Bienvenue dans le bar de Galactus : chaque lundi, une nouvelle page est à votre disposition pour discuter cinéma, télévision et comics au sens large, loin des univers Marvel et DC Comics !
A défaut d’être mis à l’honneur lors de la cérémonie des Oscars, les cascadeurs se retrouvent sous le feu des projecteurs avec The Fall Guy de David Leitch (Bullet Train, Deadpool 2), soit la très libre adaptation de la série L’homme qui tombe à pic avec le duo Barbenheimer Ryan Gosling/Emily Blunt. Indirectement, c’est un petit événement pour le genre super-héroïque : c’est la première fois depuis 2006 que la saison des blockbusters n’est pas lancée par une production Marvel (#SigneDesTemps). Pour muscler ce maigre programme, peut-être avez-vous envie de parler de la fin de Shogun ? Ou du fait que nous avons définitivement basculé dans le futur (voir ci-dessous) ? Dans tous les cas, bon pont pour ceux qui font le grand écart et très belle semaine à tous !
C’est l’histoire d’un cascadeur, et comme tous les cascadeurs, c’est un homme qui est lancé d’explosions en explosions, qui se fait tirer dessus, cabosser, écraser, passer par les fenêtres et qui tombe irrémédiablement et toujours, de plus en plus haut… le tout pour le plus grand plaisir du public. C’est tout juste après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, que cet anonyme et pourtant véritable héros des plateaux de tournage, va devoir retrouver une star de cinéma portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en assurant chaque jour ses cascades sur les plateaux. Que pourrait-il bien lui arriver de pire ?
C'est aujourd'hui ! #TheFlash pic.twitter.com/72czh1mqYP
— Les Toiles Héroïques (@ToilesHeroiques) April 25, 2024
Mais où est passé Flash ? C’est la Crise ! Mais laquelle ? Crisis on Infinite earths, Final crisis, Secret Crisis, Dark Crisis ?
Tiens c’est vrai ça, j’ai arrêté The Flash, c’était quoi le plot twist pour la Crise ???
Euh… Attends que je me remémore.
Déjà, les changements dans les timelines ont fait que la Crise n’a pas eu lieu en 2024 mais en 2019. Ce n’est pas Flash (Terre-1) qui a disparu, mais Flash (Terre-90).
Et je crois que c’était ça.
Faut que je finisse cette série.. 😅😂
Te sens pas obligé. Franchement, ça baisse en qualité à chaque saison. Il y a quelques moments satisfaisants, c’est vrai, mais c’est tellement rare.
Moi, mes saisons préférées, ce sont 1, 2, 3, 4, 6.
Sachant qu’il y en a 9.
Je ne sais pas si j’aurais l’envie de me revoir the flash un jour. Trop de choses agaçantes.
Smallville avait de gros défauts mais je trouve qu’elle se revisionne très bien en plaisir coupable. Et le developpement des deux héros (Clark et Lois) y était vraiment bon à travers les saisons : l’avantage de ne pas avoir 10 millions de personnages en supporting cast…
Perso, c’est l’arc du monde miroir qui m’a achevé. 😅
Vu : Dead Boys Detectives, assez cool pas mauvais mais pas excellent. Gros kiffe sur le générique qui donc une vibe Chair de Poule
Knuckles, cool, c’est mieux que Dead Boys mais moins bon que les films. La vraie VF pour Sonic et les persos comme Knuckles, Sonics et Tails sont aussi beaux que dans les films
Arf Shogun, la fin … Trop rushée. Dommage.
je me lance dans les six épisodes de Fenris
@LTH : Gunn qui publie sur Instagram une image de Green Lantern il y a 48 heures, qu’en penses-tu ? Simple message pour attiser la curiosité ou message subliminal pour un futur film (je sais qu’il y a une série en développement) ?
Et il y a Nathan Fillion qui joue Guy Gardner dans Superman. C’est sans doute pour dire qu’ils ont tourné une scène ensemble ce jour-là.
Dead Boy Detectives, bon… L’impression de voir Sabrina, Locke and Key ou je ne sais quelle autre série teenagers fantastique de Netflix.
De la diversité composées uniquement de gueules d’anges, des thèmes vues et revues qui parlent aux ados… Disons que c’est un peu lassant de voir un produit aussi « formaté » quand on a déjà vu pareil, en mieux.
« Mon petit Renne « excellente série sur le harcèlement
Mon dieu j’allais en parler j’ai fini ça hier j’ai regardé d’une traite, c’est très lourd comme sujet et comme série je ne m’y attendais pas.
Envoyé de mon Iphone
elle est vraiment top, c’est très addictif, et très dérangeant sur le comportement et la destruction de l’individu, et humainement très complexe.
En ce moment je regarde la saison 2 de The Punisher histoire de me mettre à jour sur les séries Marvel Netflix avant le retour de DD. J’ai tellement adoré la saison 1 que j’avais hâte et pour l’instant j’en suis à 4 épisodes, début excellent mais je sens que ça retombe avec le personnage féminin ado qui l’accompagne. Et au passage la saison 3 de DD, quelle claque !
Revu BP : WF, hmmm… même impression qu’au premier visionnage, je l’ai trouvé long et fastidieux à terminer. C’est vraiment à ce moment-là où j’ai compris que le MCU ne se relèverait pas.
Nicky Larson Netflix version, vu.
Bah, c’était bien sympa. (J’arrive pas encore a croire que j’ai bien aimé.)
Bien surpris par l’acteur principal qui habite le rôle, en canardant toute la panoplie d’émotions de Nicky avec justesse.
