Le bar de Galactus #322 : Une bataille après l’autre ~ Alice in Borderland

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Bienvenue dans le bar de Galactus : chaque lundi, une nouvelle page est à votre disposition pour discuter cinéma, télévision et comics au sens large, loin des univers Marvel et DC Comics !

Comme qui dirait que la saison des Oscars est sur le point de débuter ! Mercredi, le réalisateur Paul Thomas Anderson (There Will Be Blood, Magnolia) sera de retour avec Une bataille après l’autre, un thriller d’action aux critiques dithyrambiques porté par la moustache de Leonardo DiCaprio, ainsi que Sean Penn et Benicio del Toro. Et parce que le Japon a décidément le vent en poupe sur les écrans, nous assisterons le lendemain au lancement de la saison 3 d’Alice in Borderland sur Netflix. Alors, qu’allez-vous voir/lire/écouter pour accompagner les derniers jours de septembre ? A vos claviers et belle semaine à tous !

Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob (Leonardo DiCaprio) vit en marge de la société, avec sa fille Willa (Chase Infiniti), indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré (Sean Penn) refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…

30 COMMENTAIRES

  1. La saison 3 d’Alice, est-ce dans le manga original ou une création libre de Netflix ? Je dis ça car la fin de la saison 2 était satisfaisante pour ma part (bien que le dernier jeu était long, confus et un peu noeud-noeud).

    Secret Wars (la fin des temps) : je prends un risque en lisant l’oeuvre original avant le film. C’est très cool. Manque un peu d’interaction multiverselle avec les héros (dû à l’absence des tie-in je pense), et l’ellipse de 3 semaines faisant passer de « découverte du monde » à « bataille finale » est un peu brutal. Mais c’est un bon moment de lecture.

    • … le film pourrait aussi s’inspirer du premier Secret Wars – mais de toute façon, ça ne sera pas entièrement pareil puisqu’on a une partie des protagonistes principaux qui ne devraient pas faire partie d’un univers central originel.
      Et puis bon, ça sera dans deux ans, y a le temps de digérer et oublier ce comic-book.

      • C’est sûr. Mais c’est la 1ère fois que lis un évènement avant le film. Civil War, Secret Invasion et Age of Ultron, je n’ai aucun soucis car je ne connais pas le scénario d’origine. (Hormis le second mais pour d’autres raisons). D’autant que je suis conscient que c’est adapté et à raison à l’univers mis en place.

        Là avec DC, je ne peux m’empêcher de dire : ça c’est Injustice ! Ça c’est repris de The Long Halloween. Ref à la Mort de Superman ! Knightfall ! Dark Knight returns ! Hush ! Donnant une impression qu’on mixe plusieurs comics pour raconter une histoire.

        • Je me demande aussi si c’est productif pour notre visionnage de connaître le comic book AVANT de voir le film.
          Perso, si j’ai aimé reconnaitre les réf aux comics, j’ai plus globalement été déçu par le gap entre l’adaptation ciné et la source d’inspiration.

          Pour secret wars :

          @Flo je pense qu’ils vont davantage partir sur le 2e Secret wars (arc multivers du MCU)

          @Pirail effectivement l’ellipse est un peu frustrante. J’avais aussi trouvé que cet event méritait d’être rallongé/épaissi. Mais certainement que les tie-in y contribue. Mais l’univers est tellement intéressant et riche qu’on a envie d’en connaitre tous les recoins et les rouages. J’avais aussi eu le même sentiment avec l’univers d’Old man logan (même si je sais qu’il existe notamment l’histoire sur Clint).

        • Ben dans ce cas, il y aura soit la satisfaction de voir reproduites de bonnes scènes des comics.
          Soit la frustration de voir qu’ils n’ont pas réussi.
          Soit la surprise de voir qu’ils ont trouvé d’autres idées – mais ça, plus personne ne l’aime, les fans ne sont plus très curieux.

          Et pour DC, ça fait longtemps qu’ils piochent des scènes dans des albums prestigieux (le plus souvent autocontenus), et pas dans des histoires moins connues mais tout de même digne d’intérêt.

