Cowboys et Envahisseurs : La Critique du film + VOTRE AVIS !

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Quand Daniel Craig tient un flingue, la mâchoire serrée, et les yeux plissés, il se passe un truc dans le cerveau de tout cinéphile normalement constitué. Quand Harrison Ford pose sur sa tête un chapeau, tout en gardant son habituel air renfrogné, il se passe aussi un truc. Et quand Olivia Wilde tombe le haut et le bas, il se passe… bref vous avez compris. Cowboys et Envahisseurs (Cowboys and Aliens), c’est le film des mélanges improbables… mais heureux. Un long métrage où Jon Favreau (Iron Man, Iron Man 2) adapte encore et toujours un comic book, un film où James Bond et Indiana Jones partagent l’affiche. La classe. Le seul fait de voir évoluer les deux acteurs sur la même pellicule procure un sourire béat, un plaisir simple qui mérite à lui seul le déplacement. Cowboys et Envahisseurs débute comme sa bande annonce : un homme (Daniel Craig) se réveille dans le désert, sans aucun souvenir de son passé, avec pour seul indice un mystérieux bracelet accroché à son poignet. Il ne lui reste plus qu’à regagner une petite bourgade 100% western, avec son saloon et son shérif, pour reconstituer le puzzle de sa vie. Sauf que… les envahisseurs débarquent, capturant de l’humain à tour de lasso. L’aventure épique commence alors : retrouver les pauvres habitants abductés d’une part, tout en recollant l’histoire personnelle de l’énigmatique étranger…

L’aventure et la classe ont un nom…

Confronter deux univers, c’est la bonne idée du scénario, en plaçant le film à une époque où la science-fiction n’existait pas encore (ou si peu). Les humains sont donc totalement privés de repaire face à l’irruption du fantastique dans leur vie. Le postulat de départ est d’ailleurs tout bête, mais il est assez fort pour tenir le spectateur en éveil : comment donc de simples cowboys montés sur des destriers vont-ils pouvoir lutter face à des vaisseaux spatiaux tirant des lasers ? Avant d’appuyer sur le bouton « effets spéciaux », Jon Favreau prend le temps d’installer sa petite bourgade américaine, avec un réalisme qui force l’admiration pour un blockbuster estival. Du sang (des morts, des scalps avec les mouches qui volent autour !), de la poussière, de l’alcool, de la fumée et des drames. Le réalisateur d’Iron Man n’est cependant pas J.J. Abrams, et expose donc rapidement le mystère – les aliens et leur apparence – en pleine lumière. C’est sans doute un défaut, car la peur de ce que l’on ne connait pas sera toujours un sentiment plus fort que les armées de monstres numériques exposées au grand jour !

I am Iron Man !

Si l’univers western respecte tous les codes du genre, l’aspect science-fiction est tout aussi bien traité (merci à ILM). Les envahisseurs ont un but clair, autre que « vaporiser et asservir les humains« . Un objectif des plus ironiques, quand on observe l’ancrage temporel du film (la fin du XIXème siècle)… J’ai particulièrement aimé le design de ces « démons » comme les appelle les personnages de l’histoire : encore et toujours des humanoïdes, mais avec une ou deux surprises en plus !
Face à eux, Daniel Craig joue à la perfection les tueurs taciturnes (mais ce n’est plus une révélation après deux James Bond !), plus balloté et passif que véritable acteur de sa destinée. Olivia Wilde apporte une touche de féminité dans ce monde de brutes, avec un rôle proche de celui de Tron Legacy : une belle demoiselle qui en sait bien plus qu’elle ne veut en dire… Sa performance est loin d’être inoubliable, mais il faut lui accorder que son personnage est assez difficile à négocier. Quant à Harrison Ford… il reste Harrison Ford. Je préfère cent fois mieux me souvenir de lui dans ce film, plutôt que dans Indiana Jones IV. Au moins avec Cowboys et Envahisseurs, il retrouve un rôle mêlant action ET émotions : son personnage est borné au possible, parfois méchant, presque une ordure qu’on apprend à apprécier ! Certes, ce n’est pas un grand drame intimiste, mais il y a quelques passages avec son personnage qui sont touchants et bien amenés. Coup de projecteur sur Sam Rockwell (le Justin Hammer d’IM2) qui apporte une touche émouvante de normalité en tenancier de saloon. Sans oublier Paul « la révélation de There Will be Blood » Dano qui a le talent nécessaire pour voler les premières scènes, dans le rôle du fou du village.
Le seul gros défaut du film est son manque de surprises. Le déroulement de l’intrigue est linéaire au possible, avec de maigres retournements de situation, par ailleurs totalement prévisibles (vous pouvez presque faire une liste avant d’entrer dans la salle). Une fois la machine lancée, les personnages vont d’un point A à un point B… et c’est quasiment tout. A coup de flashback à l’image saturée, Favreau retrace le passé de son héros, mais là encore, il manque quelque chose : de l’inattendu. Il en ressort que Cowboys et Envahisseurs est un très bon divertissement grâce auquel vous passerez sans doute un excellent moment. La recette du blockbuster estival n’est pas réinventée ici, mais c’est la combinaison des ingrédients qui fait tout le sel du film: un pur western rencontrant l’univers de la SF, avec ces chevauchées sauvages sur fond de décharges lasers, et surtout son duo d’acteurs ultra-iconiques. Et, et dernière précision… le film n’est pas en 3D !

1 COMMENTAIRE

  1. Cette année là le Western a fait un retour discret mais intéressant. Tout les films sortis en début d’année 2011 suivaient une même trame ultra classique (euphémisme pour True Grit) mais certains d’entre eux y rajoutèrent une petite originalité: des animaux comme persos pour Rango, un Butch Cassidy survivant dans Blackthorn et donc pour CB VS Aliens tout est dans le titre et il ne faut rien y chercher de plus que son plaisir.
    Le film fait une synthèse légère des codes du genre que tout le monde connait: un héros mutique et gaucher (du canon laser), des pilleurs d’or, des légendes indiennes etc. Un peu de Josey Wales pour Craig, obligé de se coltiner quelques pieds tendres (femme, enfant, chien) et cette vieille baderne d’Harrison Ford.
    Tiens ! Puisqu’on en parle, Han Solo se retrouve à nouveau à buter de l’alien à coup de Holster en râlant, comme au bon vieux temps de Star Wars (cantina, chasseurs de prime, Ewoks avec flèches et bâtons). L’occasion de prouver que les genres au cinéma ne sont pas si antinomiques que ça.
    Sinon, le film renverse le cliché de la terreur de l’inconnu commune au film de SF contemporains lorsque les personnages partent en chasse, au mépris du danger, parce que « c’est comme ça que ça se passe dans l’Ouest ». Rien d’héroïque spécialement, juste l’envie de faire ce qui est juste.
    On regrettera quand même de na pas avoir eu la visite des men in black de Pinkerton, et que les deux dernières scènes de l’épilogue n’aient pas été permutées.
    Daniel Craig seul dans le cadre Fordien, à l’image d’un lonesome cowboy, ça avait plus de gueule.
    A noter aussi que le Bluray, avec sa version longue laissant plus « traîner » le rythme comme dans tout bon Western, est très bon et contient surtout une conversation de Jon Favreau avec l’équipe du film débordant tout cadre promo. Foin de concurrence de studios, on y évoque aussi bien James Bond (et la prépa de Skyfall, déjà!), Millénium, Marvel Studios, Tron 2, Fringe, Lost etc. Coolissimo !

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