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La franchise The Walking Dead fait sa rentrée… pour la 26e fois ! La chaîne AMC a diffusé hier soir le premier épisode de la saison 2 de The Walking Dead : Daryl Dixon. La France est toujours à l’honneur, avec un Norman Reedus qui n’est pas près de lâcher l’affaire : « Je peux dire que le season finale de la saison 2 est la meilleure heure de The Walking Dead jamais produite. Je l’ai déjà dit dans la presse. Je le maintiens. C’est époustouflant. » Sans transition, les fans de Stephen King seront à la fête jeudi avec la mise en ligne sur Max du film Salem’s Lot, signé Gary Dauberman (Annabelle : La maison du mal). Enfin, nous avons appris hier la mort de l’acteur-chanteur Kris Kristofferson à l’âge de 88 ans. R.I.P. à celui qui a incarné Abraham Whistler dans la trilogie Blade, soit le premier mentor des films Marvel. Sur ce, à vos claviers pour vos vu/lu/bu et très bon début d’octobre à tous !
Cette saison reprend là où la saison 1 s’est arrêtée, en suivant les personnages préférés des fans, Daryl Dixon et Carol Peletier. Ils affrontent tous deux de vieux démons alors qu’elle se bat pour retrouver son ami et qu’il lutte avec sa décision de rester en France, provoquant des tensions au Nid.
— James Gunn (@JamesGunn) September 29, 2024
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La série The Walking Dead : Daryl Dixon revient à partir du 29 septembre 2024 sur la chaîne AMC, avec Norman Reedus (Daryl Dixon), Melissa McBride (Carol Peletier), Clémence Poésy (Isabelle Carriere), Louis Puech Scigliuzzi (Laurent), Romain Levi (Stéphane Codron) et Anne Charrier (Marion Genet).
Le blockbuster de la rentrée risque d’être Chinois.
En tout 749 Bureau va faire parler de lui. Déjà parce qu’une partie des FX utilise l’IA. Mais ça a l’air d’être aussi un gros film de monstres. Mais qui va changer des kaijus japonais.
Le trailer envoie du lourd.
https://www.youtube.com/watch?v=vrA8KeMZjMg
Et vous pouvez en apprendre plus là dessus.
https://mydramalist.com/59403-749-bureau
Vivement que ça arrive chez nous.
« Cette saison reprend là où la saison 1 s’est arrêtée » qui a écrit ça ? 😂
Et n’oublions pas aussi Maggie Smith (Pr McGonagall).
Batman et TMNT : Fusion. Concept bien trouvé (chapeau d’avoir trouvé la relation tortue/Robin niveau caractère). Dommage qu’on passe rapidement sur ce statut-quo. Et du coup, je ne suis pas fan de menace multiverselle qui fait trop cheaté et tiré par les cheveux. Mais c’est fun à lire.
Ce matin La saison 2 de Daryl était dispo intégralement sur l’application Canal +.
Sans doute une erreur, ils n’y sont plus.
Par contre ils sont dispo sur les sites de stream…
Hâte de retrouver Carol 🙂
J’ai dévoré Geiger et Joe du Unnamed univers de Geoff Johns et c’est vraiment bon.
Là je termine The Nice House Of The Lake et ça claque.
Je comprendrais jamais les retards sur JSA chez Dc alors que Johns est hyper productif chez Image avec Geiger et tous les titres annoncés…
J’ai regardé Culprits : arnaque à l’anglaise sur Disney + et c’est vraiment bon. Casting, histoire et mise en scène géniale. 8 épisodes pour une histoire complète bien prenante:) je vous conseille d’y jeter un œil.
Petite vague de licenciement chez Paramount France… Cette erreur sera fatal.
pour ça, il faudra qu’il y ait des audiences retentissantes de cette série, dans les pays francophones. Donc, y a pas grands dommages.
RIP Kris Kristoferson. Je l’ai toujours confondu avec Nick Nolte qui a sensiblement le même âge.
Il incarnera toujours pour moi cette figure paternelle dans Blade.
Enfin rattrapé la série Dark .
Excellent de bout en bout mais une question qui je ne sais pas si elle est restée sans reponse qu’on airait eu sans le savoir dans des épisodes précédent :
– Tannhaus active sa machine à remonter le temps pour sauver son fils, sa petite et sa belle fille ce qui créé le noeud . Sa machine fonctionne pourtant c’est Jonas et Martha qui les sauvent. Il a foutu quoi du coup Tannhaus ?
Il a tout foutu en l’air. Ça l’a tué je crois.
Il faut que je remate cette série, elle est vraiment puissante.
Beaucoup plus que « Blade », Kris… 🙏
Vu et revu :
Fin de la Spéciale Michael Bay/Christopher Nolan, troisième partie…
– « Le Prestige »…
Un double malentendu sur ce film, adaptation d’un roman d’un autre Christopher (Priest) :
Déjà son manque de succès, dû surement au contexte Victorien de l’histoire, pas nécessairement attirante – et Christopher Nolan se soucie toujours de vouloir se mettre le public dans la poche.
Et c’est aussi un film qui n’est pas complètement raccord avec son sujet, puisqu’il ne tient pas toutes ses promesses… Alors que l’histoire originelle repose justement sur les principes de la prestidigitation : Promesse, Tour, Prestige.
Au moins Nolan évite de chapitrer en 3 avec des titres, ce qui serait impossible avec le déroulé du film qui mélange encore Présent, Passé, et Passé plus lointain via un récit en poupées gigognes.
Belle reconstitution d’époque, des acteurs superbes où le thème du Double est exploité jusqu’à l’os – Christian Bale et Hugh Jackman y donnent tout, et il y a de quoi en perdre la tête… alors qu’en face les femmes (Piper Perabo, Rebecca Hall et Scarlett Johansson) sont des sacrifiées, utiles à l’histoire.
Mais comme tout le monde reste enfermé dans une logique de rivalité et vendetta, dont les points de vue sont biaisés… on est bien chez Nolan.
Michael Caine est toujours un passe-plat savoureux, David Bowie (qu’on entendait dans le générique de fin de « Memento ») est un Tesla flamboyant.