Ceci dit, je ne pense pas qu’il soit pour tout le monde. C’est plutot fidele a l’anime, qui a deja son humour un peu particulier. Et donc comme l’anime, pas un truc que je regarderai avec plaisir en couple quoi.
Il y a pour moi un énorme manque au film: absence de la bande originale culte de l’anime. Le « Get Wild » est plutot un clin d’oeil tardif, qu’une partie intégrante de l’action. Et un remix « Footstep » très très timide. Quel dommage.
A part ça, je suis totalement partant pour un Volume 2.
Vu le film City Hunter sur Netflix, vraiment très bien !
Après niveau ciné, j’ai Civil War à rattraper et après ça sera le nouveau Planète des Singes et le nouveau Mad Max pour enfin retrouver le chemin des salles obscures, j’ai trouvé ce début d’année assez pauvre.
Niveau série, vu Shogun (très bon mais fin un poil frustrante), la deuxième partie de la saison 2 d’Invincible (encore une torgnole aux productions super-héroiques actuelles) et Fallout (une des meilleures adaptations de jeux vidéo pour moi, très hâte de voir ce que nous réserve la suite).
J’ai décidé d’enfin me mettre à Star Trek, qui est un univers que je connais très mal (ce qui est un peu honteux pour un fan de SF), j’attaque par le début, la série originale, c’est cool et je suis vraiment curieux de voir comment le tout va évoluer, notamment avec les films et les futures séries, parce que pour l’instant c’est le schéma « on va sur une planète, y’a un problème, on le résout, petite morale et fin ».
Calme plat au niveau des lectures pour le moment.
Pour finir sur du gaming, toujours très occupé par la Switch et à l’affut des annonces sur sa remplaçante tandis que la « next gen » ne me donne toujours pas envie (je sauterais peut-être le pas pour Marvel’s Wolverine, le seul jeu que j’attends vraiment sur PS5), j’ai terminé le remake de Mario RPG, vraiment très sympa, d’autant que je suis très fan des Mario & Luigi sur consoles portables (mention spéciale à Voyage au Centre de Bowser qui est une masterclass absolue) dont il est le précurseur et qu’il n’était jamais sorti en Europe !
Sinon j’ai attaqué la Hotline Miami Collection, réunissant deux excellents jeux aussi bourrins que frustrants (dans le bon sens).
Je dirais plutôt que c’est fidèle au manga et pas tant à l’anime surtout VF.
Comme toi c’est l’absence de la BO qui m’a le plus manqué.
Et bien entendu les noms français c’est un bémol mais pas rédhibitoire.
Fidélité de l’adaptation charme des persos sont les deux gros points forts. Et l’atout majeur c’est l’acteur qui joue Ryo Saeba. Je ne pensais pas possible de jouer aussi bien les mimiques de notre détective préféré. Le gars est habité par le rôle.
Ça me va tout aussi bien, je ne peux pas blairer la VF, pour moi Nicky Larson n’existe pas, y’a que City Hunter, animé et manga, et j’ai bien apprécié la tonalité du film, qui jongle bien entre humour et action, c’est sérieux quand il faut, c’est parfait.
C’est vrai qu’on aurait eut l’OST de l’animé ça aurait été incroyable, mais je pense qu’il ne pouvait peut-être pas s’en servir pour des questions de droits.
L’acteur qui joue Ryo est un fan hardcore du manga, le réalisateur du film a déclaré que c’était une encyclopédie sur pattes de City Hunter, et ça se voit dans sa manière de jouer, il connaît parfaitement le personnage.
C’est encore plus beau du coup si le gars est fan absolu
c’est moi ou pas un mot sur l’adaptation de la Avengelyne de Rob Liefeld, par LuckyChap Entertainment, alors qul y a tout de même McNamara au scénario et la Warner sur le coup ?
Le projet serait produit et réalisé par l’actrice Margot Robby.
oui, LuckyChap Entertainment
… ou Olivia Wilde.
Là Daddario serait pas mal, même si personnellement, je lui préfèrerais largement Camila Mendes
Lu.
Les trois tomes de « Charlotte impératrice » de Nury et Bonhomme. C’est impressionnant cette manière si fluide de raconter une histoire si dense. Les dessins de Bonhomme sont magnifiques
Le premier tome de « Spirou. L’espoir malgré tout » de Émile Bravo. C’est superbe et ça annonce du très bon pour la suite. J’aime ces récits ou la petite et la grande histoire se rencontrent.
Vu.
« Fiasco » c’est drôle, parfois un poil trop dense mais drôle.
« Dreams scenario » moins efficace que « Sick of myself » son précédent film. Ça reste vraiment superbe dans sa proposition.
« Nuit barbare » film d’horreur qui se perd en route. Dommage.
et Civil War n’a toujours pas dépassé Madame Web
(pour le plaisir de l’écrire) ^^
Hé ben je n’ai pas vu Madame Web mais Civil War mérite d’être vu. Du vrai cinéma…
si on est ricain dans l’âme. parce que les thèses sont tout de même portées par un franc nationalisme et liberticide, malgré les apparences.
30 avril 2024 at 12 h 00 min
#SigneD’uneGrève… qui a bénéficié à certains, et pas à d’autres (cette année, pas de huitième « Mission Impossible », qui n’est pas un film de super-héros).
Vu ou revu :
– Rattrapage de films de George Cukor, fonctionnant beaucoup sur des ambiances oppressantes – surtout à cause de chefs de famille masculins.
Et parlant un peu d’imposture :
– « Hantise « …
Un film qui va donner son nom à une célèbre expression, représentant la manipulation d’une personne pour faire croire qu’elle perd la raison.
