Daredevil : Rencontre avec Charlie Cox et Steven S. DeKnight !

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[Rencontrer les acteurs n’étant pas spécialement ma marotte, je laisse le clavier à Océane, qui a eu la chance et le plaisir de discuter avec Charlie Cox (Matt Murdock/Daredevil) et Steven S. DeKnight (le showrunner de la série) lors d’une table ronde en deux parties. C’était mercredi dernier, avec plusieurs journalistes/blogueurs, à Paris. Voici un résumé de tout ce qui a été dit, de toutes les questions posées. Merci à Océane pour ce compte-rendu et merci à Netflix France pour l’invitation !]

Un héros différent

Charlie Cox ne connaissait pas Daredevil avant de lire le script de la série. Il a trouvé cela très différent de ce que Marvel propose d’habitude. Outre l’ambiance sombre et dramatique, il appréciait l’idée de jouer un héros bourré de défauts. On apprend dans la saison 1 à le connaître avant qu’il ne devienne ‘The Man Without Fear’ : il est encore effrayé et on apprend également à connaître son environnement, sa ville. Concernant son rapport au personnage, Daredevil a peut-être fait ressortir quelques aspects de sa personnalité, mais rien d’inquiétant. Si vous voyez un homme se balader en costume rouge sur les toits de New York, ce n’est pas lui !

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Un succès garanti ?

Cox a bien eu des doutes avant d’accepter de jouer le personnage, mais il précise aussi qu’il a l’habitude de voir des projets échouer, alors qu’ils avaient tout pour réussir. Pour Daredevil, il pensait que la série serait au moins bonne si le résultat final était conforme au script. C’est le cas à ses yeux, et il ajoute que dans l’industrie, ce n’est pas souvent garanti… Ici, la garantie d’un succès n’était pas due au fait que ce soit un personnage Marvel – la question initiale évoquait l’échec du film avec Ben Affleck -, mais plutôt à l’atmosphère dénuée des caractéristiques super-héroïques habituelles, car l’on est davantage dans une série judiciaire où les relations, matures, entre les personnages comptent beaucoup. Il espère d’ailleurs que même les néophytes en matière de comics s’intéresseront à la série, car ils pourraient y trouver leur compte.

La préparation

Il a été casté pour ce rôle un mois seulement avant le début du tournage. Il a donc eu peu de temps pour se documenter sur Matt Murdock, pratiquer son accent américain, apprendre à jouer un homme aveugle et se préparer physiquement. Heureusement pour lui, il a toujours été très sportif, cela n’a donc pas été très difficile ; d’autant plus qu’il avait une doublure pour les cascades les plus compliquées, des cascades qu’il n’était pas autorisé à faire. Il s’est beaucoup amusé lors des scènes d’action et il ne s’est même pas blessé.

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Aveugle

Le plus dur à jouer, pour lui, aura été de prétendre qu’il était aveugle. La cécité de Matt Murdock est à la fois concrète, puisque ses yeux ne fonctionnent pas, mais également illusoire, puisque ses autres sens sont affinés. Aux yeux du public, il n’est qu’un simple avocat aveugle, mais en secret, il voit probablement beaucoup mieux son environnement que des personnes ayant la vue, d’une manière qu’on ne peut pas vraiment imaginer. Être privé de regarder les autres est un handicap, puisque c’est en regardant les autres acteurs sur le plateau qu’on peut interpréter et lancer une réplique d’une façon totalement différente. Joe, un consultant aveugle travaillant dans le cinéma depuis près de trente ans, était à sa disposition pour le guider.

Une touche d’improvisation

Il y avait peu de place pour l’improvisation, pour la bonne raison que les scripts étaient suffisamment solides sans qu’il y ait besoin de s’en détourner. Charlie Cox a tout de même apporté quelques idées à son personnage, alimentées par ses recherches sur Matt Murdock. Il a semble-t-il été soutenu par Marvel : le studio lui faisait confiance pour prendre soin de Matt. L’acteur prend alors en exemple une scène de l’épisode 4, dans son appartement, où il rattrape un objet que Claire lui jette. Il a proposé de rattraper l’objet alors que la jeune femme est derrière lui, pour montrer à quel point son rapport avec le monde autour de lui est différent.

L’audience

L’une des caractéristiques des séries Netflix, c’est qu’on ne sait pas exactement combien de personnes les regardent. Quelques heures avant la table ronde, un article de Variety a montré que Daredevil était la série la plus suivie sur la plateforme. Mais le plus important aux yeux de l’acteur, c’est de voir si les gens aiment la série, plutôt que de constater qu’elle est massivement regardée. Il n’a d’ailleurs pas à s’inquiéter, l’accueil qui lui a été fait, ainsi qu’au show, est jusqu’à présent très favorable. Cox ne semble pas vraiment rechercher la célébrité, même s’il comprend qu’on puisse la vouloir, et préfère continuer à tourner le plus longtemps possible.