Une superbe BO, qui sonne souvent comme du Howard Shore…
Mais la séparation de Nolan et du compositeur David Julyan sera une perte pour le cinéaste, tout comme celle avec James Newton Howard… parce que leurs musiques amenaient une touche d’humilité et de sensibilité qu’on retrouvera moins par la suite, avec tout le côté lourd des Zimmer et cie.
La tension monte et monte, et le film trouve tout son sens dans son ultime scène, magnifique :
Pour tout ce qui concerne la continuité nolanienne, il y a ces dialogues qui bouclent presque la boucle avec celui entre Bruce Wayne et « Ducard » au début de « Batman Begins »… Jusqu’à reprendre les mêmes termes « vous avez parcouru le monde »… « si vous pouvez les duper, alors vous découvrirez… ».
Tout un discours sur la création artistique, ce que ça insuffle dans le cœur de ceux qui y assistent (l’Inconnu, qui génère aussi bien la peur que la fascination)…
Et pour arriver à ça, il faut souvent sacrifier une part de soi – et des fois, des personnes proches, hélas.
Mais on dirait que Nolan, à la fin, se désolidarise un peu de cette façon de penser (même s’il va la réitérer dans plusieurs films suivants, ceux parlent du processus de création)… parce que ça ne vaut pas toujours le coup de faire de si gros sacrifices, si c’est pour finir ensuite misérablement.
Encore que dans le cas présent, c’est l’orgueil, et la vengeance (une des thématiques des Batman) qui ont perdu Freddy Borden et Robert Angier, tandis que Alfred Borden n’a rien fait pour calmer le jeu… c’est l’histoire d’un beau gâchis puisque à eux trois, ils étaient complémentaires – entre celui qui avait plus de talent dans la mise en scène, et ceux qui étaient naturellement doués pour les tours.
S’ils ne s’étaient pas séparés à cause de l’initiative malheureuse de l’un d’entre eux, ils auraient été imbattables.
Et Nolan lui-même alors ? Pour l’instant il semble s’en sortir en n’étant pas seul… mais avec ses collaborateurs habituels et fidèles, il n’a pas beaucoup de contradicteurs, lui permettant de se remettre régulièrement en question.
– « Inception »…
Tout et son contraire a déjà été dit sur Inception (virtuosité de la mise en scène contre scénario roublard et alambiqué), il convient de s’attarder sur les thématiques abordées sur tout le film.
D’abord au niveau des références Chris Nolan continue à montrer son amour des films de James Bond à travers son esthétique smart, ses gadgets et autres femmes fatales…
Toujours son idée fixe du processus dans ses scénarios, même si on peut trouver à redire sur l’idée d’utiliser des définitions psychologiques reconnues comme si c’était des outils… alors qu’il s’agit d’interprétations de l’esprit humain, qu’on ne devrait pas si facilement rationaliser…
Toujours aussi ses obsessions pour la duperie, le mensonge et la mise en abîme de l’intrigue. Sans compter ses séquences en montagne, rituelles depuis « Insomnia », et ses acteurs des 80’s qu’il aime bien ressortir du placard (comme Rutger Hauer, Eric Roberts et donc ici Tom Berenger).
Le plus intéressant dans ce film n’étant pas ce qu’il raconte mais la manière dont il s’y prend pour nous montrer de manière originale un film de casse et sa préparation. On le sait, ce genre de film a un gros potentiel immersif dans le sens où un braquage (même si là c’est plutôt une extraction) repose sur une totale mise en scène par les protagonistes de leur personnages et/ou des décors. Avec les équivalents du réalisateur, du producteur, du scénariste, de l’acteur (même s’ils jouent tous), de la chef déco. Et une bonne fiction, c’est une création qui te fait croire à quelque chose de faux.
Exemple qui peut se décliner dans les films de Jules Dassin et les « Ocean’s » autant que dans la série tv « Mission Impossible » (l’idée de rentrer et de sortir d’une pièce sans avoir été repéré).
Évidemment c’est le classique « film dans le film » sauf qu’à cela s’ajoute la « science des rêves » qui offre un autre palier, plus onirique, à l’histoire et à la réalisation. Même si ici les personnages sont totalement conscients d’évoluer dans une fausse réalité – contrairement à « Matrix », ils ne peuvent pas directement y mourir – mais restent menacés dans leur mission par leur subconscient (voir les cousins récents « Shutter Island » et « Sucker Punch »).
Disons que le plus déconcertant n’est pas que, à l’instar de « Memento », le film commencerait par la fin, mais plutôt que ça y soit le cas de tout cet Univers, racontant une réalité parallèle (tout ici a l’air contemporain) comme peut aussi l’être Gotham, où le rêve est capable d’être « domestiqué » depuis des années. Au point que s’il y avait eu des suites, elles pourraient même probablement se dérouler à rebours des évènements décrits. Dommage que ça ne soit jamais arrivé, il y avait matière à étendre ce monde. Mais comme Nolan nous montre un aboutissement avant sa construction, il grille définitivement toutes ses cartouches en une fois – et y met un point final contrairement à ce que laisse entendre la fin : bien qu’on reste du point de vue de Cobb (narrateur non fiable, au même nom que dans « Following »), la toupie ne peut que tomber… car le film est fini à ce moment là, plus de rebondissements.
Juste une taquinerie pour les spectateurs qui en veulent plus (ou trop)… et se prennent eux aussi une petite inception, une idée fixe…
Finissons en pointant certaines particularités chez les acteurs, voulues ou non par Nolan, qui continuent d’entretenir cette impression de Rêve éveillé à la vision de « Inception » :
DiCaprio, toujours obsédé par son mariage après les « Noces Rebelles » et « Shutter Island » ;
Ell(iot)en Page/Ariane jouant avec Dilep Rao, qui aurait dû être son partenaire dans « Jusqu’en Enfer » (descente dans les Limbes, bien entendu) si le temps l’avait permis ;
Marion Cotillard (qui aurait pû être une bonne Catwoman) liée à nouveau à Édith Piaf ;
Joseph Gordon Levitt dont le visage sembla avec la maturité se métamorphoser en celui de…Heath Ledger.