On dirait surtout une variation sur du Hitchcock (employant Ingrid Bergman en premier), montrant une femme oppressée et martyrisée, plus ou moins responsable de son état. Avec de faux instants surnaturels dans une petite demeure à la Manderlay – la lumière qui vacille et les bruits fantômes, si ce n’est pas mental c’est cette fameuse hantise du titre français ?…
Sauf que Cukor, lui, sera un peu plus du côté de l’héroïne, car il aime vraiment les actrices.
Certes c’est Bergman qui joue, petite chose émotive et apeurée, très théâtrale, avec à un moment donné « sa » grande scène. Et elle aura bien trop besoin des hommes, entre un Charles Boyer fascinant (on Sait tout de suite qu’il ment, mais on ne peut s’empêcher de l’écouter), et Joseph Cotten en sauveur à la « Laura » (il tombe amoureux d’une image, mais manipule lui aussi).
Et le film se rattrape à la fin, lors d’une confrontation qui symbolise l’acte d’émancipation féminine. Un peu tard tout de même, mais pour l’époque c’est un bel effort – un bel objet cinématographique.
– « The Actress »…
Adapté de la pièce autobiographique de l’actrice Ruth Gordon, incarnée par une Jean Simmons toute guillerette et idéaliste.
Mais c’est son papa joué par Spencer Tracy qui est le personnage le plus important, un homme rude, ouvrier craignant la précarité, ressassant son passé de marin…
Un tel individu va-t-il freiner sa fille dans ses ambitions d’actrice ? Ou bien va-t-il mieux la comprendre que n’importe qui d’autre, à cause d’une blessure intime qui va retourner toutes les convictions qu’on croyait avoir..?
Un film de comédiens, en huis-clos, léger mais touchant quand il le faut.
– « Car sauvage est le vent »…
Du mélo westernien, mais surtout parce que ça se passe au milieu des grands espaces américains. Dans un contexte d’éleveurs de moutons et d’immigrés italiens riches (donc plutôt un film contemporain).
Peut-être que Vincente Minnelli aurait été plus approprié pour cette histoire, qui amène un peu du Néoréalisme Italien dans le Nouveau Monde – c’est à dire l’explosive Anna Magnani face à Anthony « La Strada » Quinn.
L’actrice à crinière est aussi peu à sa place que l’est son personnage de « femme de remplacement » (de sa sœur décédée), conforme à d’anciennes traditions absurdes, dans un pays où l’on devrait avoir droit à de nouvelles opportunités.
Elle a beau lutter de toutes ses forces, chercher la passion ailleurs (des scènes avec des chevaux anticipent sur « Les Désaxés »)… l’amertume est au bout du chemin. Mais le trait est un peu trop épais.
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– « Manhattan Lockdown »…
Brian Kirk est plus connu comme un réalisateur de séries tv (prestigieuses), et pour ce long-métrage on trouve un peu de scénario de série, multipliant les rebondissements sans avoir assez de place pour que tout y tienne en 1h40.
Notamment tout ce qui concerne le confinement de New-York, donnant au film ses titres français, et américain (« 21 Bridges » – alors qu’il y a d’autres moyens de sortir de Manhattan). En effet ce détail scénaristique n’est pas du tout majeur, puisque la mise sous cloche de l’île a lieu de nuit, et est limitée à cette unité de temps/compte à rebours jusqu’au matin.
Ainsi la population n’est pas du tout représentée dans ce qui reste une énorme partie de Gendarmes et Voleurs, efficace comme un bon F. Gary Gray d’antan : on pense forcément à « Négociateur », avec une bande de flics voulant à tout prix faire la peau à des hors-la-loi, mais plus pour venger des collègues tués plutôt que pour la Justice… et avec une ambiguïté continue puisque au fur et à mesure l’intégralité de ces policiers tire sans sommation, pète les plombs, aucun ne sont dignes de confiance – de ce côté là, on comprend trop vite qu’il y a quelque chose de pourri là dedans. Même le personnage de Sienna Miller n’y échappe pas, alors que tout était fait pour qu’elle soit un personnage complexe.
Heureusement qu’il y a Chadwick Boseman, sur qui repose en grande partie l’histoire – Stephan James aussi, mais lui a un rôle en miroir, plus fragile et émouvant.
Tandis que l’acteur principal bouffe l’écran, et tout ce qui passe à portée de ses griffes. Parce que c’est un jusqu’au-boutiste, revanchard, casse-pieds, super fort, super malin. Seul contre tous, l’ironie étant qu’il commence le film en étant lui-même suspecté par l’IGS d’être un flic à la gâchette facile, corruptible (le doute ne sera Jamais levé là dessus !)… et que par la suite toute la Police va ressembler à une entité uniforme, le danger pouvant y surgir à n’importe quel moment pour s’abattre sur lui.
Tout ça en n’ignorant pas les raisons qui poussent tous ces individus à céder au crime, qu’ils soient policiers déconsidérés, fils et vétérans traumatisés… Des gens oubliés par un Système imparfait, réduits à s’entretuer plutôt qu’à tous s’unir, pour cause de divergences de vue et de passé trop lourd.
Dommage que le côté Série B du film soit lui aussi lourd par moments, jusqu’à tout résoudre par des fusillades molles plus que par la parole… ça aurait pu être plus subtil, mais c’est pas faute d’avoir essayé.
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– » Stillwater »…
Partant d’un fait divers, le réalisateur Tom McCarthy raconte une de ces histoires humanistes américaines… mais pas que. Et en nous orientant vers des fausses pistes qui ont forcément déstabilisé le public US, pensant qu’on aurait là un film proche du Polar.
