Flashpoint Beyond : La critique… le monde de Flashpoint et son Batman vénère ressuscités !

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C’était… beaucoup. Dans Flashpoint Beyond, Geoff Johns – assisté de Jeremy Adams et Tim Sheridan – ressuscite le monde de Flashpoint, cette ligne temporelle alternative née dans le fameux event éponyme de 2011 qui voyait Barry Allen rebooter l’ensemble de l’univers DC Comics après avoir voulu sauver sa mère. Thomas Wayne, devenu Batman suite à la mort de son fils, est donc replongé malgré lui dans cette réalité apocalyptique qu’il pensait définitivement morte et enterrée après avoir aidé Barry à restaurer la réalité. Comment expliquer le retour du monde de Flashpoint ? Et qui est ce tueur en série surnommé l’Horloger ? Le Chevalier Noir mène l’enquête…

A la fois suite de Flashpoint, continuation de Doomsday Clock, leçon sur la structure de l’univers DC Comics et récit complet avec son enquête policière dans les sombres recoins de l’Asile d’Arkham, Flashpoint Beyond est à deux doigts de confirmer l’expression populaire : « Qui trop embrasse mal étreint. » Qu’on ne s’y trompe pas, les nombreuses intrigues qui composent ce récit sont passionnantes ; mais dans un album de 216 pages, elles n’ont clairement pas la possibilité d’atteindre leur plein potentiel et se retrouvent entremêlées avec plus ou moins de bonheur. (Heureusement, la narration est assez linéaire, loin des artifices de Doomsday Clock.) Pour ne rien arranger, Johns nous revient avec un album-événement tous les trois ans, ce qui donne l’impression de suivre une série télévisée avec une attente interminable entre deux saisons. Pour peu que l’on ne vénère pas Alan Moore comme le Messie, les mystères sont accrocheurs et les fils rouges donnent envie de connaître la suite, mais à force de compter sur la patience du lecteur, le risque de le perdre en route est loin d’être négligeable !

Si l’idée de suivre un Batman en mode The Punisher réjouira certains, on apprécie surtout son mantra : « Tout ça ne compte pas. » Persuadé qu’un simple tripatouillage temporel suffira à faire disparaître son monde dans l’espoir de ressusciter son fils, Thomas Wayne est comme un bulldozer lâché dans la nature avec une pensée qui frise le trouble psychotique, saveur physique quantique. En effet, que feriez-vous si vous saviez que le monde autour de vous n’était qu’une illusion ? Quelle vie mèneriez-vous au quotidien ? Dans quel état serait la société ? Grâce à ce Chevalier Noir incapable de mourir – cf. Flashpoint, DC Univers Rebirth : Le badge et DC Infinite : Justice Incarnée -, Johns explore la surface de ces questions. Des questions qui ont malheureusement une limite évidente. Le lecteur sait que la quête de Thomas Wayne pour voir disparaître son monde au profit de la Terre-Prime est vaine, puisque cette dernière existe bel et bien en parallèle, contrairement à l’époque de l’event Flashpoint, où c’était l’une ou l’autre. Or, quand le lecteur en sait plus que le personnage principal, le récit a tendance à devenir un poil frustrant, dans la mesure où le héros s’obstine dans une voie que l’on sait sans issue.

Non content de revenir dans le monde de Flashpoint et de nous donner des nouvelles de certains personnages de Doomsday Clock, Johns essaye également de mettre à plat la structure de l’univers DC Comics. Si des termes comme Divin Continuum, Omnivers, Multivers ou Hypertemps vous font vibrer, Flashpoint Beyond est LA lecture du moment. (#VendrediConfession : C’est mon cas, même s’il faut reconnaître que nous ne sommes pas loin d’une course à l’échalotte cosmique, avec un système de poupées russes qui s’emboîtent à l’infini.) La bonne idée, c’est de restituer au commun des mortels toutes ces notions via une savoureuse scène où un super-héros dont nous tairons le nom est interviewé sur un plateau télé. Oui, l’homme et la femme de la rue ont bel et bien une certaine connaissance des crises qui bouleversent l’univers à son insu ! Ce n’est sans doute pas très porteur, mais il y aurait vraiment quelque chose à creuser autour de cette idée.