– « Interstellar »… (Christopher Nolan, L’Evolution)
Pour mieux en rendre compte sur « Interstellar », on peut analyser le film en se basant sur une des particularité de toute la filmographie de Christopher Nolan : la dualité.
Et donc ici, nous aurions:
La Tête :
Comme dans tout bon film de SF de ce genre, la science confirmée et/ou théorique (avant une quelconque réfutation) y est au service de l’imagination, pour une réflexion profonde alliant la relativité du temps et la gravité – tellement prononcée comme un mantra qu’on dirait une pub pour le film (Warner) de Cùaron – avec la destinée humaine, sans lorgner sur trop de « préchi-précha » à la M. Night Shyamalan néanmoins. Et aussi bien plus accessible au gens qu’on ne le croirait. On peut rassurer, le film est globalement simple à comprendre, la mission et ses étapes y sont exposées assez limpidement. Sauver le monde tout de même, on le comprend bien.
Comme pour Gotham et l’univers d’ »Inception », Nolan est un bien un maître pour créer des mondes dystopiques, où tout a fini par aller de travers et où le désespoir est tel qu’il recquiert des hommes de Bien pour y venir à bout. Toujours avec le moins de manichéisme possible, le bon cohabitant sans peine avec mal.
On pourrait tout de même être déçu que seul les USA (et leur base-ball, le retour du vieux Dust Bawl et de la Grande Dépression etc…) y sont seuls dépeints comme nation terrestre active. Rapport aux pionniers américains (c’est un peu un Western, avec une chasse au drone qui tient de la capture d’un pur-sang) et à la NASA bien sûr… Question de point de vue mais si c’est presque normal pour un auteur à moitié anglais d’y aller de la critique d’un Système, autant ne pas laisser les autres responsables du Monde sur la touche ?
Étrange monde arriéré qui , en plus d’avoir régressé, est surtout atteint d’inertie totale. Un avertissement capital pour le grand public et pour notre société.
Car entre notre époque, puis celle à partir duquel part Cooper, et celle dans laquelle vivent ses enfants adultes, il n’y a pas de grandes améliorations, pas d’évolution bénéfiques, rien que de la survie.
Normal, on passe tout le temps sur Terre dans un MidWest loin de toute grosse urbanisation, sans repère temporel pour situer une époque.
Alors ça rejoindrait en partie l’idée de la Fin de La Métropole pour l’Humain, esquissée déjà dans la Gotham corrompue et à chaque fois à deux doigt de tomber, dans la TDK trilogie.
Comme autres menus défauts, on peut aussi citer le fait que l’espace immense, beau et prometteur, y est souvent trop occulté à la vision par les créations humaines (le centre du film évidemment) ;
Qu’un acteur secondaire ne trouve son utilité qu’en étant une métaphore du sacrifice, et un autre de la folie maladive ;
Ou cette bizarrerie, pour un réalisateur au style souvent « froid », d’avoir un robot dont l’humour est programmable en pourcentage (humour dont ne manque pas les humains en retour).
Mais par là, on en passe aussi par de réjouissantes références à d’autres films aussi bons : et donc si « 2001: l’Odyssée de l’Espace » de Stanley Kubrick nous vient facilement à l’esprit, ce n’est pas tant par son style sec et intello, mais plus par le fait que le robot TARS soit ainsi une IA sarcatisque en forme de mini… monolithe noir ! Faut le faire, hilarant !
On peut aussi nommer déjà comme référence assumée « L’Etoffe des Héros » de Phillip Kauffman, pour le coté pionniers de l’espace/hommes avec famille au sol ;
Les films « Solaris », surtout la version de Steven Soderbergh dont la BO de Cliff Martinez, toute en petites touches, est assez proche de ce que Hans Zimmer a composé (avec plus de passages grandioses quand même) pour « Interstellar » ;
Un peu du « Contact » de Robert Zemckis (avec déjà Matthew McConaughey), pour le coté « plausible », le conseiller scientifique Kip Thorn étant ici un peu l’équivalent de Carl Sagan ;
Et un peu du « Sunchine » de Danny Boyle aussi pour l’idée de sauver le monde de là haut, avec là aussi un équipier psychopathe de trop.
La sobriété de son scénario (il condense mais ne multiple pas les arcs narratifs) est au diapason d’une image très très belle (en pellicule et IMAX), et d’un rythme qui nous immerge en prenant son temps. Techniquement d’ailleurs tout est bien fichu, comme le plus souvent chez Nolan, sans trop manquer de surprise, ce qui est assez talentueux pour le souligner. Tout cet habillage au service, cette fois, des acteurs qui sont pour le film…
Le Coeur :
On le sait, Steven Spielberg devait revenir à la SF grâce à cette histoire, y compris dans un genre familial qu’il a soumis comme donnée principal à son scénariste, Jonathan Nolan, frère de, avant le passage de relais. Celà permet enfin au réalisateur d’explorer un sentier émotionnel d’une autre façon que dans ses précédents opus.
Car avant ça, les émotions chez Nolan y étaient souvent synonyme de perte chez ses héros, manipulées par autrui (ou par leur subconscient troublé) lorsqu’ils ne s’y attendaient pas. Ou responsables de leur colère égoïste.
Là l’émotion est le carburant de tout le film et des héros qui, faute de mieux, s’y référent à chaque fois qu’ils plongent de plus en plus loin dans l’inconnu. Quitte à être un chouïa maladroit à un moment où l’Amour essaye d’y être quantifié, provoquant un bref déséquilibre du film qui peut en perdre certain. Mais peu de dégats à ce niveau, ni trop de gnan-gnan, il se rattrape.
Matthew McConaughey, devenu maintenant le sosie physique et artistique de Paul Newman, est très bon comme depuis quelques temps, loin de toute performance mais à la fois solide en explorateur un poil cynique comme sensible en père de famille éploré. Et dont la distance, contrairement aux pères dans « Le Prestige » et « Inception », est plus déchirante car plus démonstrative. Avec justesse heureusement. Le Héros Américain dans sa splendeur – il y est question de courage, mais aussi de petite critique de la masculinité (le Dr « Mann »).