Ni du Liam Neeson vengeur et papa protecteur au programme, ni même du « French Connection » (criminalité à Marseille etc)… C’est normal, c’est Matt Damon le personnage principal. Mieux utilisé ici que dans un film chinois (« Damon, ici ? mais qu’est-ce qui se passe !? »).
La première partie fait mine d’emmener le film sur les chemins du film policier, surtout avec un paternel plutôt débrouillard et volontaire (plus que la Justice française ?), déterminé à découvrir la vérité sur l’incarcération de sa fille, à trouver un moyen de la faire sortir de prison, avec l’aide de bons français miraculeusement bilingues…
Alors que non, il fallait être attentif, car dès le départ on ne ment pas : en commençant direct avec les personnages déjà plongés dans le contexte (le crime n’est jamais montré et appartient au passé), habitués à la routine des visites au parloir, et aux voyages inter-continents de ce père n’ayant pas du tout l’allure d’un homme capable de sortir de sa région… Avec tout ça donc, on devrait comprendre que ce n’est pas à un film Actif qu’on va avoir droit, mais plus à une histoire de résilience obligatoire. Et de triomphe impossible.
Bref, tout ce qui est inenvisageable dans un récit américain.
En témoigne la deuxième partie, qui ose rendre crédible l’intégration d’une espèce de redneck bourru à un milieu modeste français, décrite avec une justesse qui évite la plupart des clichés franchouilards ainsi que le côté carte postale un peu vilaine d’un point de vue américain – c’est encore plus réaliste qu’un film français, et la caméra garde la même homogénéité quand on y filme l’Amérique rurale.
Grâce aussi à une logique implacable, que l’on comprend au fur et à mesure que le personnage de Bill Baker nous raconte (par la parole ou par ses actes) des détails de sa vie :
À savoir que c’est un mauvais père, un addict, et que tout ce qui l’empêche de replonger et de dérailler, c’est la prière (mais plus comme un mantra que comme acte de foi ?)… Et l’idée d’avoir un un job à faire, un objectif à accomplir, et s’y tenir coûte que coûte.
Donc faire un travail manuel d’ouvrier, prendre soin d’une potentielle famille de substitution même s’il est imperméable au métier du personnage de Camille Cottin (actrice bohème), être là pour sa propre fille même si elle a choisi une vie à l’opposé de ses valeurs… suivre les règles sans faire de vagues, et profiter d’instants suspendus plein de grâce.
Puis, la dernière partie du film manque de tout faire tomber par terre, et c’est justement le sujet du film, se confondant avec la narration du film :
Au détour d’une scène fiévreuse au stade de foot, puis d’une traque et ensuite avec une cave lugubre, sans compter quelques rebondissements scénaristiques qui justifient le titre « Stillwater » malgré le peu de scènes dans cette ville (c’est assez sur-écrit)… On pourrait alors penser que McCarthy va vouloir « réveiller » son long-métrage, rajouter enfin des instants purement cinématographiques (cette porte mystérieuse, ces couloirs sombres).
Mais non, ça n’est toujours pas ce genre de film. Ça ne l’a jamais été.
On ne succombe finalement pas du tout au Thriller sous tension (qu’il soit américain ou français), on reste dans un total film dramatique, qui ne fait finalement que questionner l’hérédité problématique chez des personnages brisés (des enfants qui mentent aussi bien que leurs parents)…
Ainsi que les différences entre deux cultures, qui sont maintenant vieilles toutes les deux – oui, même l’Amérique !…
Pour mieux pointer le fait qu’elles restent incompatibles, irréconciliables. Mais que une fois le voyage terminé, une autre réconciliation arrive à émerger, on emporte un peu de cette expérience avec soi, votre regard change et le miroir aux alouettes s’estompe – une cérémonie à un aéroport, une fête, des drapeaux partout… et derrière ? Autre chose, qui était invisible avant.
Grâce en soit rendu à l’apport scénaristique de Thomas Bidegain et Noé Debré, à de bons acteurs et surtout à l’un des meilleurs rôles « d’américain moyen » de Matt Damon. Sa pesanteur, sa gravité, sa robustesse, il charrie une quantité d’émotions contradictoires sans avoir l’air de faire le moindre effort.
Un grand petit film que voilà.
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– Spécial John Madden, réalisateur anglais jamais renversant, ayant quelques thématiques de prédilection (l’imposture et là frustration amoureuse)… Il a trop longtemps été soumis aux Weinstein et leurs exigences d’efficacité (ces films ne veulent pas prendre leur temps, comme s’ils s’adressaient à un public impatient)…
Mais qui, au détour de quelques scènes, arrive à sublimer de grands acteurs :
– « Shakespeare in Love »…
Le grand triomphe, mais aussi le film du malentendu. Car en voyant cette comédie d’époque, un peu dramatique mais finalement inoffensive, devenir un phénomène éligible aux Oscars à cause du forcing des Weinstein… Le tapage médiatique a pris le pas sur les qualités réelles de ce film fait pour être modeste (comme tous les films de John Madden en vérité).
Ce n’est pas la mise en scène (trop précipitée), ni la reconstitution, ni la profondeur du jeu des acteurs – avec quelques têtes à claques comme Joseph Fiennes, Colin Firth, Ben Affleck (tandis que Geoffrey Rush évite d’être en surrégime, mais au point d’en devenir transparent).
Ce n’est pas non plus ce scénario, utilisant malicieusement le réservoir à théorie que représente William Shakespeare, pour mieux imaginer une intrigue expliquant comment son inspiration s’est réveillée et l’a vu enchaîner Roméo et Juliette, La Nuit des rois etc… Parce que cette fiction restera moins forte que la réalité qui l’amènera à écrire Hamlet (à moins qu’une suite aurait été envisagée ? « Shakespeare in Pain » ?).