    • @Pirail
      Le Secret Wars d’Hickman est surtout culte pour l’immense travail de préparation de plusieurs années de son scénariste. L’event en lui même était surtout la cerise sur le gâteau.

      Et ce run culte a déjà commencé à être adapté d’ailleurs (PLEIN d’éléments dans Infinity War, le principe des incursions dans Doctor Strange 2, la proliferation mondiale des inhumains dans Agents of Shield, etc)

    • @Pirail
      Le manga se terminait exactement de la même manière que la saison 2, mais avait eu droit à une suite (Alice in Borderland : Retry) en 13 chapitres se déroulant 8 ans plus tard. Je ne l’ai pas lu, mais de ce que j’en lis sur internet ça a l’air assez différent de ce que semble proposer cette saison 3, au vu du trailer.

  2. J’ai vu pour la première fois le film phénomène Barbie. C’est la première fois qu’un film milliardaire au box office mondial me laisse autant pantois devant un tel succès.

    Franchement, j’ai vraiment eu du mal à aller jusqu’au bout du film. J’avais entendu que le film se disait féministe. Mais là, je trouve surtout que le film est anti masculin, ne cesse de combattre le patriarcat… Je n’ai jamais ri et j’ai trouvé plusieurs passages très, très gênants comme la guerre des Ken.

    Il y a évidemment des efforts à faire pour permettre aux femmes d’accéder plus facilement aux mêmes postes que les hommes et cela aurait pu être un des postulats de base du film. Mais là, c’est tellement caricatural : les hommes aiment les chevaux, les vestes de rocker, les blagues scabreuses et se moquent en permanence des femmes. Le discours est manichéen et solipsiste : vraiment, je ne comprends pas le succès de ce film.

    • Ils se moquent de ça surtout, puisque les Ken le reproduisent d’une façon aussi artificielle que l’est le matriarcat pour les Barbie – ce sont des jouets quand-même, ils n’ont pas la tête bien pleine, tous.
      D’où succès : jamais vraiment offensif, encore moins violent, c’est une lutte des sexes racontée pour les (grands) enfants, avec quelques instants sarcastiques plus osées.
      Et des moments d’émotion bien jolis, que ce soit la déception amoureuse de « Ken Prime » et les doutes de « Barbie stéréotypée ». Tous deux cherchant à donner du sens à leur existence, puisqu’on ne leur à donné aucune fonction contrairement à presque tous les autres spécimen de leur espèce.
      Et comme pour Pinocchio, son choix à elle de devenir humaine, c’est celui de ressentir la douleur et mourir un jour, donc de devoir avoir une vie bien remplie pour que ça en vaille la peine.
      Pas idiot, non ?

      • Bah très honnêtement, le film m’apparaît vraiment … idiot au final.

        Le manichéisme : les femmes savantes et les hommes débiles sans subtilité et avec assez peu de changement sur la fin, ça me crispe.

        Le film n’est pas drôle, joue sur le kitsch mais en fait trop et aucun homme n’a un rôle qui montre une once d’intelligence. Le summum étant pour le mari d’America Ferrera : bête, inutile et fantomatique.

        Et la dernière scène est absolument navrante pour ma part.

        • Pas grand rapport avec ça – aucune femme réellement savante, que des jouets et une touche de parodie… et un mari sympa qui n’a besoin de jouer ni le sauveur, ni le comique de service qui traîne derrière les filles (on évite également le cliché de la mère célibataire déçue par tous les hommes).
          Et la dernière scène, c’est la nature, ce n’est pas sale de connaître son corps et ça n’a pas à faire peur.

          • @Flo : Pour la dernière scène par exemple, pour aller au bout de l’émancipation de Barbie, plutôt que de consulter un médecin, elle aurait pu … travailler tout simplement.

            La mère, la fille et la créatrice de Barbie font – par exemple – plus office de fans savantes plutôt que de jouets !