Anne Hattaway en est son pendant presque inverse (fille de au lieu de parent), aussi à l’aise dans l’action que la réflexion intelligente, mais bien plus à fleur de peu. Avec une micro amorce romantique pour elle et lui, au delà d’une amitié platonique. On aimerait en voir plus, c’est sûr.
Jessica Chastain joue aussi une « fille à papa » elle-même intelligente, têtue et cynique (son « tu veux perdre un autre fils ? » est glaçant), et un enjeu scénaristique capitale car pas seulement comme balise pour Cooper (Murph = Earth, fastoche).
Bref ils sont le trio indivisible (même si l’une n’apparait qu’au bout de 50 minutes) qui porte tout le film, sans exception. Ainsi, les autres acteurs peinent un peu à être plus mémorables, exception bien sûr de la plus jeune Mackenzie Foy, touchante et jamais énervante, preuve que Nolan sait aussi diriger les enfants plus que nécessaire (dommage qu’il ne l’ait pas fait plus tôt dans ses « Batman »). Et les patriarches John Lithgow, vieux débonnaires, et le fidèle Michael Caine, à nouveau roublard qui a des choses sur le coeur.
Et du sympathique Bill Irwin/TARS… aussi bien « physiquement » que vocalement.
Grâce à tout ça, « Interstellar » est un grand film d’aventure, pas le meilleur car particulier dans sa forme, mais qui réussit à nous emmener vers une forme d’espoir en l’avenir par des moyens inattendus.
Et pour ceux qui se frustreraient que l’histoire semble s’étirer un peu trop en longueur après que celle-ci ait bouclé la boucle, Nolan nous cueille en relançant cette boucle vers une nouvelle aventure. Ce qu’on pourrait définir par :
« Vous pensez être arrivé au bout, mais ce n’était que le début de quelque chose de plus grand » (dont une romance à la Adam et Ève).
Splendide !
– « Dunkerque »…
Encore un film qui semble contaminé par l’esprit de Steven Spielberg…
Car si Christopher Nolan fait son propre film de Seconde Guerre Mondiale, centré sur un petit groupe de personnages, une mission et un énorme rassemblement sur une plage, ne pas croire que c’est uniquement pour se confronter à la violence viscérale du « … soldat Ryan ».
Déjà parce que Nolan n’en a absolument pas l’ambition, lui qui va longtemps s’interroger sur la possibilité de faire un film d’horreur. Et puis quitte à montrer un champ de bataille barbare, autant prendre un autre contexte (comme l’a fait Mel Gibson avec « Tu ne tueras point »).
« Dunkerque » sera plus Survival que film de Guerre (très peu de bataille, que de la fuite). Il sera aussi Suspense et morts, mais ni boucherie, ni leçon d’histoire puisque le scénario va être épuré au maximum – ça sera son plus court film depuis longtemps – sans montrer le moindre allemand et avec quelques français se battant (très bon complément de « Weekend à Zuydcoote »).
Sur ce dernier point il se met bel et bien dans les pas de Spielberg, dont le point de vue est aussi le credo : quoi filmer ? comment et pourquoi ?
Pour l’auteur il y aura l’image de cette jetée avec tous ces soldats attendant en fil indienne, qui va stimuler son travail visuel et créer des plans lorgnant sur le cinéma muet, sur du Sergueï Eisenstein etc… Ultra immersif avec ses cadres dans le cadres, la gestion des foules, jouer avec le IMAX (« cette fois, je fous la caméra sur une aile d’avion »), quelques expérimentations zimmeriennes (le tic tac), et le montage bien sûr.
Le comment, ça sera justement via le montage grâce à ce dispositif de triple temporalités, simple à comprendre pour le grand public : Terre-Mer-Air = Semaine-Jour-Heure. Un autre puzzle à remettre tout seul dans l’ordre, inconscient pour les personnages du film, comme un jeu de piste géant où on attend le bon moment où chaque strates va télescoper une autre. Puis que les trois se rejoignent en même temps, avant de se séparer à nouveau.
En attendant on a encore des personnages bloqués dans un Temps Relatif, et dont le But personnel (et émotionnel) est de rentrer au plus vite dans leur Foyer, près de leur famille.
Un nouveau volet d’une sorte de Saga sur les Limbes (après celle sur la Paranoïa, et la TDK Trilogy), arrivant pile au moment du Brexit et de la crise des migrants, et son lot de cadavres échouant sur les plages.
Également trois figures principales représentant Jeunesse-Adulte-Maturité (les trois âges de l’homme – les femmes sont quasi absentes, ne reste que la Mère patrie), et autant de points de vue où encore une fois il est question de courage (un pilote joué par Tom Hardy devient héros masqué invincible) mais aussi de lâcheté, sans que l’on y juge les personnages pour leurs actes.
Ainsi qu’une conclusion qui va justement raccorder avec du John Ford (donc par ricochet Spielberg), où le jeune soldat quasi anonyme (Fionn Whitehead) voit ce que son comparse a manqué – le vieil homme ne baisse pas les yeux de honte, car il est aveugle – Point De Vue…
Où un criminel malgré lui n’est plus qu’une ombre dans la foule, et un enfant qui n’a absolument rien fait a droit à un hommage iconique…
Et où une déclaration de Churchill requalifie un échec en repli victorieux pour ceux qui ont survécu… afin de mieux aller se faire casser la tête dans un autre conflit.
Cut. Noir. Mais ce n’est pas fini, Nolan ajoute l’ultime image du jeune soldat et de son regard désabusé en relevant la tête de son journal.
Lui n’est pas dupe de l’histoire glorieuse qu’on raconte… Il connaît la vérité.
Terrassant !
– « Tenet »… (À l’étape, Tenet, épate-la !)
Quel est le but de tout ça ? Pour faire le plus simple possible, diverses étapes à observer… dans l’ordre.
D’abord, livrer à l’habituelle Warner un blockbuster bien fichu et complexe, un peu Old School, qui met les critiques dans la poches. Ça, Christopher Nolan sait faire, et il aime l’exercice formel et narratif surtout.