C’est peut-être le côté Geek, même si nombre de connaisseurs de Shakespeare vont vite griller toutes les références, y compris le faux suspense autour de Christopher Marlowe (encore que ça reste sujet à débat, des siècles plus tard).
Ne reste plus que l’enthousiasme à voir des Judi Dench, Tom Wilkinson, Mark Williams, tous délicieux dans un film sur les coulisses (bordéliques) de la création artistique, doublé d’une fantaisie sur l’imposture, le travestissement et la confusion des genres
Ainsi qu’une Gwyneth Paltrow très agréable à regarder et voir jouer, muse et amoureuse, femme en quête d’émancipation (jolie scène finale, sibylline)… Si ça ne valait pas un Oscar, ça valait quand même le coup d’œil.
– « Proof »…
Passé un « Capitaine Corelli » un peu ridicule, Madden arrête les films d’époque et…
Filme quasiment un anti « Shakespeare in Love » : toujours Gwyneth Paltrow, toujours un récit féminin émancipateur, toujours un sujet parlant d’imposture… mais seulement 4 acteurs principaux dont quelques cabots – Anthony Hopkins, Jake Gyllenhaal – et pas tous présents en même temps. Dans un film contemporain en huis clos, pas fait pour être resplendissant, avec cette fois la magie des maths.
Et traitant de la dépression et d’une hérédité maladive.
Encore un beau rôle pour Gwyneth, un des plus grave et troublant dans sa carrière, malheureusement passé inaperçu – accessoirement elle y est plus jolie en étant bien moins pomponnée.
– « Killshot »…
Adapter Elmore Leonard, sous le patronage de Tarantino, qu’est-ce-qui pourrait mal se passer ? Miramax encore, enfin peut-être.
Et puis c’est un polar qui aurait pu avoir de la gueule, avec un Mickey Rourke à nouveau en état de grâce à cette époque, et de solides acteurs autour de lui – Diane Lane, Thomas Jane, Joseph Gordon-Levitt, Rosario Dawson…
Mais on n’y ressent pas la petite musique de Leonard, prenant le temps de raconter indifféremment le quotidien banal de personnages ordinaires (un couple de témoins qui ne savent pas s’ils doivent donner une nouvelle chance à leur amour), et d’autres plus insolites (un duo de tueurs incapables de véritablement aimer).
Encore un film se précipite, alourdi par l’omniprésente musique de Klaus Badelt, totalement hors-sujet dans une ambiance de polar westernien).
Au moins l’intrigue est menée à bout, les arcs narratifs sont bien exposés, les liens affectifs notamment…
Mais c’est un téléfilm.
– « L’Affaire Rachel Singer »…
Remake d’un film israélien, se passant sur deux temporalités, sorte de pré « Munich »… mais aussi de sous « Munich ». Parce que ni Miramax ni Madden n’ont les épaules assez solides pour raconter à leur tour une opération foireuse du Mossad, transformée en mensonge triomphal. Il faut un certain courage pour narrer ce genre d’histoire qui ne soit pas une autocritique, et pourrait donc vexer des sensibilités extérieures. N’est pas Spielberg ou « Mémoires de nos pères » qui veut.
Chose surprenante tout de même, le film va éviter le plus possible de faire des allers retours via des flashbacks, concentrant une grande partie du Passé dans un segment faisant presque la moitié du film.
Et qui sonne plutôt juste malgré quelques bizarreries de casting – Sam Worthington par exemple, jouant un être extrêmement fragile, obsessionnel, mais à l’allure de grand bébé lisse car ses cicatrices sont intérieures (et pourquoi Ciarán Hinds le joue âgé, alors que ce dernier ressemble plus à Marton Csokas ?).
Jessica Chastain commence à se faire connaître grâce à ce rôle, que Helen Mirren interprète dans sa version futur, et l’ensemble nous apparaît très vite comme un triangle amoureux entre des jeunes gens inexpérimentés – elle a été choisie à cause de son talent de linguiste et, on suppose, de sa condition biologique lui permettant une infiltration chez la cible de ses espions (joli retournement des conventions du film d’espionnage, lorsque l’intimité d’une femme fatale n’est pas représentée de façon sexuelle mais clinique).
Laquelle cible, à peine humanisée par sa femme, mais néanmoins Mal absolu, va transformer ce triangle en un carré (son intervention va aider à donner la vie, alors qu’il reste responsable de morts immondes). À ce moment le film est dérangeant, pose des questions inconfortables, use des huis clos pour faire vaciller ses personnages.
Puis on se retrouve avec une dette à payer des décennies plus tard, amenant à une dernière scène de baston complètement improbable, qui vient atténuer l’émotion résiliente du dernier personnage debout.
Comme si la logique du film se retournait contre lui : quoiqu’il arrive, on n’échappe pas à son passé.
– « Indian Palace »…
L’archétype du film de vieux acteurs, regroupés en maison de retraite pour vivre une dernière jeunesse, et offrir un peu de leur expérience à de jeunes sots.
Même sans Weinstein à l’horizon Madden précipite sa mise en scène, bardée de musique légère, ne traitant pas à fond tous ses personnages au point d’en faire disparaitre certains de l’écran faute de place (Ronald Pickup, dont l’arc narratif est bien pauvre comparaison à celui de Tom Wilkinson, très touchant).