          • Qui nous dit qu’elle ne travaille pas ?
            Après tout, gynéco veut dire assurance maladie, numéro de sécu, informations personnelles, statut officiel…
            Avec ses amies pour l’aider (toutes ordinaires, elles ne disent rien qui ne soit pas évident), elle doit bien avoir un boulot. Être quelqu’un vivant au sein de la société.
            Ou plus sûrement, être une étudiante ou quelqu’un en formation, avant d’avoir choisi le métier correspondant à son domaine de compétence personnel – là où les autres Barbie n’existent qu’à travers leur métier, sans avoir eu le choix.

            Quant à la créatrice, c’est juste une « apparition divine », mais elle non plus ne nous étouffe pas avec des machins intellos insaisissables.

  3. Un bordel avant l’autre… 😄

    Vu et revu :

    — Suite des adaptations DC, et début d’un méga morceau : le « Arrowverse » – on se prépare à lever les yeux au ciel à chaque amourette et conflit parental. 😄

    – Saison 1 de « Arrow ».
    Un bon aperçu de ce que serait le Bat-Nolan en version étendue.
    Analyses sur les pages dédiées

    lestoilesheroiques.fr/films/dc/arrow
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    – « Sirãt »…
    Vrai-faux film apocalyptique et survivaliste, finalement plus proche d’une douce comédie noire – mais avec une vibe Techno.
    Analyse au Bar précédent, le #321.
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    – « 65 : La Terre d’avant »…
    Réalisé par les prometteurs Scott Beck et Bryan Woods (il faudra attendre « Heretic » pour ça), cette Série B SF/dinos/vite faite peut se voir comme un spin-off de Star Wars, où Kylo Ren serait devenu le contraire de ce qu’il était : c’est à dire maintenant, un homme, un père, un voyageur, un protecteur.
    Et aurait atterri sur Terre, Il y a bien longtemps etc… pour, on comprend d’abord implicitement, achever un deuil grâce à une fille de substitution.

    Bon, si seulement le film prenait le temps de poser ces enjeux. Mais non, ils sont expédiés en un clin d’œil, ce qui fait que vous pouvez tout louper si vous êtes distrait quelques secondes.
    À la limite dans l’introduction, ça peut passer puisque ça précède l’irruption stratégique du titre (à un million d’années près).
    Mais si c’est pendant tout le film, agrémenté de foirades et tentatives de rapprochement, qui ne sont rien d’autre que des scènes comiques… Lesquelles ne vont ni à Adam Driver (pas assez épais et mature pour ce rôle), ni à Ariana Greenblatt (trop poupine, malgré le fait qu’elle fasse moins que son âge)…
    Donc non seulement le potentiel dramatique est désamorcé, mais il est même incapable de s’amorcer.

    C’est simple, ils ne font pas grand chose de la dimension dépressive du protecteur de la petite, d’autant sa mission censée payer le traitement de sa propre fille lui a finalement fait rater ses derniers moments. Là il y aurait eu de quoi critiquer une société capitaliste qui aliène les travailleurs…
    Ils se loupent aussi sur la difficulté de communiquer entre les deux, leurs différences culturelles, les possibles préjugés, et on aurait ainsi dû avoir une partie « apprentissage » plus longue…
    Sauf qu’il y a aussi toute une partie « compte à rebours », liée aux astéroïdes qui ont percuté le vaisseau spatial, et s’apprêtent à bientôt annihiler tous ce qui vit sur Terre. Partie dont on ne ressent pas la tension, pas plus avec le danger constant dû à ces dinos, tous carnivores (ça doit être leur territoire, c’est vraiment pas de bol). Manquant aussi d’une vraie menace, de gros tueur les harcelant, et finalement ça se résumera à un vilain revanchard car éborgné par le héros, plein de gros gourmands, et peut-être quelques pétages de plomb animaliers à cause de la fin du monde qui approche.