Dans la continuité de son « Dunkerque », une expérience sensorielle qui se libérerait de plus en plus des contraintes narratives les plus usités… Sauf que « Dunkerque » n’ayant pas été un grand carton (trop incompris), autant viser sur un style ayant lieu de valeur sûre.
Nolan a fait sa jeune éducation cinephilique grâce aux films « globe trotteurs » de Hichcock et des James Bond (du style, mais pas toujours de réel sens) ? Ça sera donc un thriller d’espionnage nerveux, lorgnant aussi sur du Michael Mann et ses hommes professionnels, bien fringués et insatiables planificateurs…
Comme « Inception », son plus gros succès hors Batman, l’était déjà.
Du pur Bond : préambule (et vraie fausse mort), briefing, passage chez « Q », arrivée d’un allié à la Felix Leiter, rencontre avec La Femme, puis avec un méchant mégalomane, course-poursuites, chasse à l’engin nucléaire, coup de main de forces armées… Tout y est, mais sans cynisme, avec un personnage qui se préoccupe de sauver des innocents, et une touche de John le Carré pour la mélancolie.
Autre auto référence, son premier long métrage, « Memento » – ou plus précisément sa scène d’ouverture, où le temps passait à l’envers.
Ce dispositif existait déjà au tout début du Cinéma, dès les Frères Lumières avec le film « Démolition d’un mur » (1896) – c’est même l’un des tout premiers films à effets spéciaux. Plus tard, dans ses propres films Jean Cocteau utilisait aussi cet effet de Marche arrière pour simuler la Magie. Et Les Nuls pour des sketchs amusants et très techniques… Des exemples comme tant d’autres – de toute façon si Nolan est aussi obsédé dans sa filmographie par le concept du Temps, c’est tout simplement parce que dans l’idée de Narration, qu’elle soit Orale, Écrite ou Visuelle, tout repose beaucoup sur le Temps. Car dans la structuration en chapitres, ou au montage, et même d’ailleurs dans un récit qui serait raconté en temps réel, une histoire est forcément compressée et donc n’est pas complètement un reflet de la Réalité, mais une Alter Réalité, tenant dans le creux d’une main.
Et donc si on considère les scènes à l’envers comme un effet spécial, pourquoi ne pas l’intégrer au sein d’une action normale comme s’il s’agissait d’un effet en images de synthèse ?
La réponse est Oui, la preuve dans le combat final du film « Docteur Strange » de Scott Derrickson – qui a d’ailleurs un certain cousinage avec « Inception ».
Même topo ici, mais en étendant dans le dispositif à d’autres types de scène d’action : coups de feu, poursuite en voiture, corps à corps et attaque de soldats, donc film de Guerre (temporelle, mais secrète)… Un festival de méli-mélo, à la chorégraphie complexe, incluant aussi le montage alterné.
Avec tout ça, on a à nouveau un long métrage d’action « Puzzle » (ou Labyrinthique, comme le logo de sa société de production Syncopy) qui vaut le coup d’œil, qui n’est pas banal du tout.
En théorie, du pur Cinéma, kinetique, remuant…
Sauf que…
Nolan fait peut-être l’erreur de croire qu’il faut aussi raconter une histoire très intéressante et « Consciente » – censée être le reflet du monde actuel… Parce que tous les films à gros budget sont censé avoir cette responsabilité.
Du coup, l’intérêt de ne nommer le (super) héros principal que sous le simple nom de Protagoniste, et de nous jeter très vite dans une action intense et sans queue ni tête, s’estompe un peu avec l’entrée en scène du méchant du film et de son entourage, qui prend un peu trop de place et donc de temps sur le long-métrage.
Certes, Kenneth Branagh rejoue quasiment le même rôle que dans le dernier film « Jack Ryan »…et ses motivations le placent entre un bon vilain de Bond et Thanos, avec un soupçon de logique tordue à la Joker (de Ledger) lorsqu’il veut pousser sa femme à le haïr et le tuer pour mieux être le « vainqueur ».
Seulement, bien qu’il soit anglo-russe…
Un blond arrogant, carrément Réac, capable de gruger tout le monde à l’avance, aux pouvoirs sans limite et qui en plus est violent avec les femmes ? Ne cherchez plus, c’est encore une référence Donald Trump (et à une catégorie d’homme en particulier).
Son réel Antagoniste est donc sa femme, jouée un peu à la Hitchcock par Elisabeth Debicki, qui devra se venger de ce porc et reconquérir sa féminité… Sans que tout ça ait un lien thématique avec l’Enjeu central du film.
D’où problème lorsque le film veut aussi raconter une histoire d’amour allant à contrario de la mission du héros, l’obligeant à en dévier et à prendre un risque. Bien que le film fonctionne aussi sur des contradictions, ici ce Romantisme ne fonctionne pas aussi bien que dans le (déjà) polar temporel « Déjà Vu » (!) de Tony Scott – dans lequel jouait le père de John David Washington, Denzel.
Sûrement parce que Elizabeth Debicki est une actrice un peu trop impressionnante pour que n’importe qui ne puisse pas tomber amoureux d’elle. Et qu’en fin de compte, elle n’a pas complétement besoin du héros
Mais ça n’a rien d’inhabituel, Nolan ne sachant pas encore écrire de rôle de femmes autrement que comme des archétypes (soit fatales, soit pures).
De plus, l’étape Réflexion chez Nolan tombe à plat en général un film sur deux, la faute à des lourdeurs, surtout quand ça flirte avec la Politique où la Philosophie.
À la limite on peut avoir quelques frissons d’actualité lorsque on voit une salle de spectacle être confiné dès les premières minutes du film, ou bien les personnages obligés de se déplacer avec des masques à oxygène (tout ça est pourtant involontaire)…
Et d’un point de vue méta, si Robert Pattinson y joue les doubles de Nolan (de manière plus décontracté que DiCaprio dans « Inception »), on peut s’amuser aussi de voir Aaron Taylor-Johnson se prendre pour… Tom Hardy – et Ludwig Göransson pour Hans Zimmer (comme plein de compositeurs en fait).
Bref, à vouloir trop danser à la fois sur le pur visuel et aussi sur le trop scénarisé, Nolan n’arrive pas au même équilibre que ses meilleurs films ou même à l’épure de « Dunkerque ».