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La saison 2

Enfin, quand on lui demande ce qu’il voudrait pour la saison 2, il répond : plus de romance pour Matt Murdock ! Il a été déçu de la tournure de la relation entre Matt et Claire dans la saison 1, mais il pense que le personnage n’est pas encore prêt à s’investir dans une relation amoureuse, car il est trop obsédé par sa quête en tant que Daredevil et n’arrive pas à concilier les deux. Il ne peut pas être vulnérable avec une femme, mais selon l’acteur, tant que Matt Murdock n’arrivera pas à être vulnérable avec ses proches, il ne pourra pas être le super-héros que l’on connaît.

La première fois qu’on le voit sincère et tel qu’il est, c’est quand Claire Temple le ramasse dans la poubelle. Il doit aussi reconstruire sa relation avec Foggy. Cela peut prendre du temps, et cela nécessite aussi qu’il fasse preuve de plus d’humilité. C’est un avantage qu’a Wilson Fisk sur Matt : le personnage de Vincent D’Onofrio peut compter sur Vanessa et sur Wesley. Matt fait pour l’instant tout ce qu’il fait tout seul, mais au fond, il a besoin de Karen, Foggy, etc. A voir comment la suite de la série va gérer tout cela…


La genèse

Au moment d’arriver sur le projet, Steven S. DeKnight était en train de travailler sur une série de science-fiction pour Starz, une chaîne qu’il connaît bien pour y avoir développé la célèbre Spartacus. Il connaissait déjà bien Jeph Loeb pour avoir travaillé avec lui sur Smallville, et Drew Goddard, l’un de ses collaborateurs sur Buffy contre les vampires et Angel. A l’origine, Goddard lui avait proposé de rejoindre l’équipe créative, mais DeKnight avait refusé.

Un an plus tard, lorsque Goddard est parti sur le spin-off The Sinister Six, il a été recontacté et a finalement accepté de lire les scripts pour s’immerger dans le projet. A l’époque, il n’y avait alors que trois scripts, et personne n’avait encore été casté. En dix semaines, ils ont dû terminer la saison entière. Mais les délais de production étaient très tendus, car si le tournage de Daredevil s’est fini en décembre, celui de A.K.A. Jessica Jones devait commencer en décembre.

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Inspirations

L’un des défis de la série était de garder un ton réaliste, que ce soit dans les combats ou les lieux utilisés. Cela permettait de donner un côté terre-à-terre, contrastant avec l’univers de fantasy/SF que l’on peut voir dans le reste des productions Marvel. Outre ses sens développés, Matt Murdock n’est qu’un homme banal, qui met un costume pour aller chasser du méchant. DeKnight cite notamment les deux volets de The Raid et Old Boy comme influences graphiques, loin des films où chaque acteur est équipé de câbles et peut bénéficier d’effets spéciaux pour améliorer le rendu des combats. Il voulait rendre les combats plus viscéraux et sales. Il y avait aussi l’idée que Matt n’est pas invincible, et qu’il est blessé, à de nombreuses reprises.

La violence

Marvel avait déjà l’idée de faire une série plus sombre et violente que d’habitude lorsque DeKnight est arrivé. Ils lui ont demandé d’accentuer ce ton, de rendre la série encore plus violente… et sanglante. Lorsque des discussions au sujet de la violence se produisaient entre lui et Marvel, il lui rappelait qu’au final, il a été le showrunner d’une série ne lésinant pas sur le sang (même s’il était mal fait et numérique). Selon lui, la série n’est tout compte fait pas si violente que ça. Les gens retiennent surtout quelques scènes marquantes qu’on ne pourrait pas voir dans un film Marvel.

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La réalisation montre davantage les ‘après-coups’ que les blessures en elles-mêmes, à l’instar de la scène du bowling dans l’épisode 3 : on ne voit aucune tête écrabouillée, juste le sang. Le reste de la série est si paisible que cela renforce l’idée d’une violence soudaine, et parfois inattendue. On ne peut pas montrer l’univers de Daredevil de manière objective si le sang ne coule pas et que les os ne craquent pas. Il prend en référence les histoires de Frank Miller, aux influences de film noir.

Premier sang (spoiler)

Il confie aussi que Drew Goddard a eu l’idée de la scène déjà culte dans laquelle Wilson Fisk décapite la tête de l’un de ses hommes, dans l’épisode 4. La scène faisait au départ deux minutes de plus, et DeKnight s’est battu pour garder ce fameux plan de la portière, qui scelle définitivement le sort du pauvre homme.

C’est qui le patron ?

La différence entre travailler pour Netflix et une chaîne de network : plus de liberté créative. On sent que DeKnight a pris beaucoup de plaisir à profiter du terrain que Netflix lui a laissé. Le vrai ‘big boss’ était Marvel puisqu’ils doivent gérer un minimum leurs personnages. Les seuls points de désaccord venaient du degré de violence de la série, et DeKnight a dû retirer plusieurs plans trop explicites.

Les références cachées

Concernant les easter eggs, il mentionne notamment Melvin Potter comme exemple pour montrer qu’il avait une grande liberté dans le choix des clins d’œil. Lorsqu’il demandait à Marvel s’il pouvait placer tel nom, ou signe à un endroit précis, on lui renvoyait une liste de noms potentiels. Mais certaines références étaient tellement pointues que lui, pourtant grand amateur de comics, ne les connaissait même pas ! Pour faire simple : s’il y a un mur, dans quelque scène que ce soit, il y a probablement un easter egg dessus.