Avec une résolution expédiée et tirée par les cheveux (bleus)… c’est toujours sans génie, correctement filmé sans être moche. Ça a le goût du Classique, avec ses pay-off à faire aboutir, et de beaux petits moments de sagesse bourrue et d’émotions… Une suite sera produite, mais ça sera juste une continuation, sans originalité.
– « Miss Sloane »…
Passé chez Europacorp, John Madden réalise… ben une pure production Europacorp.
Cynique, lourde, au scénario rempli de retournements se situation faciles, et des acteurs très bons mais destinés à se faire éclipser totalement par l’actrice principale et son personnage super forte, super inhumaine, mais qui a peur de faire mal aux innocents à un moment donné.
On croirait le pitch de « Lucy », mais là il n’y a pas l’excuse de la science-fiction : c’est un film censé être assez terre-à-terre, bien préoccupé par des problématiques réelles qui empoisonnent la vie des plus modestes, tout ça via la description des coulisses du lobbying (américain).
Sauf que Madden multiplie les coups en traitre, les chausses-trappes (certaines sont aisées à détecter – à taupe, taupe et demie), et à un moment donné il laisse le film se la jouer walk and talk en pilote automatique…
Parce que ça l’intéresse plus de s’intéresser à son monstre d’antihéroine (Jessica Chastain, un genre cinématographique à elle toute seule), ses petits instants où émerge sa conscience, jusqu’à ce qu’on comprenne qu’il s’agit surtout là d’un énorme suicide professionnel qui est mis en place façon panzer… Et que tout ce qui a trait au contrôle des armes, ou même à l’huile de palme, pfuit ! plus rien à fiche.
Où comment une femme-machine, excellente dans ce qu’elle fait et incapable de moralité, décide de s’auto-saboter en faisant ce qu’elle sait faire de mieux… en mille fois mieux (donc, pire).
La tactique la plus idiote au monde pour éviter une grosse dépression, et une éternelle vie de solitude. En plus, le dernier plan du film ne nous révèle même pas si ça a eu un quelconque résultat.
– « La Ruse »…
En gros, Madden revient à ce qui était son film le plus connu (mais à double tranchant), « Shakespeare in Love ».
Ça a beau être un récit véritable, déjà adapté une fois au cinéma par Ronald Neame – ça date – il s’agit encore d’une histoire de gens s’alliant pour créer une fiction crédible mais rocambolesque en un temps record (et une question de vie ou de mort).
Encore une flopée d’impostures, avec au centre un triangle amoureux mais cette fois c’est Colin Firth qui joue le romantique loin de femme et enfants, pendant que Matthew Macfadyen sera le jaloux ringard, et Kelly Macdonald sera la muse émancipée mais sensible.
Encore un « film dans le film », où l’imagination se nourrit d’interactions plus ou moins intimes, puis se confond avec la réalité et fait même émerger une sorte de miracle – ailleurs, dans un autre pays, un double romanesque attend quelque part, semble-t-il. Tandis qu’un autre sera un héros rédempteur malgré lui.
Quasiment le même film qu’en 1998, avec juste plus de gravité, de maturité… mais pendant la moitié du long-métrage. Après il s’agira quand-même de montrer la réception cahotique de cette fiction, la façon dont divers tiers vont orienter le regard des spectateurs censés y croire (Hitler quoi !). On passe alors de la comédie polardeuse à base de sacoches volantes, au film de résistance lorsque même des opposants allemands vont y mettre leur grain de sel…
Ok, les auteurs, le public, la métaphore on l’a – et ça fait écho aux influences déjà à l’œuvre dans « Miss Sloane », y compris pendant les interventions ponctuelles du petit cynique Ian Fleming.
Mais alors le film s’éloigne bien trop de la romance, et quand on y revient ça n’a plus du tout le même goût.
Il aurait peut-être fallu en rester uniquement à la préparation de la ruse, et laisser le reste suivre son cours hors-champ ? Résister à la tentation d’en rajouter des couches ?
Néanmoins ça reste un des films les plus honorables de Madden.
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– « Monkey Man »… Analyse complète sur la page dédiée, au Bar #247.
Un film qui est raccord avec son personnage principal : au début brouillon, sans but bien que plein de bonnes volontés.
Puis, plus tard, ayant les idées claires et fonçant droit vers son destin… en galvanisant toutes celles et ceux qui l’ont suivi, avec grand fracas et sans concessions.
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– Début de la troisième saison de « Broadchurch »…
Très belle entame, toute en délicatesse malgré un contexte lourd… Mais on sent venir les vilains rebondissements par la suite ?
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– « J’adore ce que vous faites »…
Le réalisateur Philippe Guillard, le Sud, les bons sentiments, et le combo classique d’une comédie légère et un peu touchante : une situation, un ou deux individus loufoques, un peu de gravité mais tout finit par s’arranger.
Le fidèle Gérard Lanvin dans son propre rôle, ce qui est de toute façon le cas à chaque fois (il compose pas trop). Comme dans la plupart de ses comédies en duo, il fait le bloc râleur, et laisse le champ libre au rigolo lourdingue de service, de Blanc à Dubosc etc… Là c’est Artus le grand gamin, se prenant tantôt pour Pierre Richard, tantôt Peter Sellers au début de « The Party », tantôt Jim Carrey et ses improvisations etc (jolie scène de répétition nocturne)… Mais hélas pas le Carrey de « Disjoncté », alors qu’il y avait tout pour rendre Artus aussi flippant que dans certains de ses meilleurs sketches
Avec un autre colosse rigolo dans les parages (le québécois Antoine Bertrand), le film évite soigneusement de virer au dézingage en règle des tournages hollywoodiens qui viennent camper en France, et rate même sa mère dimension Méta (on y cite plusieurs fois « Le Boulet »… sans se rendre compte qu’on est justement dans une comédie à boulet).