La partie graphique de Flashpoint Beyond est assurée par Eduardo Risso, Xermánico, Mikel Janin et Gary Frank. A moins d’avoir l’œil, difficile de différencier les trois principaux artistes à la première lecture, tant les planches s’harmonisent entre elles pour former un tout cohérent. On pourra toujours regretter l’absence d’un seul dessinateur-star pour l’ensemble de l’album, mais si c’est le prix à payer pour éviter des retards à n’en plus finir, on l’accepte volontiers. Pour conclure, Flashpoint Beyond est un récit passionnant de bout en bout – du moment qu’on tolère une certaine dose de « Ta gueule, c’est la magie du multivers ! » – aux ramifications un peu trop foisonnantes. Un récit qui méritera à n’en pas douter une seconde lecture une fois que nous connaitrons les tenants et les aboutissants… mais par pitié, pas dans trois ans !

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23 COMMENTAIRES

  1. Question idiote, si quelqu’un a la réponse : vu que Reverse-Flash a transformé la lettre de Thomas Wayne en confettis dans DC Univers Rebirth : Le badge, est-ce que le moment où Bruce Wayne recolle les morceaux a été montré quelque part ?

  2. Sympa boss de faire des critiques de comics désormais. Très bonne idée, qui fait encore plus honneur au nom du site d’ailleurs 😉.
    Ce serait sympa d’en faire sur des  »déjà sortis », du style  »les grands classics ».
    Pour avoir ton avis, mais aussi pour échanger avec la communauté.

    • 1
      Ou sur des périodes (N52, Rebirth…), auteurs, run, event…
      Merci pour cette analyse Comics, ça fait plaisir 😉
      Je pense que Johns a un plan et désormais de retour de manière régulière, nous devrions savoir très vite vers où il va.
      La boule a neige est la même que celle de Justice Society Of America et le premier chapitre/Volume intitulé The New Golden Age.

      J’ai aimé cette histoire et j’ai adoré les explications sur le Divin Continuum (D.C).
      Je me demandais, quelle est la différence entre une timeline/ ligne temporelle alternative et un univers parallèle.
      Logiquement les ligne alternatives disparaissent à la fin de l’histoire et on ne peux plus y accéder. Sinon tout voyages dans le temps créerait un nouvel univers parallèle permanent….

      Le monde du Flashpoint n’est pas un univers parallèle faisant partie du Multivers, si j’ai bien compris…
      On ne peut pas y aller contrairement aux autres terres.
      Doomsday Clock, Flashpoint Beyond et c’est parti pour la suite : Stargirl Lost Children et Justice Society of America : The New Golden Age

  3. Question idiote 2

    Je n’ai pas lu le comics. Mais vu le film animé 40 fois. Est ce que ce film est canon à ce qui semble suivre en comics (Doomsday Clock et FP Beyond)

    Ou alors le film est uniquement canon au film tel Apokolips War ?

    Merci

  4. J’ai prévu d’en parler avec un des clients de ma librairie (qui a un compte ici, et partagera probablement sa très bonne critique, que je vous conseille fortement).

    J’suis un peu largué. J’ai beaucoup apprécié l’intrigue « classique » (le tueur en série, l’Asile d’Arkham, la quête de Thomas, la suite de « Flashpoint »), mais je commence de moins en moins à accrocher à toutes ces théories méta’ sur le multivers.

    Du coup je ne comprends pas tout. Ce Thomas WAYNE est le même que dans « Flashpoint ». Mais est-ce que c’est aussi le même qui aide Bane dans l’ère Rebirth de Tom KING, et qui se fait briser le dos par lui ensuite ? Et puis j’ai pas tout suivi à ce qu’il se passe dans « DC – Infinite » en ce moment sur le multivers… Donc bon. Lecture sympathique, mais je commence à moins bien comprendre !

    • C’est le même. Mais c’est vrai qu’à partir du moment où on commence un peu à creuser pour essayer de comprendre l’enchaînement entre les différentes histoires…

      Par exemple – et c’est pourtant LA question centrale -, comment se fait-il que Thomas Wayne soit encore vivant après avoir été réduit en cendre par Darkseid ? (Sans doute que le retour de la ligne temporelle Flashpoint ne pouvait pas se faire sans lui, même s’il était mort, donc résurrection rétroactive en abandonnant une vision linéaire du temps. A moins que les Rayons Omega provoquent une téléportation automatique. Mais cela aurait été bien de l’expliquer un minimum.)

      Comment se fait-il que Ra’s al Ghul soit le premier au courant et dispose de toutes ces infos ? Serait-ce lui qui a cambriolé en premier le labo des Maîtres du Temps ? C’est sans fin, il y a toujours plus de questions que de réponses. 😀

      • Effectivement…
        Darkseid le tue, et grâce à la boule a neige et la montre il est renvoyé dans cette univers/timeline?? Ou alors, c’est bien la téléportation, comme avec Bruce dans l’air classique???
        C’est pas clair.
        Est-ce seulement lié au Wayne (Helena dans JSA, Bruce avec le coup fatal de Darkseid et maintenant Thomas??) A voir s’il a prévu d’y répondre le Johns.
        C’est comme ci que le seul moyen pour que Thomas existe/soit sauvé c’est en ramenant le monde Flashpoint. Ça mémoire n’est même pas effacé en +. Normal qu’il croit que tout est faux…
        Mais je pense par contre que désormais il est condamné à y rester.