Il en résulte que pendant toute l’histoire, on peut être trop tenté à chaque nouveau détail révélé de se faire trop vite une idée de la direction vers laquelle Nolan nous entraîne. Surtout avec le style de l’auteur.
Si par exemple, l’Identité des films Marvel repose sur un langage rapide et versatile, amenant l’attachement aux personnage de manière ludique (le legs du dialoguiste malicieux Stan Lee), quelle que soit la nature de l’action… chez Nolan il est clair que ce langage, émaillé d’un tas d’inventions techniques, repose plus sur ce qui n’est pas dit, donc sur le mystère et les sous-entendus.
Or si on se risque trop à réfléchir aux conséquences de chaques nouvelles informations exposées, on finit forcément par sourire devant certaines évidences, comme les doubles du Futur qui viennent croiser les héros en secret, mais aussi par être déçu par le résultat final des autres de ces promesses.
Ainsi, pas de deuxième partie du film complètement folle et épuisante, qui se passerait entièrement à rebours de la quasi première moitié, comme un palindrome (on n’a droit qu’à quelques dizaines de minutes, avant de reprendre une temporalité normale). Donc aucune histoire d’amour intense qui se révélerait centrale, ni même la confirmation émouvante de l’identité réel du personnage de Pattinson (un grand blond, le fils de Kat ?) etc etc…
Pas de Grand Film Surréaliste ou Intimiste caché, beaucoup de trous dans ce qui reste bel et bien finalement un « simple » film d’espionnage et d’action rempli de gens riches, capables de résoudre des problèmes grâce à leurs budgets illimités et à l’excuse bien pratique du cloisonnement des informations – si même les gentils ont leurs propres Tourniquets temporels…
Au spectateur de remplir les blancs et l’ordre de narration selon sa convenance et sa capacité d’engagement.
Et pour ce qui est de ses scènes mélangeant « marche avant » et « marche arrière », le meilleur moyen de comprendre se trouve dans la lecture de bande dessinée :
Prenez juste une page de BD assez fine pour qu’on a voir à travers en transparence… Au recto, vous avez une action se passant à l’endroit… mais dans le même temps vous distinguez aussi au travers une autre action qui vous apparaît à l’envers, venant même se superposer au recto.
Toujours, tout est une question de point de vue, car si l’on retourne la page pour regarder de l’autre côté… D’un coup ce qui vous apparaissait comme inversé se lit maintenant à l’endroit… alors qu’au travers, le recto de la page devient à son tour inversé et se superpose au verso.
Simple !
Après pour l’Empathie, dont on reproche souvent à Nolan l’absence (pudeur ?), c’est plus compliqué. Et il peut être difficile de vouloir « ne pas essayer de comprendre, juste le ressentir »… Trop de mécanique narrative là dedans pour que tous les spectateurs arrivent à la viscéralité que ce film cherchait.
On peut considérer en fait ce film comme l’un des plus sombres de Nolan, tant il admet que l’avenir reste immuable, et qu’on ne peut pas échapper à ce qui a été décidé à votre place. Presque comme s’il n’y avait pas de Libre Arbitre, et que nous sommes tous (nos propres) pions, sacrifiables – ne parlons même pas de cette fameuse population à sauver, sans aucune existence réelle à l’écran.
En fin de compte, la froideur d’un Bond n’était pas totalement absente, jusqu’à sa froide conclusion en forme de « contrat ». On peut même penser à la série TV « Mission Impossible », aux plans réglés comme du papier à musique, dans lesquels même le moindre grain de sable est pris en compte.
Sans oublier « Le Prisonnier », influence revendiquée de Nolan – tout ça n’est-il que le rêve d’un mourrant ?
Mais si en fin de compte, tout forme une boucle, alors dès le départ rien de tout ça n’aurait vraiment d’importance ?
Et si il y était quand même, ce film caché..? Un autre avatar de « La Jetée »/ »L’Armée des 12 Singes » ? Ou du premier « Terminator », avec ses envahisseurs du Futur…
Se dégage alors le sentiment que Nolan, tout comme dans le regard désabusé du jeune soldat à la fin de « Dunkerque », commente la progressive perte de Foi de notre Monde (sauf pour « le Protagoniste » ?), et que la Mélancolie est le plus pur des sentiments à survivre…
Celle de ne pas pouvoir avoir tout ce qu’on souhaiterait, de ne pouvoir réellement changer la marche du Temps et de devoir se contenter de laisser les choses se faire jusqu’à ce qu’elles s’arrangent d’elles mêmes. Rebonjour, Michael Mann.
Sinon, il convient alors de laisser toutes ces circonvolutions un peu de côté, et de juste apprécier le charisme naturel des acteurs principaux, tous très beaux. Ainsi que l’efficacité spectaculaire d’un blockbuster adulte, qui a son propre langage narratif, bien identifié.
De quoi nous permettre de tenir 2h et demie sans temps mort (même si une seule fois suffit), et un peu plus après la séance…
– « Oppenheimer »… (« Vanité des vanités, tout n’est que vanité… »)
À sa sortie, encore un film hollywoodien à gros budget, croyant vraiment qu’il va être un des sauveur du Cinéma…
Tout en ayant une durée si longue (pour ce qu’il raconte) qu’il finit par réduire les séances en salles. Et ressembler surtout à une mini-série télé de luxe, en trois parties (bon complément à « Chernobyl »)… C’est malin va !
Toujours la même panoplie au programme :
– plein d’intrigues secondaires faute de savoir trancher dans son montage, et préparant ainsi à un futur visionnage morcelé en streaming (pas sûr que ceux qui ont loupé des infos voudront retourner en salles).
– un tas de bons acteurs là dedans, stars, connus, ou juste « tiens, sa tête me dit quelque chose !? »
– l’esprit de sérieux, parce-qu’on veut dire des choses sur le Monde, quitte à bien appuyer le trait et enfoncer des portes ouvertes, pour les spectateurs pas attentifs.
– du sobre, des couleurs réduites, des effets en Dur, pour prouver qu’on est des vrais gens – au chômage donc, les techniciens d’effets numériques ? Bien sûr que non, mais ils auront un peu moins de travail.