    Dommage, pour une fois qu’on a un film où les dinosaures se comportent intégralement comme des salopards à mettre en pièce, bien fait pour eux qui vont se prendre des cailloux sur la gueule etc… là où les « Jurassic… » ont trop eu tendance à prêcher une morale antispéciste.
    Marrant quand-même : le film réécrit l’histoire en faisant de ces deux humanoïdes les véritables Adam et Ève de la Terre – on imagine la tête d’archéologues dans une scène bonus.
    Et si en fin de compte, ça n’était rien d’autre qu’une comédie ironique ? Ça justifierait Sam Raimi à la production.
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    – Et revu au passage la fin du « Prestige » de Nolan…
    Pour son ultime scène, magnifique.
    Et tout ce qui concerne la continuité nolanienne, avec ces dialogues qui bouclent presque la boucle avec celui entre Bruce Wayne et « Ducard » au début de « Batman Begins ».
    Jusqu’à reprendre les mêmes termes – « vous avez parcouru le monde »… « si vous pouvez les duper, alors vous découvrirez quelque chose de très spécial… »
    Tout un discours sur la création artistique, ce que ça insuffle dans le cœur de ceux qui y assistent (l’Inconnu, qui génère aussi bien la peur que la fascination)…
    Et que pour arriver à ça, il faut souvent sacrifier une part de soi – et des fois, des personnes proches, hélas.
    La preuve que Tony Sta… que Christopher Nolan a un cœur.
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    Lu et relu :

    – Intégrale Flash Gordon 1940 à 43…
    Début des bandes quotidiennes en noir et blanc, et c’est reparti pour les sempiternels discours d’hommes forts, d’adversaires souvent lâches et perfides, de femmes dépendantes et jalouses… Néanmoins, c’est bien dessiné, et énergique.

    Et la fin des planches dominicales modernes, de 2000 à 2003, qui manquent d’audace en évitant le sacrifice de protagonistes historiques.
    Ce qui n’enlève pas à l’ensemble d’être de bonne qualité, et de ne pas faire de quartiers quand il faut rentrer dans le tas et être adepte des coups bas.
    Avec en plus Joe Kubert et John Romita qui s’invitent pour une planche chacun.

    – Preacher : Saint of killers…
    L’origine du « démon » le plus mal embouché de la création, virant à l’horrible mais pas très inspiré.

    – L’intégrale All Star Superman, ça faisait longtemps…
    Le petit chef d’œuvre de Grant Morrison, qui digresse un peu (mais comme ça, on n’a pas à attendre un travail herculéen pile à chaque épisode), et à la précision graphique colossale – sacré Frank Quitely, comment il fait pour avoir encore tous ses doigts et ses yeux ?
    Hâte de voir l’adaptation de la scène d’interview entre Clark et Lex dans la suite de « Gunnerman » – si elle est réussie, alors le film le sera aussi.

  4. – « Les Tourmentés »… Ça ment pas dans les tours

    Le réalisateur Lucas Belvaux, toujours tourné vers les humains, lorgnant ponctuellement sur les films de genre, s’attaque maintenant carrément au Survival ? Même, un sous-genre du Survival, c’est à dire le film de chasse à l’homme, dont les meilleurs opus cinématographiques se comptent sur les doigts d’une main, pouvant être vus et revus indéfiniment.
    Adaptant son roman du même nom (une de ces œuvres nées pour exorciser les évènements contemporains – Pandémie etc), il essaie de garder le plus possible la ligne directrice de son histoire, composée de questionnements complexes post guerre (après son précédent film, « Des hommes »), de points de vue, de strates temporelles, plus que d’action…
    Car le parti-pris ici est de retourner le principe du film de chasse à l’homme, pour en extraire les caractéristiques les plus denses, intenses, philosophiques, politiques et sociales….
    Tout en restant indirectement un Survival, sans trahir les codes associés à ce type de film.

