avec le match des « jeunes » et des « vieux » 🙂

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