Sucker Punch : Ma critique, l’avant-première et surtout… Votre Avis !

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Sucker Punch… Le Père Noël est en avance cette année, et il se nomme Zack Snyder ! Voici l’histoire, que vous connaissez tous : Années 50, Baby Doll est une pauvre jeune fille, internée malgré elle dans un asile psychiatrique. Pour éviter l’horreur de sa situation, elle se réfugie dans le monde des rêves, et mène une quête, qui pourrait bien la libérer… et l’empêcher de se faire lobotomiser. Entrer dans ce film, c’est accepter la folie et l’exubérance du réalisateur : si l’on est fan de science-fiction, de comics, de manga, de jeux vidéo, le voyage sera des plus agréables. Pour les autres, l’intérêt sera sans doute plus limité, d’où peut-être, le bide du film aux Etats-Unis.

Dès les premières secondes, Sucker Punch démarre sans temps mort, avec une introduction très stylisée. Visuellement, Snyder livre un travail titanesque : chaque plan est étudié, chaque image est un tableau. Plus que jamais, sa caméra est libre comme l’air : les contraintes physiques de l’espace n’existent plus dans ce film. Tous les mouvements sont possibles, tous les plans les plus délirants et jouissifs sont exécutés. D’où la nécessité des ralentis : chez certains, ils sont utilisés pour un rien, quand l’action est inexistante. Chez Snyder, chaque instant est une explosion d’action sublimée par les pauses. C’est simple : il n’y que lui aujourd’hui pour filmer ainsi. Sucker Punch, c’est un peu le Comic Con et la Japan Expo rassemblés dans un seul film. Les univers sont riches, variés, travaillés visuellement (à défaut de l’être scénaristiquement, mais après tout, ils ne sont qu’une étape). Certains combats sont toutefois un petit peu répétitif, mais difficile de bouder son plaisir ! La promotion a beaucoup insisté sur ces moments d’évasion, mais le drame se joue ailleurs

Malgré son interdiction faible (par rapport à 300 et Watchmen), Sucker Punch est un film poignant, violent, aux thèmes aussi forts que la liberté, la folie, la réalité, le pouvoir… C’est la réussite de Snyder : surprendre le public là où on ne l’attendait pas. Derrière une histoire de filles en petites tenues qui dézinguent des zombies, il dresse le portrait de Baby Doll, un esprit perdu, en proie à la violence du monde (sexuelle, physique et mentale). Emily Browning est une meneuse (de revue et de filles) convaincante, mais la vraie révélation du film, c’est Jena Malone, qui interprète Rocket. Le scénario ne peut en effet pas accorder une égale répartition des rôles : Baby Doll, Rocket et Sweet Pea se détachent, tandis que Blondie et Amber sont clairement en retrait. L’autre très bonne surprise, c’est l’acteur Oscar Isaac, flippant et menaçant en Blue, le patron des filles. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le scénario est plus complexe qu’il n’y paraît, avec différentes interprétations possibles, ce qui ne gâche rien (discussion sur les théories et la fin de Sucker Punch)…

Je suis plus réservé concernant la musique. Certaines chansons, en particulier au début, m’ont fait un peu sortir du film, pour cause d’anachronisme sonore qui ne passait pas bien. C’est d’autant plus dommage que Snyder peut compter sur le talent de Tyler Bates, pour livrer quelques morceaux orchestraux épiques : il faudrait penser à lui donner plus d’« espace». Au niveau des effets spéciaux, c’est luxueux : l’exigence technique demandée par les scènes ne doit être phénoménale, mais le spectacle est au rendez-vous. Je n’ai qu’une hâte : revoir le film ! Pour rassembler les pièces du puzzle (scénario), et revoir des morceaux de bravoure parfaitement orchestrés (action, visuel) ! Qui a dit que Zack Snyder était le réalisateur de films bourrins sans scénario ? Pas moi.

Un mot sur la rencontre avec Snyder organisée juste après la séance. Casque aux oreilles pour une traduction en live, le grand luxe ! Pendant une heure, le réalisateur s’est prêté au jeu des questions du public (et du présentateur). Explication sur la réalisation complexe de telle scène, sources d’inspirations (la drogue, ah non il blaguait), vision du futur (« Superman sera mon film le plus réaliste. » – il ne cesse de le répéter, élément de langage demandé par la Warner ?), scènes coupées (18 minutes de violence et de morceaux de danse). Justement, concernant le montage, il précise qu’il ne visait pas une interdiction R (l’équivalent de -18 ans aux Etats-Unis), mais bien un PG-13 dès le départ. Sauf qu’il a du faire beaucoup, beaucoup de navette entre le MPAA (l’agence de contrôle) et sa salle de montage. Snyder a cité Taken (PG-13) en exemple : en quoi mon film est-il plus violent que cette fille qui se fait enlever, droguer, et qui aborde la traite des blanches ? Réponse du MPAA : Taken était une erreur ! Après les questions, Zack Snyder a signé, fait des photos, discuté un peu. Bref, un homme abordable (alors qu’il pourrait être en rogne après l’échec commercial de son film) qui assure la promo comme un chef !