    Dès le début, on est bien dans un long-métrage un tantinet formaliste, où la Nature cache la Civilisation à l’image – ça arrivera régulièrement, surtout quand les personnages se mettent en embuscade.
    Puis un SDF déambule au milieu des fourrés, rentre dans une épicerie où on voit dans un coin un drapeau américain, un masque d’Halloween de Trump (écrasé) et de Obama (exagérément souriant), un t-shirt FBI, comme pour rappeler le bellicisme américain… L’homme prend des cadeaux pour ses enfants, mais à voir le vendeur qui le dévisage, et la coupe au montage, c’est comme s’il les avaient volé. Sa femme l’engueule, c’est un paria… OK : ce Skender (un nom acéré, un Niels Schneider affûté comme un couteau), c’est Rambo, et on est dans « First Blood ». Mais un Rambo que Belvaux récupère avant qu’on ne le provoque une fois de trop et qu’il pète la gueule à tout le monde. Ou plutôt Max le récupère (Ramzy Bedia, qu’on accepte direct comme vieil ami de Schneider grâce à leur série « D’argent et de sang »), et ça n’est pas le colonel Trautman mais l’homme de confiance d’une étrange « Madame » (Linh-Dan Pham, aussi douce que flippante).
    Cette veuve richissime veut faire sa comtesse Zaroff avec Skender, qui va y consentir… mais toute leur scène en duo (la seule importante du film) va être symptomatique du style du film :

    Elle est une grande chasseuse, qui s’est fait tous les gibiers animaux possibles… Mais il n’y a aucun trophées exposés chez elle, on n’est pas dans un manoir cliché à la Kraven. Pas de baroque à l’horizon, une certaine sobriété sera de mise (4 grands acteurs principaux, pas plus… mais leurs personnages ont déjà connu la violence par le Passé)…
    En même temps, « Madame » provoque Skender (le mot « consultant » qui remplace honteusement celui de « mercenaire »). Elle l’encercle littéralement en allumant des lampes une par une. Puis Max suivra à la trace les pas de son ami où qu’il aille…
    Et si tout le reste du film ne va être composé que de négociations, d’entraînements, de repérages en vue de la chasse programmée pour dans 6 mois (on croirait presque qu’ils préparent aussi bien un suicide assisté, une épreuve sportive, ou le tournage d’un film)… mine de rien on reste dans des rapports de force, où dominés et dominants échangent régulièrement leurs places, l’un prenant l’avantage, puis faisant mine de le laisser à l’autre, tout ça en se tenant à distance l’un de l’autre…
    Oui, la traque est déjà en cours, devant nos yeux, avant même qu’on se retrouve sur le terrain de chasse.

    Et puisque cet aller quasi sans retour sera largement rémunéré, il est à la fois question d’évidente lutte des classes (thème lui aussi fondamentale des chasses à l’homme), de marchandisation de l’être humain… et aussi d’appréhension, puisque la traque ne sera pas lancée direct, le chassé a énormément de temps devant lui, la viscéralité du Survival ne sera pas l’argument principal, on ne sera pas continuellement dans un divertissement ramenant l’humain à ses instincts primaires…
    Car 6 mois de prépa signifient que les personnages sont alors naturellement obligés de réfléchir aux diverses chausse-trappes qui les attendent tous et aux tactiques qu’ils vont devoir mettre en place pour gagner (le « jeu » sera circonscrit à 30 jours maxi). Mais aussi au massacre qu’ils devront perpétrer sur l’autre pour remporter la victoire, donnant lieu à des visions de futurs possibles, seuls instants de violence du film….
    Sans compter les conséquences de leurs (p)actes.

    L’ex légionnaire Skender étant un peu moins intéressant puisque guerrier réputé comme super fort, mort qui marche persuadé d’être maître de son funeste destin (mais pas sans se battre jusqu’au bout). Puis profitant du temps qui lui reste pour revenir difficilement à la vie auprès d’une famille à laquelle il fait indirectement ses adieux.
    Personnage viriliste, cassé de l’intérieur, un peu toxique pour les siens – son ex (Déborah François, seul personnage équilibré du film), ses enfants – créature sacrifiable donc. Tragique aussi ? Ou juste résistant ?
    À l’autre bout du spectre, « Madame » est l’ambiguïté faite femme, des flashbacks muets racontant son histoire exceptionnelle tout en ne cessant de creuser son mystère. Dans son cas, donner l’opportunité à une proie de devenir un prédateur. Et le besoin absolu de tuer, la faisant évoluer en une machine impitoyable, inépuisable, cherchant à se mettre à la hauteur de son super adversaire.