– de la musique zimmerienne – oui c’est Ludwig Göransson, mais franchement on ne voit pas la moindre différence.
– des références cinématographiques en pagaille… On verra ça au fil de l’analyse.
Parce-que Christopher Nolan a surtout une réputation à consolider en ce moment. Et il y met les formes.
En 2020 il avait raté l’occasion de confronter son « Tenet » Bondien à « Mourir peut attendre » – ici, ça devient un absurde duel de Bombes avec « Barbie ».
Avant ça, il avait perdu des spectateurs en refusant de faire de son « Dunkerque » une fiche wikipédia, au profit d’une expérience sensorielle prenante…
Est-ce parce-qu’il n’a pas été compris qu’il se met alors à rentrer dans le rang, avec un classique biopic de scientifique célèbre, comme Hollywood en a l’habitude depuis des années ? – on a eu par exemple Stephen Hawking, et là (contextuellement) on serait plus proche du Alan Turing de « Imitation Game ».
Première référence ciné, et ça n’a rien d’extraordinaire chez Nolan… Son cinéma s’est toujours inscrit dans la continuité d’œuvres précédentes, qu’il n’arrive ni à surpasser, ni à détourner (ça ne doit même pas lui effleurer l’esprit) et à peine à égaler. Des variations sur le même thème, un tantinet timorées.
Ce film traite de la Science et de la Conscience, avec une pointe de folie ? On est tout de même loin de la qualité horlogère (aussi drôle qu’angoissante) de « L’Homme au complet blanc »…
On oublie l’existence de films comme « Les Maîtres de l’ombre » de Roland Joffé, qui savait tout de même centrer son histoire sur Oppenheimer et Leslie Groves, mais on se disperse dans plusieurs directions possibles…
Un dispositif, censé opposer Subjectif et Objectif, divise le film entre couleur et noir et blanc ? Ça nous y présente surtout Cillian Murphy en Gentil un peu troublé, jouant efficacement une partition qu’on connait bien, et Robert Downey jr en Méchant obséquieux, bien loin de la subtilité dont il est capable depuis des années – et surtout, avec ce noir et blanc parano dans les 50’s, on croirait que RDJ n’est toujours pas sorti de « Good Night and Good Luck ».
Sur la base d’un livre très détaillé, ça nous donne donc un parti-pris précis en utilisant Lewis Strauss comme seul antagoniste américain (nazis et russes seront toujours invisibles du film). Mais Nolan creuse aussi d’autres pistes en parallèles, qui auraient pu chacune donner à elles seules un film déjà diablement intéressant…
Comme le Thriller : Nolan a toujours utilisé ce Genre mais de façon atténuée, hormis quelques fulgurances violentes. Ici, enfin il y a de la chair, finie la chasteté (bouillante Florence Pugh), et ça ajoute de la passion.
Mais ça ne se limite qu’à une poignée de scènes, devenant trop culpabilisantes.
Et l’on retrouve alors Nolan filmant comme toujours des bonhommes en costard, pendant que les rôles féminins principaux (2, pas plus) jouent les femmes de l’ombre… Qui plus est, des femmes qui ne vont pas bien, mais alors pas du tout.
Peut-être qu’un jour, il saura mieux les traiter.
Autre exemple : les visions de Oppenheimer, qui au début vont au delà du « je vois des vermicelles qui flottent devant mes yeux ! », pour mieux nous décrire un esprit capable de distinguer l’infiniment petit/loin. Jusqu’au moment où cessent ces visions abstraites, pour être totalement remplacées par des cauchemars semi réalistes – on comprend qu’à ce moment là, le protagoniste s’est un peu plus humanisé… Et pour appuyer là dessus, Nolan donne le rôle d’une des victimes imaginaires à sa propre fille, visage brûlé par la bombe. Un détail glaçant, quand on le sait.
Grâce à ça, on arrive peut-être mieux à lier toutes les pistes narratives de Nolan, qui y fait rien moins que la critique de tous les bellicismes, et en particulier américains.
Sinon, visuellement ça passe bien comme film, la qualité sonore donne une dimension « 3D » très remuante, le IMAX est bien fichu (« cette fois, on va le faire fonctionner en noir et blanc ! ») et nous montre chaque défaut de la peau, surtout avec plein de scènes en gros plan sur les visages des comédiens – C’est un film d’acteurs !…
Et c’est ainsi un film où la parole (le plus souvent incompréhensible, aussi bien en termes savants que politiques) est la première arme fatale, selon la façon dont on l’utilise. Du « Walk and Talk » à la Aaron Sorkin, tout en huis clos.
Au point de redouter même d’ouvrir son clapet, passé un certain point.
C’est alors que la troisième partie (après le Test nucléaire, qui mêle Macro et Micro, Spectaculaire et Sobriété) n’a plus du tout de Science, et n’a que la Politique en bouche. Autant affirmer que vous pouvez bien entendre le mot Communiste vous sortir des oreilles, à force d’être répété ad nauseam. D’autant que, à l’instar de la menace Nucléaire (le Biologique fait aussi très peur aujourd’hui), le Communisme ne signifie plus grand chose. En Ukraine, ce sont des Russes qu’on désigne comme adversaires, et non un bord politique.
Et ce n’est pas non plus comme si Nolan était Elia Kazan, on voit mal en quoi cette histoire résonnerait personnellement en lui.
Prenant peur que la Warner ne relègue un film dramatique, sans action, à une sortie vod, il a fait une offre hyper détaillée (et très casse-pied) à la Universal, qui a accepté cette belle « prise de guerre »… là par contre, ça ne vous dit rien ?
Évidemment, le côté démiurge obsessionnel, pas toujours compris mais persuasif, avec une silhouette très graphique (par moment, Oppenheimer a même l’allure du Joker)…
L’équipe qui monte Los Alamos comme si c’était un studio de cinéma rempli de créatifs aux moyens sans limites…
L’aventure aussi bien intérieure qu’extérieur (ils font du cheval, mais en fait ce sont des scènes intimes)…
Le filmage sans répit du processus de fabrication…
Le mélange de strates temporelles, comme autant de signes que le Temps ne fait qu’Un et que tout est écrit à l’avance… Là, on voit bien le rapport avec Nolan.