    • J’ai mis 30 secondes à réaliser que tu parlais de moi Pichon Ronchon 😅

      Merci en tout cas, je suis flatté !

      Anyway, très bonne critique Boss, belle plume, j’ai grave kiffé (davantage que celles des films – que j’aime tout de même hein – peut-être pour l’éventail de vocabulaire plus large et la finesse de l’analyse).

      J’ai beaucoup aimé ce Flashpoint Beyond également (au titre un peu étrange cela dit) mais qui a un statut un peu bâtard, comme je le souligne en fin de ma critique (petite auto-promo si ça ne dérange pas : http://www.comicsbatman.fr/flashpoint-beyond/) : « pas vraiment un récit sur Batman, pas du tout un titre sur Flash, pas non plus une fiction s’insérant dans la « chronologie officielle du Chevalier Noir », pas un one-shot indépendant, pas vraiment lié à une seule œuvre mais à plusieurs petits bouts ici et là… C’est une belle récompense pour les complétistes mais c’est probablement moins enthousiasmant pour les autres. »

      Pour ma part, ce qui m’a laissé perplexe est la toute fin, les deux dernières planches reliées à Doomsday Clock (celles dessinées par Gary Frank donc). Je n’ai plus Doomsday Clock en tête ; je ne me rappelle plus si le personnage à la fin était déjà présentée auparavant et je n’ai pas saisi vers quoi ça ouvrait concrètement ? D’autant plus qu’il me semble que Geoff Johns n’a pas de projet en cours lié à cet univers si singulier qu’il a conçu il y a maintenant plus de dix ans et dont il ajoute des morceaux pas vraiment anticipés j’ai l’impression…

      Au plaisir d’échanger en tout cas ^^

      • Elle est teasée dans deux cases à la fin de Doomsday Clock, dans le dernier monologue du Dr Manhattan (« Chaque jour après l’école, une jeune orpheline nommée Cleopatra Pak se tient dehors, obsédée par l’ascension et la chute d’Ozymandias. À son seizième anniversaire, avec une Bubastis adulte à ses côtés, Miss Pak s’appellera Nostalgia. ») et on la reverra dans la prochaine saga de Johns, The New Golden Age (Stargirl + Justice Society of America). J’imagine qu’elle aura un rôle à jouer quand tout le monde va se disputer le petit Clark Dreiberg.

  5. Cool d’avoir des critiques comics 🙂
    J’ai un peu lâché la « continuité » DC, je préfère me diriger vers le black label qui propose des choses assez sympa
    DU COUP, pour bien saisir tout ce qu’il se passe ici il fait avoir lu
    – flashpoint (évidemment)
    – le badge
    – DC univers rebirth
    – Doomsday clock
    C’est bien ça?

    • Le badge après Rebirth, sinon c’est bien ça (Flahspoint et Doomsday Clock étant les deux incontournables). Après, faut voir si ça vaut le coup de claquer 35 euros pour Rebirth, étant donné que le numéro de Johns doit faire 80 pages sur les 600 de l’album.

  6. La saga initiée par Geoff Johns sur DC m’a bien plus jusque là. Flashpoint – JL News 52 (Forever Evil !) – DC Rebirth – Doomsday Clock.

    Je pensais qu’il en avait fini, d’autant que l’univers DC ne s’est pas arrêté pour lui et enchaîne les crises plus stupides les unes que les autres… là où lui a souvent plus de doigté même s’il a ses ratés de temps en temps.

    En tout cas critique bien sympa et qui donne envie !

  7. Je pense que c’est bien ça le problème, j’adore Batman Flashpoint grâce à l’anime, mais je ne pense pas que je vais me procurer le comics Beyond, parce que : la Continuité.

    Si ça avait été assumé le cas : « vous êtes maintenant un univers alternatif standalone sans les évènements de Flashpoint » ça m’aurait suffit. Mais ils usent toujours jusqu’à la corde un personnage interessant à en devenir lassant (combien de fois son univers aurait dû disparaitre ?)

    • Le problème est qu’il y a trop de divergences créatives au sein de DC Comics. Geoff Johns, Scott Snyder, Bendis, Tom King et j’en passe.