    Mais le meilleur de tous se trouve justement pile entre ces deux monstres. C’est Max, tiraillé entre deux loyautés d’égale importance, faisant continuellement tampon entre un frère d’arme à qui il veut offrir une rédemption finale, ou bien paisible… Et une femme qui l’a sauvé de la perdition, lui a donné accès à la Culture, l’a « domestiqué » comme ses chiens, et dont il est le garde-fou faute d’être son chevalier servant. Ramzy lui prêtant sa grande carcasse, et une mélancolie qui a atteint des sommets avec la maturité…
    Tous les dialogues du film sont d’une extrême précision, même ceux où nos chasseurs/proies font preuve d’une confiance en eux digne de kamikazes bornés et puérils. Mais à chaque fois qu’on revient à Ramzy, il est celui qui ne lâche rien, qui accompagne les autres en les remettant toujours en question, au détriment de son âme…
    Le cœur du film, c’est lui, et il est grand.

    Certes on pourrait croire qu’il s’agit d’un opus trop théorique, qui se placerait au dessus des films de genre à force de refuser le spectaculaire, de ne pas se sentir obligé de conclure avec ce que l’intrigue n’a cessé d’annoncer – un peu comme « Sirãt » une semaine avant, un « Contre-Mad Max » qui choisissait de montrer la résilience plutôt que le combat.
    Mais « Les Tourmentés » est loin de renier ses aînés. Sans avoir à quitter entièrement la civilisation, sa tension est bel et bien à la hauteur d’un Survival du début à la fin, malgré une conclusion un peu trop doucereuse, à la musique bien banale (on aura tout de même un vainqueur).
    Par contre peut se poser la question de ce que ça aurait pu donner si on avait eu une telle réussite dramatique Avec quand-même une vraie partie Survival, complète, hargneuse, traumatisante et pas du tout fantasmée.
    Est-ce que le drame n’aurait pas écrasé l’action, celle-ci devenant alors un simple passage obligé ? Peut-on avoir le beurre et l’argent du beurre ?
    Et imaginer cette chasse à l’homme sanglante, dans toute sa catharsis et sa sauvagerie, n’était-ce pas plus satisfaisant que si on la faisait concrètement aboutir ?

    Le désir, plus fort que la satisfaction d’avoir réalisé celui-ci.
    Où comment exorciser le mal qu’on a gardé en soi, pour réapprendre à vivre comme des humains.

  5. Vu le film Demon Slayer hier soir : franchement très bien, j’ai autant aimé que le Train de l’infini mais il y a une demi heure en trop pour moi… Notamment le flash back pendant le combat final qui s’étiiiiiiiiiiiiiire c’était interminable. Mais sans ce problème de rythme c’est un quasi sans faute pour moi ! Hâte de voir la suite !

    • Je ne suis pas d’accord, sans le flashback final, l’émotion ne marche pas, il est absolument nécessaire. ça a toujours été la force de Demon Slayer, que mêmes les personnages « mauvais » ont des backstory touchantes, sans ça, on perd beaucoup je pense.

  6. https://www.franceinfo.fr/culture/cinema/l-actrice-franco-italienne-claudia-cardinale-icone-du-cinema-des-annees-1960-est-morte-a-l-age-de-87-ans_4379531.html

    Éternellement jeune
    😢🙏

  7. Je viens de terminer Alien: Earth. C’est très rare chez moi mais je ne sais pas trop ce que j’en ai pensé, in fine. Ça penche davantage vers le négatif : entre le rythme décousu, les non subtilités de certaines choses, la « désacralisation » du xénomorphe, ou plutôt de son figurant en costume dedans en plein jour sur la plage. Peut-être que le showrunner m’a emmené là où je ne voulais pas dans ma propre idée/conception de cette franchise, je ne sais pas…

    Hors séries/comics/mangas (Liar Game bientôt terminé)/cinéma (le nouveau PTA vendredi), un petit mot/kiff de fanboy sur la nouvelle collection Spider-Man de Magic the Gathering. Il y a des cartes SUPERBES ! Entre les illustrations inédites pour le célèbre jeu de cartes et les reprises de dessins cultes issus des comics pour des versions alternatives, un vrai régal !