Un mini-fascicule sur Sucker Punch, c’est bien. Signé par Zack Snyder, c’est mieux !

4 COMMENTAIRES

  1. Avec Sucker Punch le cinéma fait un retour vers les films à multiples dimensions tels qu’il en pullulait à la fin du millénaire. En effet, face à l’angoisse du passage à l’an 2000 et de se promesse de fin du monde, plusieurs cinéastes avaient alors imaginés simultanément que la réalité n’était qu’une illusion, une prison dont on pouvait choisir de rester ou de s’en enfuir. Ouvre les Yeux et son remake Vanilla Sky, Dark City, The Truman Show, Matrix, Fight Club et toute la filmo de Shyamalan: tous ces films ont permis de révéler plusieurs réals devenus cultes. Jusqu’à ce que la réalité rattrape la fiction en terme de spectaculaire et d’horreur avec le 11 Septembre.
    Depuis quelque temps ce genre d’histoire à poupée russe » revient en force, mais cette fois c’est d’un point de vue narratif qu’il est plus utilisé: le public et la critique étant blasé par l’idée du « twist à tiroir », ces films là reposent plutôt sur un script basique avec des codes très classiques, enfermés dans une intrigue tortueuse à souhait. Shutter Island est un thriller horrifique, Inception un pur film de casse (heist movie) et donc Sucker Punch un film d’évasion lambda où Alice au Pays des Merveilles se placerait dans le fauteuil du Sam Lowry de Brazil.
    On comprend donc très vite que tout se passe dans la tête de Baby Doll (Fight Club en a traumatisé plus d’un) et que « presque » rien n’est réel, mais ici se qui compte c’est le pourquoi du/des traumas du perso et comment il va aller au bout de sa quête. Qu’elle affronte des zombies, des dragons ou des robots (plus geek tu meurs), l’héroïne se bat contre elle même autant que contre le reste du monde. Mais on ne se rend compte qu’à la fin qu’il ne s’agissait alors que d’un drame mélancolique, réalisé un peu maladroitement mais au moins avec sincérité. Pas vraiment un film d’auteur ni un gros blockbuster (en Mars, y en a pas vraiment beaucoup) mais un objet inclassable et original, donc précieux pour l’avenir.

  2. J’avoue ne pas avoir vraiment compris ce film…
    L’idée de départ est bonne, l’ambiance intéressante mais je trouve que le réalisateur s’est perdu dans ses délires en court de route…

    Et c’est quoi ce fantasme de filles pré-pubères à moitié nues ?!? Je ne dis pas que de faire de jeunes filles des héroïnes est mauvais, au contraire, mais sérieusement, les petites tenues sexy, c’est pour les spectateurs masculins et le réalisateur non ? Parce qu’il me semble que si des jeunes filles abusées et exploitées se rêvent en héroïnes surpuissantes, elles le font pas en s’imaginant en sous-vêtements…
    Ce côté sexy m’a dérangé je dois dire… (Schnyder serait-il mysogyne ? je commence à me poser de plus en plus la question au vu du traitement des personnages féminins dans ses films…)

    J’ai également été particulièrement déçue des personnages. Rien n’est approfondi, on arrive pas à s’attacher à eux, les relations entre les filles sont à peine effleurées…

    Sans compter le message final véhiculé (je reprends une phrase lue sur une autre critique de ce film qui illustre parfaitement ma pensée) : « Les filles gagnent jamais, même pas en rêve ! »

    Un beau gâchis ! Dommage…

  3. https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Zack-Snyder-veut-sortir-une-version-Snyder-Cut-de-Sucker-Punch

    Pourtant il y avait déjà une version longue du film en Blu-ray…
    Snyder est-il quelqu’un qui est incapable de jeter des scènes qui nuisent au rythme des films, parce-qu’il s’y est trop attaché ?
    Pourra-t-il un jour mettre en scène des œuvres qui puissent sortir dans une version définitive (et condensée), sans avoir à y revenir plus tard encore et encore ? – et nous faire repasser à la caisse.
    Coppola, lui, n’a presque jamais réussi… en ce qui concerne ses opus les plus cultes et éprouvants, certes.

    • https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Sucker-Punch-aura-t-il-un-jour-son-Directors-Cut–Zack-Snyder-repond

      Une nouvelle contradiction, ou bien une révélation tardive ?

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