      Entre 2011 et 2016 c’est hyper clair : Johns contrôle la destinée générale de DC de A à Z.

      Depuis 2016 c’est pas du tout clair qui donne le tempo. A tel point que Doomsday Clock s’est retrouvé à un rôle mineur dans la continuité.

      Chez Marvel, c’est quand même plus lisible, et je peux clairement dire sur chaque année depuis 2005 qui est le chef d’orchestre. Mais l’univers est aussi plus facile à gérer car plus stable, sans reboot/crisis intempestif.

      • Doomsday Clock devait se passer dans un futur proche comparé aux autres titres, avant que tous se rejoignent et qu’il y ait des conséquences… si j’ai bien capté 🙂
        Au final, à cause des retards de sortie sur Doomsday Clock, les plans ont changé.

        J’ai l’impression que Johns fait son truc de son côté.
        Thomas disparaît durant le run de Williamson et la suite n’est pas clair concernant Golden Age et Beyond.
        Hors continuité? Elsworld?
        A moins que Johns nous refait le coup comme prévu avec Doomsday Clock a l’époque et que ses plans rejoignent la continuité plus tard?
        D’ailleurs, va t-il nous faire une Young Justice Society avec Stargirl en tête accompagnée des enfants perdus? A suivre.

  8. Encore une fois Geoff Johns profite d’une occasion (la proximité avec le film « Flash ») pour essayer de remettre l’univers DC sur des rails que lui seul considère comme les meilleures.
    On voit bien qu’il a tout à fait compris les bases, à coup d’enquête tortueuse (le côté Detective Comics) servant de fil rouge narratif. Et de concepts spatio-temporels cosmiques, complètement abscons pour qui n’a jamais lu ce genre de SF très ardue… mais qui font tout le sel des mondes DC (pour qui il invente un nouvel acronyme).
    Le résultat est proche de Doomsday Clock, sauf que plus resserré, avec une diversité stylistique harmonisée, et puisant dans un crossover initié par Johns lui-même (avant d’en être en partie dépossédé). Ce qui fait que l’auteur ne crée cette fois aucune opposition, aucune critique si ce n’est par rapport aux autres méga crossovers DC récents, accusés d’aller plus dans la surenchère que dans la profondeur – Dan Didio, Scott Snyder et Joshua Williamson en prennent pour leur grade.
    Tout en plaçant ses propres pions pour de futures intrigues… comme le faisaient ces mêmes scénaristes en fin de compte.

    Plus Batmanien que le premier Flashpoint, reposant sur une impression faussée (puisque c’est Batman, les vrais fans savent qu’il est plus habile que ça), et reifiant la notion de croyance face à la paranoïa : comme dans « Mission Impossible : Dead Reckoning », on nous rappelle que certains plans risqués nécessitent de faire un pari improbable (alors qu’il suffit d’un petit détail pour nous indiquer que tout peut s’arranger).
    Et apparemment, certains mythes sont destinées à émerger (de façon différente bien sûr), même quand un faux départ donne l’impression de tout bouleverser.
    En prime on a droit à de petites révélations (à voir pour ceux qui voudront bien rebondir là dessus en dehors de Johns) et, ironiquement, une fin de Watchmen « pour de vrai », permettant l’unité dont le monde aurait besoin.
    Est-ce un peu trop conservateur, par ailleurs ? Johns s’engage-t-il sur une voie très stricte quand il considère (par la voix de Bruce Wayne plus que par celle de son médecin de père) que l’on ne doit pas avorter ce qui a été engendré, même si ça s’avère difforme et indésirable ? À moins que ça soit une opposition à la Cancel Culture.
    Bien sûr l’histoire ne suggère rien allant trop explicitement dans ce sens… On peut aussi bien extrapoler à partir des vies humaines (ou animales) qui, dans le monde, sont régulièrement sacrifiées et oubliées dans le plus grand dédain.

    Si quelque chose a pu exister pendant un bref moment, et toucher quelques personnes, alors c’est que ça compte…
    Mais ça fait alors de sacrées archives, et on ne sait pas si Johns aimerait quand même effacer certains récits qui lui hérissent le poil. Ou bien s’il les intègre poliment, pour mieux les remettre en ordre ensuite, et ne garder qu’une forme de chaos « structuré » (quand ça déraille, il faut que quelque chose de constructif arrive à émerger).
    Le manifeste continuel d’un auteur qui a dédié toute son inspiration à un univers fictif… Pour mieux le sauver.
    Une tâche sisyphéene et impossible, comptez là dessus.

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