C’est complètement son style de mise en scène, ses marottes. Et quelques comédiens fétiches, sauf Michael Caine, pour une fois.
Mais le côté sentencieux et pas trop original du film empêche celui-ci de n’être qu’une expérience filmée pour le plaisir. Comme si l’histoire racontée finissait par contaminer le tout, espérant (comme l’armée et le gouvernement US) que toutes ces grosses têtes qui s’agitent/ces performances d’acteurs, toutes ces recherches scientifiques/ces expériences de filmage, tout ce pognon dépensé… servent quand-même un but précis de domination (américaine). Aux Oscars, comme au Box Office, forcément.
Et Nolan loupe aussi la portée philosophique de son film :
Puisque Oppenheimer n’était pas le seul esprit brillant à travailler sur la bombe, on aurait alors pu remettre en cause la métaphore d’un Prométhée seul et unique… Car il est clair que les humains, dans leur potentiel à vouloir aller toujours plus loin, n’auraient jamais pu empêcher la Bombe d’exister. Son Destin était d’émerger, quoi qu’il arrive. Comme si ça faisait partie de notre processus d’autodestruction.
S’il fallait un film jumeau à celui-ci (comme ultime référence filmique), il y a « Le Grand Secret » (1952) de Melvin Frank et Norman Panama, parfait compagnon et centré sur les militaires qui doivent eux-aussi se préparer secrètement pour leur mission, dramatiquement meurtrière – en explorant un peu plus la sphère intime, la peur du nucléaire, les limites du modèle américain…
Et pensons peut-être à « Patton » : Trois heures pour raconter également comment un emmerdeur patenté, mais qui aura raison sur tout, va faire le job, tout donner, puis être mis au rencard une fois obsolète (la plus grande peur de Nolan, après la Fin du Monde ?).
Seulement, Franklin J. Schaffner y allait avec les tripes, et c’est tout ce dont on a souvent besoin aujourd’hui.
Christopher Nolan lui y va avec la fragilité des intellos… Et ça, on a l’impression que c’est tout ce qu’on peut avoir maintenant.
« Et Hop ! les naïfs meurent… »
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Conclusion : Michael Bay et Christopher Nolan ?
Opposés dans leur style, mais se rejoignant sur plusieurs points…
Déjà ils sont souvent assez bourrins, surlignant leur propos alors que leur mise en scène suffit à l’expliciter – et ce sont aussi de gros consommateurs de musiques zimmeriennes lourdes.
Pas de scènes coupées dans presque tous leurs films, ce qui dénote d’esprits très précis, sachant ce qu’ils veulent – bon ils sont aussi pris par le temps, ça se voit plus chez Bay.
Critiquent de plus en plus les institutions américaines, Nolan ayant tout de même plus de recul en tant que mi britannique.
Et quand ils ont une idée en tête, ils vont jusqu’au bout.
Des jumeaux maléfiques… 😁
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– Toujours « Game of Thrones »…
Saison 6 celle, des vengeances féminines. Et du surplace pour certains.
Et saison 7, celle qui crée de plus en plus des crossovers vraiment bizarres – quand on s’est habitué depuis des années à voir tous ces personnages séparés par des kilomètres…
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– « Suprêmes »…
Le film de Audrey Estrougo est un classique biopic musical, porté par des acteurs à qui ont laisse une bonne part de la gloire, toutefois rehaussé par le fait qu’il supporte un point de vue précis : se concentrer sur les années 88 à 92, donc uniquement la jeunesse de JoeyStarr (Théo Christine, étonnement tendre) et Kool Shen (Sandor Funtek, parfait sosie). Soit l’un qui est en mal de père, l’autre qui récupère cette place et trouve comment le canaliser, et comment leur groupe va peu à peu atteindre sa forme la plus définie.
Manque juste de plus de temps pour traiter de l’émergence de la culture Rap hip-hop en France, et des évènements périphériques et politiques qui participent à l’évolution des caractères des personnages. Tout ce qui fait que Didier et Bruno vont devenir littéralement des portes-paroles énergiques d’une génération.
La mini-série « Le Monde de demain » bénéficiera de plus de place pour traiter cela…
En attendant cet opus ci ne démérite pas trop, grâce à de belles idées de mise en scène et autres plans-séquences bien travaillés.
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– Fin de la saison 7 de « 911 »…
Déjà quelques temps qu’on est dans les saisons de trop, où l’on ne sait plus quoi écrire d’intéressant pour Bobby (réactivons donc sa crise de culpabilité), Hen (à nouveau une adoption), Chimney (énième retour vers le Passé), Buck (réactivons donc sa versatilité sexuelle – tiens s’il allait voir ailleurs ?), de Eddie (retour vers le Passé)…
Au moins il y a un petit fil rouge de toute la saison, mais avec trop d’histoires laissées en suspens.
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Lu :
– Nouvelle dose de Timeless, sans un seul Kang mais avec un énième mashup de pouvoirs, complètement incongru…
– Captain America règle son compte à Asmoday, mais ne peut pas faire de même pour tous les maux humains…
– Thor et Loki sont encore sur les traces de leur propre histoire, mais pas seuls…
– Le Superior Spider-Man se la pète encore…
Spider-Boy est tout gentil et maladroit…
Carnage veut vraiment l’adulation plutôt que la crainte ?
– Le plan de Iron Man n’est bel et bien pas très original…
– Les Vengeurs contre-attaque le vilain Camelot…
– Fall of the House of X commence à détricoter les les audacieux choix narratifs passés.
Je pense que ça peut intéresser certains lecteurs de ces colonnes : la série TALES OF THE TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES vient de démarrer sa diffusion française (enfin) sur Nickelodeon. C’est à la base une série originale Paramount+, qui fait suite au film d’animation sorti l’an dernier.
https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Michel-Blanc-est-mort–le-comedien-du-Splendid-avait-72-ans
Mr Dusse, vous nous avez planté le bâton en plein cœur…
😢🙏