    • J’ai voulu croire à Alien: Earth aussi: des thématiques puissantes, une production à gros budget et un showrunner auréolé de légende.
      Malheureusement, là aussi, c’est une série so 2025! On désacralise, on tacle l’homme blanc, on fout plein de diversité sans talent, on fout une Mary Sue omnipotente et surtout on écrit ça avec les pieds. C’est tellement con que ça en devient ridicule.
      C’est le concours du personnage qui agit le plus bêtement.
      Pour les fans du Xénomorphe, passez votre chemin sauf si vous le voulez voir transformé en gentil petit toutou obéissant joué par un mec en cosplay sur la plage.
      Disney confirme être l’anti-Midas. Quelle sera la prochaine licence victime de Mickey?

    • Attention au style de narration du PTA (et à son acteur principal), qu’il ne faut pas regarder comme un blockbuster malgré son gros budget.
      Néanmoins, il vaut vraiment le coup – pour avoir quelques clés de lecture, voir plus bas.

  8. – « Une bataille après l’autre »… Ce qui reste de la Révolution

    Eh ben ils ont pris la confiance Warner. En plus de quelques machins roublards bizarrement lucratifs, le studio nous a offert quelques films couillus en 2025, même si pas toujours aboutis. Au point qu’à l’heure du bilan en décembre, on pourra affirmer « allez, cette année, on la leur laisse ».
    Non pas que la Warner aura enfin réussi produire un blockbuster révoltant et subversif du niveau de « Matrix » – ce que le quatrième volet avait échoué à réitérer, formellement en tout cas…
    Mais on ne peut nier que « Une bataille après l’autre » ne manque pas de punch Et de Cinéma.
    Toutefois, pas le Cinéma qu’on croit.
    Car avoir Paul Thomas Anderson aux manettes, c’est avoir un cinéaste ayant émergé dans les années 90, en ayant été forcément marqué par les années 70, le Nouvel Hollywood, et des films américano-européens qui n’hésitaient pas à jeter à la poubelle les codes de la narration usuels, à ne pas être soumis à la résolution d’enjeux, ne pas rétribuer les personnages à la hauteur de leurs actes, à ne pas donner des réponses à toutes les interrogations…

    S’étant déjà cassé les dents sur Thomas Pynchon (« Inherent Vice »), PTA s’attaque à son roman ‘Vineland’ en mode décomplexée, sans trahir son essence satirique, parano et uchronique : Imaginez un Pulp Fiction non pas avec des mafieux mais chez les extrémistes, clandestins ou autoritaires, de gauche et de droite, se passant dans une réalité contemporaine tordue, remplie d’organisations secrètes menées par des archétypes cartoonesques jusque dans leurs patronymes, sur une BO cool…
    Mais en usant d’une narration linéaire. Ce qui s’avère décevant pour les rebondissements du script, trop banals – une histoire de paternité/réconciliation de deux mondes, qu’on voit venir de très très loin – ou pas complétement exploités – un gadget de reconnaissance et codé, utilisé avec quelqu’un d’autre, puis obsolète lors d’un instant crucial.
    Cette forme peut désarçonner, parce qu’il ne s’y crée pas de mécanique du suspense, dans laquelle des éléments du Passé auraient pu être cachés puis disséminés dans le récit au Présent… Ou bien parce que les compétences principales de deux personnages (en explosifs et en karaté) ne serviront strictement à rien. Pas de setup payoff, la tension sera plutôt présente via le surgissement d’éléments imprévus.
    Ne choisissant pas la voie d’un Polar à mystère, ni d’un délire sous stupéfiants, PTA ne fait pas dans la coquetterie stylistique mais peut donner l’impression d’être coincé entre le sérieux de son sujet et l’envie d’embrasser sa colère foutraque…
    Qu’on se rassure, le film est bel et bien perché, et ne donne pas de leçons moralisatrices.