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Univers partagé

Il pense aussi que cette première saison a été plus simple à gérer que le reste, car tous les acteurs censés jouer les Defenders n’avaient pas encore été castés. Il y a donc moins de personnages à placer, et moins de références. Krysten Ritter n’a été castée dans A.K.A. Jessica Jones que deux jours avant la fin du tournage de Daredevil. Il se compare à Jon Favreau sur le premier Iron Man : moins de pression à gérer, car moins de personnages à faire apparaître. La suite, pour les séries Netflix, risque d’être plus compliquée, puisque Luke Cage et Jessica Jones ont désormais un acteur. Et ce n’est plus qu’une question de temps pour Iron Fist.

Stan Lee

L’une des déceptions du showrunner : ne pas avoir eu de caméo de Stan Lee ! On voit bel et bien le père de la Maison des Idées sur une photo, sur laquelle la caméra s’attarde longuement lors d’un plan. Un caméo était pourtant prévu, mais Stan Lee est tombé malade et des conflits d’emploi du temps l’ont finalement empêché de pouvoir tourner avec eux. La seule fois où les deux hommes se sont croisés, c’était lors de l’avant-première d’Avengers : L’Ère d’Ultron, mais ils n’ont pas pu se parler.

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Le départ

Enfin, on a appris il y a quelques semaines que Steven S. DeKnight ne reviendrait pas pour la saison 2 de la série. Des tensions avec Marvel ? Apparemment non, puisqu’il s’agit d’un conflit d’emploi du temps. Il doit diriger un film très bientôt et il ne pouvait pas concilier les deux. Il est cependant impatient de voir la suite des évènements, et bien entendu, il ne peut rien révéler…

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La série Daredevil a été mise en ligne le 10 avril 2015 sur Netflix (VF et VOST), avec Charlie Cox (Matt Murdock/Daredevil), Vincent D’Onofrio (Wilson Fisk/le Caïd), Deborah Ann Woll (Karen Page), Elden Henson (Foggy Nelson), Rosario Dawson (Claire Temple), Bob Gunton (Leland Owlsley), Scott Glenn (Stick), Ayelet Zurer (Vanessa Marianna), Vondie Curtis-Hall (Ben Urich) et Toby Leonard Moore (Wesley).

32 COMMENTAIRES

    • J’avais déjà vu cette photo (sur le forum je crois), et je n’arrivais à rien distinguer.

      Mais là j’ai vraiment l’impression de voir Iron Spider, avec sa tête sur le côté gauche et comme un bras métallique de son costume au centre.

  1. C’est vraiment sympa de la part de Netflix d’organiser des entretiens en France comme ça !
    J’adore ce genre d’articles, il devrait y en avoir plus ! 😀

  2. Spoilers/ spoilers/ spoilers:

    http://www.fxguide.com/featured/casting-the-vendors-on-avengers/
    un gros dossier sur les VFX d’AVENGERS 2 😉

  3. arf c’est difficile de savoir si c’est vraiment le « monte en l’air » qu’on voit sur la photo mais on distingue bien ses yeux en tous cas…
    De la a dire que c’est Iron-Spider la je sais paaaas….

  4. Charlie a raison, moi aussi je voulais voir un peu plus de Claire si vous voyez ce que je veux dire!
    Sinon, très bel article, bien écrit, avec lequel on apprends pas mal de choses.

  5. C’est marrant cet easter egg SpiderMan…

    D’apres l’entretien, Kristen Ritter a été casté 2 jours avant la fin du tournage de Daredevil.
    On a eu la news du cast en Decembre 2014 donc on peut supposé que le tournage de Daredevil s’est terminé vers là.

    Hors, Spiderman a officiellement rejoin le MCU en Fevrier.

    Du coup Marvel a fait ce petit clein d’oeil sans avoir les droit du perso (ou alors ils avaient un accord en cours depuis longtemps et il restait juste les details à régler).

    Rien de bien fou ce n’est qu’un pixel au fond d’une image, mais je trouve la petite histoire marrante ^^

  6. (PLOT TWIST : Dyo est Océane)
    Merci à tous pour vos gentils retours ! Et merci à M. LTH de m’avoir envoyée à ces tables rondes vraiment très intéressantes 🙂

    Concernant les easter-eggs, lorsque j’ai posé la question à DeKnight, j’avais mentionné l’affiche faisant référence à Civil War dans le commissariat, et à la fameuse photo de Spidey mise par le boss dans l’article. Mais bizarrement, il est resté stoïque sur le sujet et a évité d’en parler dans sa réponse… ^^

    • Petite précision avant que tout le monde s’emballe : l’affiche ‘You don’t have to reveal your identity to help solve violent crimes.’ ne fait pas référence à Civil War. C’est juste une affiche très commune, qu’on retrouve dans de nombreux commissariats américains.

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