Film pour jeunes enfants et public calme.
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Lu :
– Dr Strange – pardon, Général Strange ! Un personnage prometteur ?
– Les Vengeurs en action dans un Passé proche, et face à un dilemme au Présent.
– Iron Man et Fall of X 2 et 3, et la Résistance s’organise – mais avec une Kitty surpuissante et énervée, Angelica l’a échappé belle – une cartouche scénaristique grillée, une !
– Moon Knight et Hunter’s Moon se préparent un défi plus ardu.
– Star Wars : Dark Droids met de côté les héros pour se concentrer sur les éléments perturbateurs.
30 avril 2024 at 12 h 01 min
« Borgo »… (Beau regard)
Après La Fille au bracelet, La Femme au collier d’or… Stéphane Demoustier semble ainsi dans la continuité de son précédent long-métrage, description des limites d’un système judiciaire, parlant de culpabilité, montrant un personnage féminin insondable, jugée pour son attitude plus que pour des actes qu’on essaie officiellement d’établir. Mais ici il va inverser absolument Toute la structure du film, ainsi que les types de personnages qu’on y croise – on passe d’un huis clos statique où parle beaucoup, sans tout savoir… à un presque huis clos très mobile, où tout se sait mais personne ne parle.
Même le thème de la trahison n’est pas traité de la même manière, etc etc…
Inspiré d’un réel double assassinat en Corse, qui aurait bénéficié de la complicité indirecte d’une surveillante de prison. Fait divers qui est présenté dès le début (mais après coup), le film se racontant sur deux temporalités parallèles, l’une d’entre elle étant une enquête sur ce meurtre dans un aéroport, à partir de vidéos prises sur les lieux.
Un petit effet à la Brian de Palma, une coquetterie de mise en scène qui apparaît comme facultative car on comprend très bien la finalité de tout ça, et ces séquences là ressemblent peu à l’expression de la Fatalité à venir… Mais plutôt à des parenthèses involontairement comiques, puisqu’on y montre Michel Fau et Pablo Pauly (deux acteurs dont les attitudes suscitent aisément la drôlerie) en train de galérer à trouver des images exploitables… jusqu’à ce que à la fin, il n’y ait plus de quoi rire.
Car entre-temps on y suit le parcours d’une antihéroine, se plaçant dans une série de films très remarqués du moment : ceux tournant autour des problématiques insulaires corses (chez Thierry de Peretti, ou « I Comete »)…
Et dans la continuité d’un « Ravissement », où l’on voyait déjà Hafsia Herzi jouer un personnage renier son éthique professionnelle à des fins égoïstes, jusqu’à s’enfermer dans une spirale de mensonges dangereux.
L’actrice est toujours fascinante à regarder, à entendre, à la voir bouger surtout puisque sa physicalité détermine une bonne partie de son personnage – en uniforme, ou en short et cheveux au vent, elle garde une posture solide et déterminé, alors que ses repères moraux sont quand-même en train de vaciller et que la nature exacte de sa complicité se précise de plus en plus.
Certes la mécanique de l’emprise criminelle sur une personne honnête et stricte (peu de sourires pour l’actrice, et c’est justifié), via une forme de sympathie envers des malfrats « au repos », c’est un ressort dramatique bien connu des polars.
Ici ça devient plus original lorsque le petit jeu de séduction se fait avec un voyou de bas étage, mais extrêmement calme et rusé – joué par le juvénile Louis Memmi, qui contraste fortement avec la galerie de costauds qui peuplent la prison. Idem avec un autre incarné par Cédric Appietto, qui se révèle très touchant à des moments cruciaux.
Original aussi quand on y utilise les particularités typiques de la prison de Borgo, où la circulation aisée devient un enjeu… Avec une très belle scène à base de chanson de variété retraduite, où chaque porte déverrouillée continue le chant (il y a quelques bonnes idées de mise en scène dans ce film).
Très vrai aussi quand on y utilise les particularités typiques de la Corse, et là on peut rapprocher le film du « Stillwater » de Tom McCarthy : immersion à la fois d’un réalisateur Et de ses personnages dans un milieu où l’intégration va mieux se passer pour une personne que pour une autre… en l’occurrence cette Mélissa (avec elle aussi un collier en or, qui a une petite importance scénaristique) est dès le départ montrée comme la cheffe de famille, très forte grâce à son expérience de vie personnelle et professionnelle, ne se laissant intimider par personne, et surtout pas des voisins intolérants.
Tandis que son compagnon, on en a la certitude au fur et à mesure que tombent des informations sur leur passé, passe pour quelqu’un de trop faible et passif, celui pour qui tout le monde se sacrifie afin de lui offrir de bonnes opportunités… Au risque de voir sa femme se détourner de lui, le considérer comme l’un de ses enfants (elle en a déjà deux) et préférer le frisson de corses qui ne laissent pas faire.
Faire exister ce compagnon joué par Moussa Mansaly, ça sera aussi l’une des grandes réussites du film à mesure que l’on se rapproche de la conclusion (et qu’on boucle la boucle)…
Et comme dans « Stillwater », pour y raconter les dégâts provoqués par un choc des cultures, où de faux espoirs rendent tous liens inconciliables, tandis que d’autres relations peuvent à nouveau être rétablies…
Puis le regard changera, mais la culpabilité restera, et c’est sur une émotion immense que tout finira.
7 mai 2024 at 12 h 01 min
Da F#ck Guy ?
