Super 8 : La Critique du film + VOTRE AVIS !

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[Critique, ou plutôt impressions sur le film à froid, après une projection organisée par le Club 300 d’Allociné il y a un mois.] Super 8, le super-film de J.J. Abrams est enfin sur les écrans français. Il donc temps pour chacun de donner son avis… à commencer par moi !

A la fin des années 70, une bande d’ados tourne en super 8 un film de zombies près d’une voie ferrée. Ce qui ne devait pas arriver arriva : un convoi de trains déraille et explose sous leurs yeux. Mais le plus impressionnant reste encore à voir, puisque une chose s’échappe d’un des wagons, provoquant dans les jours qui suivent d’étranges événements dans une petite ville d’Ohio… Le plus incroyable dans Super 8, ce n’est pas son mystère, mais le talent de J.J. Abrams. En quelques minutes, il plante le décors (un coin perdu dans la campagne américaine), une atmosphère (les seventies) et rend attachant tout un groupe de personnages. Et sans presque un gramme d’action ou d’effets spéciaux. Avec son jeune casting jamais tête à claque et toujours juste, le réalisateur fait d’abord exister des personnages. Je voudrais vraiment insister sur ce point : Joe et tous ses camarades sont tellement bien écrits que l’on ressent immédiatement de l’empathie pour eux. La carrière télévisuelle d’Abrams y est sans doute pour beaucoup, et il utilise toute son expérience des séries TV pour son film. D’une certaine manière, Super 8 est un anti-Cloverfied, un film où les relations humaines occultent complètement le mystère du monstre, et qui brille avant tout par la caractérisation de ses héros, simples et touchants.

N’ayant pas grandi à la fin des années 70, je ne vais pas me lancer dans une appréciation de la recréation de l’époque. Je pourrais seulement dire une chose : on sent quelque chose de différent. C’est très difficile à expliquer, mais certains films réussissent à nous transporter ailleurs (temps ou espace), et Super 8 est l’un de ceux-là. Le premier mot qui me vient à l’esprit est « charmant ». Pas dans le sens négatif, mais dans le sens émerveillé, avec des personnages sympathiques, une absence de violence, une certaine innocence que l’on ne retrouverait si le film s’était déroulé de nos jours. Toute l’introduction du film et la première heure est parfaite. Je suis plus réservé sur la suite. Bien mieux que Jon Favreau sur Cowboys et Envahisseurs, J.J. Abrams sait faire monter la pression, en dévoilant son mystère par petites touches, et même en provoquant quelque fois un sursautement. Mais à partir du moment où il dévoile clairement la chose, le film bascule.

L’amateur d’explosions (deuxième en partant de la gauche) serait-il
un clin d’œil à Michael Bay enfant et à son cinéma ?

Pendant tout le début, nous sommes presque bercés par une époque et une atmosphère. Et tout d’un coup, les données changent. J.J. Abrams régurgite son Manuel du parfait Spielberg – Chapitre 1941 : E.T. et l’intrigue devient… prévisible. A trop vouloir rendre hommage à son maître, le film perd de sa force au moment où le numérique et les explications envahissent les esprits, en particulier dans la scène finale. L’émotion est toujours là, renforcée par la partition de Michael Giacchino, mais certaines images sont de trop, comme déplacées par rapport au reste du film.
Malgré son final légèrement décevant, il n’en demeure pas moins que Super 8 est une très agréable surprise, à contre-courant complet des blockbusters de l’été (il n’en est d’ailleurs pas un, avec un budget de seulement 50 millions de dollars). J.J. Abrams prouve encore une fois qu’il est l’un des réalisateurs à suivre. Bien qu’il soit au pays d’Hollywood, il confirme qu’il n’y a qu’une chose de vrai au cinéma : des personnages et de l’émotion. Eh bien mine de rien en 2011, c’est une belle leçon qu’il ne faut jamais oublier, et Super 8 est là pour nous le rappeler de fort agréable manière !

2 COMMENTAIRES

  1. En fait Super 8 n’est pas spécialement un hommage à Spielberg, c’est juste un film Amblin tout ce qu’il y a de plus classique où l’intrigue fantastique a bien moins d’importance que le cheminement des 2 personnages principaux, le père et le fils. Qui, comme dans toute la filmo d’Abrams, se croisent sans se voir ni se rendre compte qu’ils enquêtent chacun de leur côté sur une même affaire et de la même manière (avec ses copains/collègues flics, en se faisant arrêter part l’armée, en se déguisant à un moment donné en militaire…).
    Jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à la toute fin… pour se rendre compte que l’alien, dont on se fiche royalement de tout le film (presque autant que ceux de la Guerre des Mondes pour exemple) partage lui aussi une douleur terrible que le héros seul peut comprendre. Et y acquiert progressivement un relief insoupçonné hors de sa phase « monstre destructeur et mangeur d’homme » (Abrams est l’un des rares quand même à savoir nous offrir de vrais monstre de cinéma).
    Tous décideront d’aller de l’avant en conclusion, sans insister sur un coté larmoyant que le réal a déjà pratiqué de nombreuse fois dans ses précédentes oeuvres. Pas que ça y soit mauvais, mais l’émotion ici est au moins plus contenue chez des personnages qui, dans les années 70, n’étaient pas spécialement plus expansifs (surtout les pères célibataires).
    Les pères et les fils, récurrents chez Abrams. Reviendra-t-il alors sur l’histoire Anakin/Luke dans son prochain Star Wars, ou bien sur une autre « descendance ».

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