
Pour sa huitième édition, le
Festival Paris Cinéma met a mis à l’honneur
le réalisateur M. Night Shyamalan. Rétrospective de ses films, et diffusion en avant première de son dernier métrage,
Le dernier maître de l’air (sortie le 28 juillet).
Pour commencer, voici un petit compte rendu de l’événement central, l’avant première au Gaumont Opéra, ce samedi 10 juillet. Shyamalan n’est pas venu seul : avec lui, son producteur, le légendaire Frank Marshall (Indiana Jones, et plus généralement, les films de Spielberg ; ainsi que Sixième Sens, Signes, Benjamin Button…), et deux de ses acteurs, Nicola Peltz (Katana) et Jackson Rathbone (Sokka). Leur présence ne s’est pas limitée à un simple « bonjour », plusieurs questions ont été posées au réalisateur, une ou deux à Jackson (le public féminin lui est acquis, il incarne un membre de la famille Cullen dans Twilight, le vampire Jasper). Quant à Nicola Peltz, disons simplement qu’elle a bien grandi depuis le tournage ! Voici donc des photos (de l’art difficile de prendre des clichés dans l’obscurité !) et deux vidéos de cette introduction par une partie de l’équipe du film. Voir M. Night Shyamalan à trois mètres de soi, alors même qu’on vient de visionner tous ses films quelques heures auparavant, ça fait son effet !

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Critique du film Le dernier maître de l’air :
Avant d’aborder Le dernier maître de l’air, un petit paragraphe « Shyamalan et moi », après la vision, sur deux jours, de ses six derniers films (depuis Sixième Sens), dans le cadre de la rétrospective organisée par le Festival Paris Cinéma.
Pour beaucoup de spectateurs et de critiques, il y a un avant et un après qualitatif, que l’on pourrait placer vers Le Village. Depuis ce dernier, le réalisateur est victime d’un triste jeu des critiques : à chaque fois, son nouveau film est moins bien noté que le précédent. Après avoir revu Sixième Sens, Incassable, Signes, Le Village, Phénomènes, et découvert La jeune fille de l’eau, je peux définitivement assurer que ce n’est pas mon cas. Au contraire même. Revoir Le Village était bien plus plaisant que Sixième Sens, qui repose trop fortement sur son twist final. La jeune fille de l’eau est pour moi une révélation bien plus forte que Signes. La jeune fille et Phénomènes, ces deux derniers films, les plus critiqués, tirent leur force de leur apparente simplicité.
Pour les apprécier, il suffit d’accepter d’entrer dans le monde que veut nous faire partager Shyamalan : un monde fantastique, spirituel, où il y a encore une place pour les sirènes et pour les bagues magiques. Une créature du monde aquatique qui vient en aide à un écrivain, dont les ouvrages inspireront le monde, créature qui sera ensuite aidée pour retourner dans son monde : le postulat de départ est simple, pour aboutir finalement à une réflexion sur la création, l’acceptation du surnaturel, la place de l’imaginaire dans la vie de chacun… Un couple qui se retrouve au milieu des hautes herbes et des arbres, c’est encore plus simple mais avec Shyamalan, cela devient terriblement puissant. Et comment bouder son plaisir, quand à chaque fois, la caméra est posée au bon endroit, avec une lumière adéquate (
Le Village, La jeune fille, pour ne citer que les plus évidents) et une partition sublime de James Newton Howard ?

Arrive aujourd’hui Le dernier maître de l’air, encore plus décrié que Phénomènes. Alors que l’on croyait le niveau de rejet à son maximum, on creuse encore ! Tout le monde ou presque sera d’accord, Le dernier maître n’est pas, de très loin, le meilleur opus de Shyamalan. Mais de là à qualifier le film de nanar de l’année, il y a un monde. Le film suit les aventures d’Aang, un enfant qui se réveille dans un monde dévasté par un siècle de guerre, menée par la Nation du Feu, contre celles de l’Air, de l’Eau et de la Terre. Aang est une sorte d’élu, capable de maîtriser les quatre éléments, et le sort de son monde pèse sur ses jeunes épaules…

Un superhéros (Incassable) adapté d’un dessin animé pour enfant (Avatar – Le dernier maitre de l’air), le refus de son état (Sixième Sens), l’importance de l’élément liquide (La jeune fille de l’eau), la spiritualité, la mythologie… on retrouve les thèmes favoris du réalisateur. Bien que toujours écrit de sa main, cela apparait néanmoins comme son film le moins personnel, grosse machine oblige. Mais dès les premières minutes, le plaisir est au rendez vous. Shyamalan nous embarque une fois de plus dans un univers totalement imaginaire, où des enfants surpuissants réussissent à manipuler les éléments grâce à des mouvements de kung-fu. Une fois le postulat de départ accepté, le voyage débute, vite, trop vite malheureusement.
En l’espace d’une heure quarante, il faut poser les bases de cultures, d’êtres, de créatures, beaucoup trop d’éléments, en si peu de pellicules. On passe d’une scène à l’autre sans respirer (comme souvent dans les blockbusters, plus d’une demi-heure serait restée sur la table de montage). Mise à part cet inconvénient de taille (qui entraîne un manque de développement des personnages), l’ensemble tient la route. Paysages et décors dépaysant, grandioses, combats pas toujours très inspirés mais efficaces, effets spéciaux quasi parfaits, interprétation solide (rien que Noah Ringer, qui rend crédible un enfant de 12 ans avec une telle puissance, bravo !)… Le menace et l’ennemi que doivent contrer les héros est assez terrifiante pour accrocher à l’histoire.

Contrairement à ce qui a été annoncé, l’humour est présent dans le film, à petite dose, juste ce qu’il faut, bien loin des lourdeurs d’un film à gros budget américain. Et le temps de quelques plans, on retrouve la magie de Shyamalan (le final dantesque mérite à lui seul le déplacement), mais quelques lourdeurs (scènes avec les esprits). La partition de James Newton Howard est impeccable, délaissant un peu les mélodies cristallines aux violons pour un orchestre plus imposant, tout en restant en symbiose avec son réalisateur.
Un mot sur la 3D, complètement accessoire (sauf dans les premières minutes – sans doute créées pour l’occasion), mais comme d’habitude, c’est une volonté des studios, imposée aux créateurs.
Au final, Le dernier maître de l’air est un blockbuster estival agréable, qui prend place dans un univers que je voudrais mieux connaitre (le premier film est l’adaptation de la saison une, sur trois, de la série animée). Sans être renversant, le casting est sympathique, et l’aspect technique est quatre étoiles. Reste qu’il faudrait donner plus de temps d’écran, éviter un montage à la tronçonneuse, pour ainsi mieux aborder la psychologie des personnages, développer leurs relations, et le voyage guerrier passionnant, qu’ils accomplissent !