Évidemment, adapter une série télé sur grand écran, ça n’est plus très excitant aujourd’hui. Encore plus si c’est une série un peu ringarde et assez bouseuse, du genre à alimenter les dimanches après-midis de TF1 par exemple (pour ceux qui rentrent tôt de la chasse ?). Pensons un peu à « L’Agence tous risques » (Hannibal qui a un autre emploi d’acteur de série Z) ou « Le Rebelle » (la reconversion en chasseur de prime clinquant), et on voit qu’il y avait quelques récurrences dans ces trucs rigolos…
Et surtout que le pitch originel était assez prometteur, mine de rien : un cascadeur de formation qui exerce aussi l’activité de chasseur de primes quand il n’a pas de boulot. Ces gens sont bien sûr des prolos, précaires. Ce métier est à la fois très exposé, mais il garde le visage de ces artisans dans l’ombre… ce qui en fait des espèces d’incarnations de super-héros, et en quelque sorte des cowboys modernes – la chanson du générique de la série lorgnait beaucoup là dessus.
Avec toute sa légitimité d’ancien cascadeur, est-ce que le réalisateur David Leitch va en faire quelque chose ? Non.
Toujours le même défaut de 87North Productions, leurs films ont des idées qui partent dans tous les sens, juste pour le plaisir des séquences de combats/cascades. Un peu comme dans certaines productions asiatiques, mais sans le côté exotique.
Ici on a une mise en abîme, un film (Kitsch et Snyderien) dans le film, deux acteurs (Ryan Gosling et Emily Blunt) facilement associés aux risques-tout masos et mélancoliques, blessés à la chair et au cœur. Ainsi qu’aux buddy movies amoureux…
Méta oblige, on a aussi un tas de références qui vont de Tom Cruise (respecté) à de faux Tom Cruise et Gale Anne Hurd (à ce qu’on dirait, en tout cas de sacré cons), de Julia Roberts (pour le romantisme, pas parce que elle a épousé un caméraman, donc un technicien de l’ombre) à des séquences cartoonesques, du fan service souvent poussif (le bruitage de « L’Homme qui valait trois milliards » à un moment, gratos, et les cameos un peu gênants)… Et des répliques et accessoires de films, des clins d’œil corporate au studio Universal.
Mais vous pouvez extrapoler là dessus comme vous voulez, y chercher des liens et associations d’idées… Au final, vous n’y trouverez pas grand chose de constructif.
Bref c’est un gros bordel, c’est pas toujours cohérent (« Miami Vice » version show de parc d’attraction, sinon ça serait incompatible avec l’âge de Gosling… et Blunt qui sait tout d’un coup se battre).
Et comme d’habitude chez 87North, ça a beau taper de partout dans de virtuoses scènes d’action, et laisser les acteurs improviser leurs répliques en roue libre (jusqu’au trop plein)… Hollywood reste quand-même suffisamment épargné par la critique, il ne faut fâcher absolument personne. Le scénario est sans surprise (un ou deux cadavres au menu, c’est tout), au point que même les protagonistes y vont de leurs commentaires là dessus.
La radicalité totale, encore absente chez Leitch et cie. On n’est ni au niveau du kamikaze « Tonnerre sous les tropiques », ni de la chronique rétro de Tarantino, ni même aussi cool qu’un Shane Black ni aussi morbide que « Deadpool 2 »- il y manque un auteur pur et dur, qui n’hésiterait pas à pousser le bouchon plus loin.
Pas même d’apartés un peu plus sociales, comme si le réalisateur avait peur d’ennuyer les spectateurs avec la présence d’instants réalistes. Juste quelques réflexions sur le milieu, le business, les codes, l’angoisse à l’idée de devenir obsolète…
Mais heureusement il y a dedans un petit fil rouge, une sorte de construction narrative qui fait que le film arrive encore à tenir debout. Même si difficilement, et des fois maladroitement :
Précisons donc qu’il s’agit avant tout d’un film Romantique. Et ensuite d’un film d’Action. Si vous vous attendez à un rythme soutenu, vous serez forcément déçu, parce que le but (involontaire ?) sera de voir l’Actionner policier parasiter la Comédie de remariage, s’opposer à elle (montage alterné, split screen).
Puisque l’héroïne, voulant devenir une grande metteuse en scène, cherche forcément le contrôle. Tandis que lui, cascadeur, sa vie repose quand-même beaucoup sur le chaos, le risque de mourir à tout moment.
Une façon de symboliser les relations amoureuses, voire même les relations homme/femme.
Et toutefois, à d’autres moments, on verra les deux genres filmiques réussir à s’amalgamer, comme dans la séquence d’ouverture en plan-séquence, qui a un vice caché…
Ou le dernier climax, qui passe d’un truc à la Mad Max, à de la chasse à la malette précieuse.
Et surtout une géniale course-poursuite en voiture, dont le découpage est frustrant au début… puis qui ensuite marie harmonieusement deux points de vue, sur fond de Phil Collins – beaucoup de chansons parlant d’amour dans ce film, cadencé régulièrement par un tube de Kiss.
C’est quand les scènes d’action reposent uniquement sur Gosling, sans Blunt, que le film est plus faible, qu’il lui manque ce contrepoint original.
Un long-métrage où on regrette le bon vieux temps, mais qui arrive à ne jamais être bêtement passéiste…
Assumant de raconter les doutes énormes d’une génération Y qui ne sait pas si elle en fait trop, ou pas assez…
Rendant hommage à toute une profession, en décidant d’être le plus attachant et optimiste possible.
Et en plus d’être spectaculaire, c’est même vraiment très drôle à divers moments.
Mais pour le scénario, il aurait fallu effectivement en faire plus.
Pas Fou, le Gars.