    Petit problème aussi avec Leonardo DiCaprio, collectionneur de réalisateurs prestigieux (comme jadis Tom Cruise, qui est d’ailleurs cité dans le film) : atout majeur pour permettre au financement d’un film d’auteur ambitieux, mais se complaisant ces dernières années à jouer des rôles d’idiots excessifs, puérils, désarçonnés par les femmes, au point de devenir le maillon faible du récit.
    Certes il (s’)amuse avec son mélange de Jack Nicholson (époque « Profession Reporter » ?) et du Dude Lebowski, et y représente la perte des idéaux chez les anciens combattants. Mais c’est la star du film… et il passera son temps à foirer absolument Tout ce qu’il fait, tandis que ses relations avec sa fille adolescente ne seront même pas construites au préalable – papa poule avec son bébé, il aura ensuite droit à une seule scène de daron maladroit, ce qui ne suffit pas pour le rendre suffisamment attachant quand il va partir à sa recherche.
    Ce Bob aux neurones grillés par la fumette traversera toute l’histoire en glandu naïf, comique, et anti spectaculaire. Un vrai Pierre Richard, dans un récit qui pourtant ne manquent pas de fortes personnalités.
    Par exemple, à son opposé totale, Benicio del Toro joue un prof très actif, efficace, père et activiste secret, d’un calme olympien (il est paradoxalement très drôle)… Dans un segment complètement frappadingue qui dure quasi la moitié du film – ces cinéastes des années 90 aiment vraiment étirer leurs scènes (« du pinaillage ! », comme le commente ironiquement le Sensei Sergio St. Carlos).

    On se retrouve alors avec trois gros blocs distincts, caméra au taquet, rythme frénétique épuisant, chacun dominé par un des acteurs : le premier, très dense, peu confortable, autour des années d’actions du groupuscule terroriste French 75, puis son démantèlement. Où Teyana Taylor est le fascinant astre noir, l’idéal révolutionnaire poussé dans ses extrémités, puis son incompréhensible négation…
    Le deuxième, avec Benicio donc, est une énorme séquence composée de traques et de fuites, qui dégénère en exfiltrations de masse et en émeutes. Émaillée d’hilarants gags téléphoniques, dialogues de sourds comparant des protocoles de sécurité à des services administratifs – et c’est tellement trépidant qu’on croirait ça filmé en temps réel…
    Le troisième rassemble les derniers ennemis, trébuche avec un personnage secondaire trop tardivement présenté pour justifier sa dernière action, puis entame une série de fusillades et de courses-poursuites, finissant par un superbe hommage au premier « Mad Max » – et là c’est surtout la jeune Chase Infiniti qui devient la grande héroïne du moment… et du futur (l’actrice est une révélation incroyable, aussi belle que pugnace).

    Mais ce qu’il faut retenir le plus, c’est la présence constante de Sean Penn en grand antagoniste, sorte de Colonel Decker de « L’Agence tous risques » qui aurait été réinventé par le scénariste de comics Garth Ennis – autre auteur ayant éclos dans les 90’s, travaillant la grotesquerie aussi bien que la mélancolie, et les inscrivant dans la grande histoire du Monde.
    Et c’est du gratiné : policiers fringués en militaires, comploteurs suprémacistes wasp, reflet à peine exagéré des dirigeants populistes actuels, et Penn dans une performance clownesque – nom de famille absurde (Lockjaw), rectitude, jambes arquées, bouche à tics, et attendez un peu de voir sa tronche à la fin…
    Pourtant on ne peut jamais vraiment détester ce grand gamin obsessionnel, complex(é), en quête d’amour et de reconnaissance, ce qui le rend bizarrement touchant… Un salaud malgré lui, une autre victime des dérives idéologiques, peut-être même le vrai (anti) héros de tout le film… et aussi la dernière fois qu’on entendra la voix française de Emmanuel Karsen.

    Tout ça fait de « Une bataille après l’autre » un bon actionner iconoclaste, très BD, palpitant (la musique pulsative de Jonny Greenwood)…
    Mais aussi très sentimental, pendant optimiste du récent « Eddington », trouvant in fine la voie de l’appaisement sans renoncer au combat.
    Pas facile à appréhender, faussement vain, et propulsé par l’énergie des survivants. Assurément un sacré moment de Cinéma.

    « Je danse le PTA jusqu’à ce que la soirée vacille
    Une bataille au fond et tout le monde s’éparpille »

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